Le concept philosophique de forme résiste aux définitions simples, il semble qu’il soit toujours déployé en rapport aux problèmes de son temps. À la frontière entre la philosophie, les arts et les sciences, différentes traditions formalistes repoussent les limites de ce que les humain·e·s peuvent se représenter et définir. Dans cet épisode, Juan Luis Gastaldi nous parle de la forme, une notion philosophique qui cherche à saisir les articulations entre l’immuable et le changement.
L’image ne peut pas être vue ou interprétée en dehors de son contexte, mais qu’arrive-t-il lorsqu’une image est tant répétée que ses occurrences précédentes deviennent partie intégrante de son cadre médiatique ? Notre invité, Matteo Treleani, théorise ces répétitions et leurs impacts sur l’image, et comment notre mémoire collective est dynamique et affectée par ces interactions récurrentes avec l’archive.
Dans l’ouvrage Ways of Worldmaking, Nelson Goodman présente le concept éponyme de worldmaking, que l’on pourrait traduire par construction de mondes ou fait de « faire monde ». Les mondes sont aussi nombreux que les sources qui les produisent et sont exprimés dans des systèmes symboliques, tels que les discours ou les représentations visuelles. Dans cet épisode, Enrico Agostini-Marchese se réfère à ce concept pour parler de pluralisation de visions du monde, d’inclusivité et de responsabilisation.
Les chercheur·euse·s qui font de l’analyse de manuscrits ont besoin de textes numérisés et traitables par ordinateur. Quand ils ne sont pas disponibles, il leur est nécessaire de recopier ces textes à la main. L’apprentissage automatique accélère grandement ces pratiques, mais de telles méthodes requièrent des exemples générés par des transcripteur·ice·s. Autrement dit, ces techniques ont besoin de données qui ne sont pas toujours accessibles aux chercheur·euse·s. Dans cet épisode, nous traitons de transcription automatique et de données ouvertes, ces dernières proposant une occasion de décloisonner les pratiques scientifiques.
Alix Chagué est doctorante en humanités numériques au département de littérature et de langues du monde à l'Université de Montréal ainsi qu'à l'École Pratique des Hautes Études à Paris. Elle est aussi membre de l'équipe de recherche ALMAnaCH à Inria Paris depuis près de 7 ans, d'abord comme ingénieure puis comme doctorante. Ses recherches portent sur la transcription automatique appliquée aux documents historiques. En 2020, elle a cofondé le projet HTR-United dont l'objectif est de faciliter le partage des données pour l'entraînement des systèmes de transcription. Elle participe également à la création de communautés de pratiques et d'infrastructure pour le développement de cette technologie auprès des institutions patrimoniales et de la recherche en sciences humaines. Ses recherches sont abordées dans son carnet.
Dans cet épisode, Ollivier Dyens présente le laboratoire Building 21 de l’Université McGill, un lieu de recherche atypique, inter- et transdisciplinaire, qui met à l’épreuve le cloisonnement institutionnel des disciplines. Cet espace, dédié aux processus plutôt qu’aux résultats, accueille chaque année une dizaine de boursier·ère·s et d'invité·e·s qui prennent des risques avec des sujets de recherche invitant à la réflexion collective et explorant la porosité des domaines de la connaissance.
Ollivier Dyens est professeur titulaire du Département des littératures de langue française, de traduction et de création de l’Université McGill, et codirecteur de Building 21. Il était membre du Conseil supérieur de l'éducation, de 2011 à 2015, et Premier vice-recteur exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante de l’Université McGill de 2011 à 2015. Ollivier Dyens est diplômé de l’Université de Montréal en littérature comparée, et est l’auteur de Les jardins tordus, La terreur et le sublime, Metal and Flesh, La Condition inhumaine et plusieurs autres essais, monographies et recueils de poésie. Ses recherches portent sur les études posthumaines, le cinéma, la poésie et les cybercultures, et ses créations numériques ont été exposées au Brésil, au Canada, en France, au Venezuela, en Allemagne, en Argentine et aux États-Unis.
