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Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
lou dimay
10 episodes
5 days ago
Ce que je vais vous raconter ne se chuchote pas. Ne se hurle pas. Un liquide froid glisse entre mes mains. Je le réchauffe avec mes mots, avec ma voix. Je le réveille. Je m’y baigne pour le rendre vivant. Que la température s’ajuste. Sans choc thermique, cette fois. Je vais vous raconter les morts et les vivants du quotidien. Notre peau tannée au fil des jours, qui soudain se fissure. La chair qui parle avant la voix.
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Fiction
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Ce que je vais vous raconter ne se chuchote pas. Ne se hurle pas. Un liquide froid glisse entre mes mains. Je le réchauffe avec mes mots, avec ma voix. Je le réveille. Je m’y baigne pour le rendre vivant. Que la température s’ajuste. Sans choc thermique, cette fois. Je vais vous raconter les morts et les vivants du quotidien. Notre peau tannée au fil des jours, qui soudain se fissure. La chair qui parle avant la voix.
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Fiction
Episodes (10/10)
Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
au monde j'appartiens

En nappes pleines

Carré de vide

La trame enfile le sens

À l’épiderme

éjection du terreau

De tes mots

Tu flottes en abysse

Vertige

Sens mes mains

Phalanges agrippées

Ton col

Plus large

Que ma mémoire

Accroche moi

Dans le recoin

Là où je me dissous

Lambeau d’être

Incertain

Mes paupières volent en éclat


Je tourne en siphon

Cherche le seuil

L’habitable

Attraction par le

Vide

Ton dos image

Je colle mes paumes

Tes cuisses

Essore ma terreur

Retiens moi


Rapppelle moi

Trouve en moi, ta place

Indélogeable



J’hoquette, sursaute

De rage

Au milieu du typhon

Danse solitaire

J’entends ta voix


De l’autre côté

Du plexiglas


Ma peau s’écorche

Aux brisures

Je tournoie

J’écrase mon enveloppe

Trop lourde


J’existe, par le vide


J’arrime nos poumons à ta voix

Être matériel

Je palpe

Peau. Membres - cheveux

Je tatônne


C’est bien toi


Mon corps d’altérité

Le tien en extension

Une trame

Nous divise

Et je reprise

Les déchirures


Remonte nos peaux

Nos ossatures

Fragiles


raffistole

Leurs immensité

Odeur de paysage

Mondes refuges

Chavirer

Torpeur pleine


Je me love dans nos épidermes

Nos contours me rappelle

Au monde

J’appartiens


Peaux vibrantes

Clarté de nos existences

Calfeutrés

Aux élans caressants

Jouissance du contact

Joie

Douceur de nos

Transpirations

Explosions

Nos êtres

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1 year ago
1 minute 48 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Plus large que nos langages

Je me jette dans le langage comme on se jette à l’eau

Oripeau de corps-peau

Accueillir l’écume au large du bois flotté

Je danse une mère salée qui pique à mes souvenirs

Source qui berce, mes sens naviguent

Elle monte doucement la vague en moi

Jambes cotonneuses

Poitrine qui trésaille

Ondes de choc, alvéoles gonflées

La main s’agite

Reflux d’instants

La peau s’étire encore

Trop grand, trop fort

Quel océan accueillera nos larmes


Derrière les draps, l’enfant rêve

Tentures de coton serré

Exploratrice de la maison

Baignoire refuge aux flots menaçants

Tissage de textures fluides

Cape d’invisibilité


Elle lève son ancre

S’éloigne de la surface

Vague, vague sur son dos

Colonne liquide

Elle est aqueuse, devient frisson

Contour du monde

Sa peau contient tous les peuples

Accueille ses multiples silhouettes

Je plonge

Rides d’autres visages

Souffle des abysses

Plus froid que la terre sous mes ongles

Je n’ai plus d’épaisseur, de pesanteur

Je touche le fond au plat de mes paumes

Le monde en haut s’estompe

Passage vers l’indicible

Je coule en piqué, mes jambes pleines

Mouvements lisses m’enfoncent

Alliées de la descente

Ruines et reines des mers

Scintillements protecteurs, traces dans le sable

S’engouffrer


Je te retrouverai

Ta voix à mes oreilles

Je suis brise et caverne

Chavire l’ample nappe bleue

Je suis remous de l’abîme

Ridule qui gonfle

Antre marine où sommeille l’histoire du monde

Mémoires englouties

Corps gonflés de sel

Étoffe nautique, ciel des êtres d’écailles

Plus large que nos langages

Rideau mythique de nos lucidités


Je plonge pour me retrouver

Attraper dans le cratère les mots perdus

Les ramener, ondoyer en surface

Déferler

Propagation d’ondes furieuses

-


Texte écrit lors d'un atelier proposé par Alice Legendre - le 23 juin 2022

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3 years ago
2 minutes 29 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Pas de visage

