
Je ne sais pas ce que j’écris
Mais ma main écrit pour moi
Sans que le cœur ne sache à l’avance
Si je ne suis pas là,
c’est que l’âme s’est absentée
Un instant
Sans savoir où elle se loge
Ni comment pourquoi et peu importe
Je suis là
Ce qui compte
Mon cœur sur l’étagère,
Aussi loin que je me souvienne
En état second
Ou premier
Retrouver la source enfin
de mon être absent
Aux choses
Au monde
À la danse infinie
La tête dans le chêne
Au-delà du totem
La volonté même d’exister
Remettre en circulation
À l’épreuve de la vie fuyante
Des êtres non invités
Des anges non parvenus
Toi dans cet entre-deux
De la joie imaginale
De la joie profonde
Du fin fond de l’être qui guide
À quel endroit du corps
Puiser
Plexus solaire de nos vies décousues
Et la mort invisible
Que l’on tue
Ou l’autre pour qu’il revienne à la vie
C’est ainsi
Que je danse
Au milieu des tombeaux
Dans l’entre-deux du silence
La transe
Inconditionnelle et magique
La possibilité d’une salutation au vivant
Danser plus fort
Respirer à perdre haleine
Danser encore
Tu sais que tu es là
par la présence immense
du regard de l’intérieur
Ce regard envahissant
Relégué au dehors
Dans l’ailleurs où je ne suis pas
Là tout en bas
Dans l’obscurité brillante
Amusante car finie
Enfin le cycle reprend
La danse qui traverse
L’âme pleine de surprise
dans l’eau
et l’écume
La perte de la peur
Sa substance ensevelie
Du fin fond du corps
qui vise la finitude
de ce qui ne donne plus la joie
Dans le refuge assez profond de la gorge
Parler par leur bouche
Asséchée de ruines, de sève
Et pourtant je suis si seule
Et si entourée de ces rires lumineux
Enveloppée, le repli
Dépliée, développée
Amulette cousue de mille visages éparpillés
Qui se rassemblent pour danser
La famille recomposée
Les membres recousus
La chaise qui m’assombrit
Je m’y fond
la dernière statue
De glaise
Je ne sais pas où je suis
Mon corps de lumière
Enveloppé d’herbes hautes
Et le vent
Qui s’engouffre dans l’éternité
De son souffle
Danse infinie
La joie de nos âmes recomposées
L’anéantissement à jamais
est reparti dans les ondes ondulantes
Du vent qui prend la chair comme voile
La voile
Qui m’embarque
Je m’immerge
Je te donne le souffle
Qui me manquait
Je le tisse, l’emballe dans des foulards doux
Je me regarde à nouveau
Être de lumière
Je prends l’air qui me reste
Le ballon, le cerf-volant
Danse danse
Et prends au temps
Ce qui lui manque
Pour le souffle au-delà de l’air
Ma voix-voile
Ma cape d’infinité
Me porte sur le dos des goélands
Chouettes de mer
Qui protègent la destination inconnue
Seuil de nos méandres infinis
Je ne suis plus un être de chair
Je vogue ailleurs
Éternelle capture rendue impossible
Par l’immensité de nos bras
Qui tiennent nos élans
Je ne connais plus ce que je suis
La vague sera mon voilier
Je ne regarderai pas l’eau
La laisserai passer
Entre mon cœur et mon âme
Pour en boire toute l’étendue
Inconnue je deviens à moi-même,
j’embarque
(...)