« Ça marche, c’est tout », nous dit la publicité pour un smartphone. C’est simple, c’est intuitif. Il n’y a pas à se poser de questions. Le passage au numérique tel que nous le vivons aujourd’hui correspond largement à une délégation généralisée des choix politiques, éthiques, culturels et sociaux à des opérateurs privés qui ont su rapidement proposer des « solutions fonctionnelles » pour à peu près tout. Dans l’essai provocateur Éloge du bug, Marcello Vitali-Rosati prend le contre-pied de cet « impératif fonctionnel » au coeur de la vision du monde dans laquelle les GAFAM nous enferment. Disponible gratuitement en lecture en ligne et en PDF.
Le bug : insecte, dysfonctionnement informatique, blâme porté par un système fautif, que révèle cette notion sur nos paradigmes épistémologiques et socioéconomiques ? Dans cet épisode, nous examinons la place du dysfonctionnement dans nos systèmes sans cesse optimisés pour la productivité.
Qu’est-ce qu'un protocole, au sens scientifique, et à quoi cela sert-il ?
Structure rigide, prescriptive, universelle, ou plutôt vecteur de renouvellement de la recherche scientifique ? Aujourd'hui, nous nous pencherons sur la manière de faire science autrement. Nicolas Sauret présente comment les chercheur·euse·s utilisent la notion de protocole pour penser à plusieurs, critiquer leur propre pratique, et légitimer leurs travaux.
Nicolas Sauret est maître de conférence en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis où il enseigne au département "humanités numériques". Ses travaux de recherches portent sur les matérialités numériques de l'écriture et de l'édition. Il s'intéresse plus particulièrement aux écritures collectives qui se déploient dans l'environnement numérique, et aux dynamiques conversationnelles qui en découlent. Dans une approche de recherche-action, il explore les pratiques de différentes communautés d'écriture -- littérature numérique, communs, universités -- avec et pour lesquelles il co-conçoit des espaces ouverts et partagés d'écriture et d'édition. Ces travaux s'inscrivent dans une réflexion épistémologique sur les modes de production, de diffusion et de légitimation des connaissances dans l'environnement numérique.
L’édition numérique n’est pas que la pratique informatisée de l’édition papier. Les versions multiples et formats divers impliqués dans l’édition numérique peuvent rapidement embrouiller et faire dysfonctionner la chaîne éditoriale. Centrale à ce phénomène, la notion de single source publishing, ou de « publication à source unique », permet de décrire et de repenser les défis liés au versionnement, au partage des épreuves et à la pérennité.
Antoine Fauchié est doctorant en humanités numériques au Département de littératures et de langues du monde à l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la reconfiguration des processus de publication et l’évolution des pratiques d’écriture et d’édition dans le champ littéraire. Il a dirigé et participé à de nombreux projets d’édition numérique, tels que le Novendécaméron et le développement de l’éditeur de texte scientifique Stylo. Ses recherches sont recensées dans son carnet de recherche : https://www.quaternum.net/
Couturières, secrétaires, ouvrières, nombre de petites mains - qu’elles soient l’outil de travail par excellence dans l’accomplissement de tâches répétitives ou dévaluées, ou qu’elles désignent, métonymiquement, celles qui les agitent - ont contribué et contribuent, avec une visibilité variable, au développement de la culture et du savoir. Aujourd’hui, nous explorons le travail invisibilisé dans les modèles de collaboration scientifique et posons la question : «À qui doit-on vraiment la production de la connaissance ?
Margot Mellet est doctorante en Littératures de langue française à l’Université de Montréal en Recherche et Création. Son projet de thèse est consacré au palimpseste comme cadre conceptuel pour définir la fabrique de la pensée. Entre herméneutique matérielle et réflexion sur les configurations techniques du texte à l’écran, sa création explore les possibilités plastiques de la littérature dans les environnements numériques d’écriture. Elle est également membre étudiante du CRIalt (Centre de Recherches Intermédiales sur les arts, les lettres et les techniques), membre du groupe de recherche Comparative Materialities de l’Association Canadienne de Littérature Comparée et coordonnatrice scientifique de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques. Son travail et ses processus d’écriture sont disponibles sur son site https://blank.blue/.
Bienvenue à Σχολή (Skholé) - Théories dysfonctionnelles, une baladodiffusion conçue par la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques, qui explore l’idée que la théorie ne sert à rien, si ce n’est qu’elle a l’avantage de nous fait perdre beaucoup de temps !