Je ne veux pas voir le visage de la haine 

Sous les poignées acier 

Sous la colère froide de la domination contrariée  

Je ne veux pas voir leur visage déformé 


La haine dans les dents carnassières 

Posséder l’autre 

Jusqu’à sa vie 

Celle ou celui que l’on a soumis 

Sous son pied, écrasé  


Je veux voir son visage arraché 

à ce fascisme montant, 

vomir de voir la vie réduite à leur croyance 

d’être supérieurs  


Ils n’ont pas de visage 

La nuit les a dévorés 

Ils sont vides 

Banalement, infiniment vides  


Je ne veux rien savoir de leur visage 

Qui me fait hurler de rage 

Que leur mains puissent encore saisir 

le monde, bout de réel  


Vomir ma colère à leur visage 

Le recouvrir  

La colère ne suffira pas 

les emmurer dans la colle, l’acier, le ciment brut 

Les ficeler dans leur propre haine 

Cette puissance noire qui les possède 

Qui détruit tout 

Qui a détruit déjà toute parcelle d’humanité 

Recouverte de cette banale inhumanité  


Je ne veux rien comprendre de ce visage 

Le briser en mille fragments 

Impossible à recoller, reconstituer 

La mort sur leurs jambes 

Qui ne supporte pas de voir la moindre vie en dehors d’eux 

De leur pouvoir  


Je vomis votre visage 

Je l’extirpe de ma propre chair 

Je vous le crache 

Cette part sombre qui veut ma mort 

Je vous la rends

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3 years ago
1 minute 38 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Ecouter ses voix dans les interstices

Tenter d’écrire dans les interstices

Sans savoir combien de temps

S’ouvre ou se referme


Tenter à la minute

L’ancrage intérieur

L’entretien du jardin

Qui réclame

Attend

Aide

M’offre le soutien

De la traversée


Passagère

D’un monde à l’autre

Ici pour remembrer

Les morts


Tisser la mémoire aux vivants

Danser de souffle

Dans la mer et les pieds à terre

Lire dans l’humus

La voix des ancêtres

Qui nous accompagnent


Les chaussures lacées

Aux chevilles

La tempe luisante

Effort impossible

De se hisser

En haut

Du sol

Au plus profond.


Descendre comme on s’élève

S’alléger des peaux multiples

Pour retrouver

L’os dur

Et brillant

Qui chante son histoire

Au creux de notre tempe.


La sirène hurle à nouveau

Le besoin de se relier

Pour hisser au ciel

La perte des espoirs


Les retracer

Dans les nuages


Fumées étincelantes

Que l’on respire

Comme l’on court

Sur une place en coton


Encore l’écume, s’approche


Rie dans nos veines


Brise nos ancres


Pour nous laisser explorer

ce qui ne se laisse pas

dévoiler


le voilier 

cette partie du territoire

encore inhabitée


colonisateurs de l'âme

revenir sur nos pas

pour se rendre attentives

à tout ce que nous avons

laissé passer


milles vies discrètes

présentes toujours

à l'écoute

minimisées 

écartées


le sol et la trame pourtant

de ce qui nous tient


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4 years ago
2 minutes 20 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Devenir refuges

Tends tes mains


là devant toi


garde-les longtemps ouvertes


Mets-y tes espoirs


tes colères


ta peur


tes errements


agacements et étonnements


sursauts et joies


ta tristesse


Concentre-les entre tes mains


dans l’espace ouvert


et invisible


Viens les déposer sur mon cœur, délicatement


comme si tu recousais mon âme


réparais la blessure au creux de l’espace qui manque


Je me glisse au creux de tes mains


m’y réconforte


M’y réfugie


le temps que l’énergie revienne


y puiser une régénération nouvelle


qui crée de l’air


entremêlement d’émotions libres


là au creux de mes mains


où je t’accueille.


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4 years ago
59 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Tu es le sang du monde

Je ne sais pas ce que j’écris

Mais ma main écrit pour moi

Sans que le cœur ne sache à l’avance

Si je ne suis pas là,

c’est que l’âme s’est absentée

Un instant

Sans savoir où elle se loge

Ni comment pourquoi et peu importe

Je suis là

Ce qui compte

Mon cœur sur l’étagère,

Aussi loin que je me souvienne

En état second

Ou premier

Retrouver la source enfin

de mon être absent

Aux choses

Au monde

À la danse infinie

La tête dans le chêne

Au-delà du totem

La volonté même d’exister

Remettre en circulation

À l’épreuve de la vie fuyante

Des êtres non invités

Des anges non parvenus

Toi dans cet entre-deux

De la joie imaginale

De la joie profonde

Du fin fond de l’être qui guide

À quel endroit du corps

Puiser

Plexus solaire de nos vies décousues

Et la mort invisible

Que l’on tue

Ou l’autre pour qu’il revienne à la vie

C’est ainsi

Que je danse

Au milieu des tombeaux

Dans l’entre-deux du silence

La transe

Inconditionnelle et magique

La possibilité d’une salutation au vivant

Danser plus fort

Respirer à perdre haleine

Danser encore

Tu sais que tu es là

par la présence immense

du regard de l’intérieur

Ce regard envahissant

Relégué au dehors

Dans l’ailleurs où je ne suis pas

Là tout en bas

Dans l’obscurité brillante

Amusante car finie

Enfin le cycle reprend

La danse qui traverse

L’âme pleine de surprise

dans l’eau

et l’écume

La perte de la peur

Sa substance ensevelie

Du fin fond du corps

qui vise la finitude

de ce qui ne donne plus la joie

Dans le refuge assez profond de la gorge

Parler par leur bouche

Asséchée de ruines, de sève

Et pourtant je suis si seule

Et si entourée de ces rires lumineux

Enveloppée, le repli

Dépliée, développée

Amulette cousue de mille visages éparpillés

Qui se rassemblent pour danser

La famille recomposée

Les membres recousus

La chaise qui m’assombrit

Je m’y fond

la dernière statue

De glaise

Je ne sais pas où je suis

Mon corps de lumière

Enveloppé d’herbes hautes

Et le vent

Qui s’engouffre dans l’éternité

De son souffle

Danse infinie

La joie de nos âmes recomposées

L’anéantissement à jamais

est reparti dans les ondes ondulantes

Du vent qui prend la chair comme voile

La voile

Qui m’embarque

Je m’immerge

Je te donne le souffle

Qui me manquait

Je le tisse, l’emballe dans des foulards doux

Je me regarde à nouveau

Être de lumière

Je prends l’air qui me reste

Le ballon, le cerf-volant

Danse danse

Et prends au temps

Ce qui lui manque

Pour le souffle au-delà de l’air

Ma voix-voile

Ma cape d’infinité

Me porte sur le dos des goélands

Chouettes de mer

Qui protègent la destination inconnue

Seuil de nos méandres infinis

Je ne suis plus un être de chair

Je vogue ailleurs

Éternelle capture rendue impossible

Par l’immensité de nos bras

Qui tiennent nos élans

Je ne connais plus ce que je suis

La vague sera mon voilier

Je ne regarderai pas l’eau

La laisserai passer

Entre mon cœur et mon âme

Pour en boire toute l’étendue

Inconnue je deviens à moi-même,

j’embarque

(...)

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4 years ago
8 minutes 10 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
"Humus entre les morts" : performances ASMR de voix imaginales

#ASMR #autohypnose #voixentendues #imaginal #hypnographie Nous entendons continuellement des voix mais nous ne leur prêtons jamais d'attention. Avec la conversation écologique (ou "autohypnose"), nous nous donnons enfin les moyens de les accueillir. L'ASMR - la texture narrative et sonore des objets - illustre cette traversée, l'accompagne et la provoque. Ce travail est une collaboration entre lou dimay et Marc Jahjah, chercheur.cheuse, ami.e et entendeur.seuse de voix.

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4 years ago
14 minutes 48 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
La ligne à tracer
L’éclat dans ma peau lézardée je glisse doucement La peau du cercle retourné en son milieu me plante des pieds à la bouche cette voix qui manque plonger encore l’élan, le souffle revenir au monde nouvelle forme, autre langage peau distendue, respirante humus humide et collant sur le corps, l’âme brèche des vivants desséchés je suis partie à ta recherche j’ai descendu les marches je suis tombée souvent rattrapée la rampe pleuré de peurs, de terreur, de joie Mangé mes larmes une à une les cris qui sortent par mes oreilles je deviens seuils voix de traverse lignées recousues en nous l’innommable le trou béant mémoire rafistolée pans qui pendent s’envolent Remembrement de ficelles et de trames récits de peaux, de folies et d’élan de joie puissante Cet immense rire qui prend le corps une vague, un tremblement, vibration géante qui retourne le monde paillettes oubliées étincelles soufflées, revigorées, éclatantes gratitude d’être encore en vie pour avoir pu toucher cette peau-là La colère s’engouffre en puissance dans la joie refuse ce jeu de la terreur dans nos corps au plus profond dernier sursaut mourir plutôt que de laisser l’impuissance coloniser ses veines, notre colonne et ses pores lui déchirer les yeux ne plus la laisser nous écraser de honte d’exister La joie revient au creux de l’aine partir dans un cri infini nous ne sommes pas seules à puiser cette force souterraine La terre s’ouvre des milliers de volcans n’en peuvent plus richesses inconnues qu’il faudrait cacher, planquer, comme nos corps, nos âmes et nos jouissances nous hurlons plus fort dans un cri de joie immense Nous voilà du corps en bas, au plus profond monte une force, une détermination que l’on a voulu exterminer La vie non éthérée, puissance de nos vies indomptables impossible à confisquer même dans la mort. Cette vie je sais ceux qui la prenne je connais l’anéantissement le porte dans ma chair pétrie de femmes et de fantômes ma lignée habite le dedans dehors de mon monde et du vôtre. Vie de survivante, complément d’âme offert pour raconter avant qu’à mon tour je m’éteigne leurs voix dans la mienne je tisse, je couds, je répare soigne et témoigne raconte et raffistole fabule et lance au monde un récit de guérison des mots, briques de paille et bulles recouvrent le linceul du semis pour une terre compostée je me retourne le visage regarde en dessous le masque et le suivant toutes ces épaisseurs de silence qui ont presque éteint nos voix mais la brèche, la faille, le vent et nos cris nos histoires un feu qui reprend au cœur de nos anéantissements Je me relève mes racines dansent rejoignent le cœur du sol sur lequel personne ne marche impunément celui de la mémoire qui nous tient de la peau qui fait seuils espoirs, nos rêves danses irréelles qui restent dans la lymphe les tissus s’agencent, s’étirent et se resserrent mouvement immobile et le vent. Je pense à toi, Jeanne. Soigner le sol, l’aérer laisser les âmes partir raconté leur histoire criée leur colère pleurés leurs regrets confiées leurs dernières volontés aux vivants Nous les nouerons autour de notre cœur avec la joie de la ligne à tracer.
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4 years ago
3 minutes 50 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Ce que je vais vous raconter

Ce que je vais vous raconter ne se chuchote pas. Ne se hurle pas. Je veux vous raconter comment en silence, nous tombons. Un liquide froid glisse entre mes mains. Je le réchauffe avec mes mots, avec ma voix. Je le réveille. Je m’y baigne pour le rendre vivant. Que la température s’ajuste. Sans choc thermique, cette fois.

Je vais vous raconter les morts et les vivants du quotidien. Notre peau tannée au fil des jours, qui soudain se fissure. La chair qui parle avant la voix. Le bleu qui devient profond autour de soi et en soi, après la décoloration.

Je vais vous raconter l’anesthésie, le somnambulisme, la douleur et le réveil brutal, à la vie. La vie fulgurante qui fait bouillir le sang. Tout cela en silence. Invisible. Si l’on n’y prête pas attention.

Je vais vous raconter la chute, le sol dur et les muscles tendus à nouveau.

Se relever, sensible. Laisser les boulons, le métal et l’indifférence à terre.

Je prends mes fils, parfois serrés, parfois lâches, et je tisse de mes mots cette histoire qui déjà m’échappe pour rejoindre le monde.

Voilà, je pose ici ma voix, au milieu des vôtres.

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4 years ago
1 minute 24 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Devenir étincelles

Ecrire ce qui vient à l’esprit, mettre la main et l’âme en liens.

Se laisser parler par la main, lien aux voix vulnérables de la tête et du cœur, celles qui ont du mal à se faire entendre, et pourtant ont tant à dire.

Une voix me dicte : que je suis faible, seule, isolée, triste. Une autre s’insurge, je suis là, je m’approche de ce qui m’importe, je laisse les émotions passer, circuler, me guider, je suis. Nous ne sommes pas seul.es. Le cœur qui bat plus fort, sentir que l’on approche, en chemin vers là où nous sommes. Sentir que ce qui nous en éloigne a de moins en moins la prise.

Que nous ne laisserons pas d’autres parler plus fort, nous rappeler à leur ordre à eux, nous sommes bien en ordre, agencées, notre ordre, nos importances, hors enjeux de contrôle, domination, assignations.

Rester là, bien droite, la colonne vertébrale réparée, à coups de boulons en titane, les genoux pansés, la voix enroulée de chaleur, pour ne plus devenir aphone, la peau tendue à l’air qui circule, les poumons ouverts. 

Je suis là.

Je ne pars pas.

Je viens.

Enfin.

Je me préparai mais j’étais celle qui m’empêchait aussi, par les loyautés, les fidélités, les terreurs, le manque de reconnaissance à vif.

Comment savoir, seulement être sûre que j’existe ?

Tu existes. Tu m’existes.

Tu es là.

Et les ami.es rencontrés qui disent « sois ce que tu es ».

C’est tout. Ce qui permet de lâcher. D’être.

Tout est déjà là, devant soi, avec soi, en soi.

Les voix, les forces, les attractions, guides intérieurs, la sagesse profonde, la connaissance de soi-même, par coeur et par âme, qui attend et demande que l’on écoute.

Qui parfois hurle par le corps. Hurle, hurle et hurle encore. Nous cloue au sol pour qu’on l’entende, pour qu’enfin on s’arrête. Je m’arrête.

Parfois on se relève et on s’éloigne à nouveau, loin d’elle, de cette voix vitale.

Entendue un instant. Silenciée à nouveau. Parce que c’est trop.

Trop à délier, désaliéner, supporter

trop tôt

trop à dire, vomir, nausée

trop à être, hors du familier, des habitudes

trop à perdre et on croit qu’on se perdra soi aussi. Plutôt que de se retrouver.

Mais le monde nous interpelle. Crie à la fin de l’innocence.

Sois ce que tu es, ici, maintenant

car d’autres font sans cesse de toi ce que tu n’es pas – matraitance -, ils ne cesseront jamais.

Jamais.

Parfois je voudrais pouvoir crier, sur les toits, dans vos oreilles, dans les miennes.

Reviens ! Ne pars pas !

Nous sommes là. Nous pouvons être là.

Et la vague nous emporte à nouveau. Le corps chute encore. Le souffle s’étiole.

Il revient parfois, il suffit d’un contact étincelant qui nous rappelle à la vie. Nous revenons à nous. Après le vertige.

Je reviens à moi quand je me lie à toi.

Je reviens à ce que je suis.

Je garde mon âme.

Je lui dis, « c’est bon, tu peux revenir », j’ouvre la porte de ma poitrine en grand, je vais chercher l’enfant terrifiée derrière les tissus.

Et je lui murmure, « viens avec moi, tu es en sécurité maintenant. Viens, ils ne te feront rien, ils ne sont rien face au monde que tu portes. »

Remise au monde, ne te cache plus, la terreur d’hier n’est pas la tienne.

La sidération accrochée, je la lessive, je la nettoie avec vigueur, acharnement.

Je laisse apparaître la joie recouverte. Je reprends mes membres un par un, je les recouds, les tisse à mon corps, à ma mémoire, à mes sensations, au souffle du vent. A la rage, à la colère.

Se remettre sur pied pour lutter et chanter. Ne plus se laisser abattre.

Ecouter la petite voix, là, celle qui murmure. Battre les pensées tristes en retraite.

Mon combat intérieur est celui du monde. Le monde traverse mon corps. Mon corps est un champ de lutte (...)

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4 years ago
4 minutes 50 seconds

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées
Ce que je vais vous raconter ne se chuchote pas. Ne se hurle pas. Un liquide froid glisse entre mes mains. Je le réchauffe avec mes mots, avec ma voix. Je le réveille. Je m’y baigne pour le rendre vivant. Que la température s’ajuste. Sans choc thermique, cette fois. Je vais vous raconter les morts et les vivants du quotidien. Notre peau tannée au fil des jours, qui soudain se fissure. La chair qui parle avant la voix.