Stéphane Grumbach directeur de recherche à l'INRIA membre du projet GEODE qui traite de la géopolitique de la datasphère et enseignement à Science Po et auteur de "L'empire des algorithmes".
Les implications des technologies de l'information se voient au niveau individuel, il suffit de prendre le métro pour voir tout le monde absorbé par son smartphone, mais également au niveau international : les rapports entre les états ont changé. Il y a également une opposition typique du numérique qui se joue entre d'une part la concentration des informations et d'autre part la distribution (au sens informatique distribuée) des informations. Entre Charybde et Scylla, nous discutons aujourd'hui de cette révolution virtuelle.
Yeny Serrano est Maîtresse de Conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université de Strasbourg membre du laboratoire LISEC (laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l'Education et de la Communication), également Membre de la Chaire Unesco pratiques journalistiques et médiatiques.
Que les nouvelles technologies de l'information et de la communication aient changé le paysage médiatique n'est une surprise pour personne aujourd'hui. Dans cet épisode nous discutons de deux thèmes particuliers, la communication durant un conflit et le traitement médiatique de problématiques scientifiques, au travers de deux exemples récents qui ne sont pas forcément ceux auxquels on pourrait penser. Alors que la guerre continue en Ukraine et que les séquelles de la crise du COVID se font sentir tous les jours nous abordons ces sujets tangentiellement au travers de la guérilla en Colombie et de la géothermie en Alsace.
Pour approfondir les sujets discutés dans cet épisode.
Sur la géothermie:
Sur la Colombie:
Édouard Jolly est chercheur en théorie des conflits armés et philosophie de la guerre à l'IRSEM
L'actualité vient de nous le rappeler de manière frappante : la guerre n'est pas l'exception. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont des implications dans ce domaine comme dans tous les autres. Peut être plus que dans les autres domaines. Quel est l'importance de la technologie dans les conflits ? Du champs de bataille aux réseaux sociaux, du virtuel au réel, de la violence à la diplomatie, ce sont tous les niveaux et toutes les échelles que les TIC modifient dans notre manière d'aborder la guerre.
Quelques liens en rapport avec la discussion
- Sur la guerre et l'ascension aux extrêmes : Edouard Jolly (éd.), « Achever Clausewitz ? De l’horizon apocalyptique de la guerre », Les Champs de Mars, 2019/2 (n° 33), p. 155-212 :
- Sur la désinformation russe : Maxime Audinet, Russia Today (RT) : un média d’influence au service de l’État russe, Paris, Presses de l'INA, 2021 :
- Sur les guerres de l'information : Céline Marangé et Maud Quessard (éds.), Les guerres de l'information à l'ère numérique, Paris, PUF, 2021 :
- Sur les vulnérabilités des réseaux électriques, Angélique Palle, « Vulnérabilité et protection des réseaux électriques, approches comparées Union européenne - États-Unis », Note de recherche IRSEM, 62, 2018 :
- Sur le droit international appliqué aux opérations dans le cyberespace (doctrine française) : https://www.defense.gouv.fr/content/download/565895/9750877/file/Droit+internat+appliqu%C3%A9+aux+op%C3%A9rations+Cyberespace.pdf
- Sur l'intelligence artificielle, voir le site de l'entreprise Numalis : https://numalis.com/
Laurent Muchielli est directeur de recherche au CNRS (Centre Méditerranéen de Sociologie, de Science Politique et d'Histoire) est spécialiste des questions de sécurité. Il vient de publier "La Doxa du COVID" aux éditions Eoliennes.
Les technologies de l'information et de la communication ont changé notre rapport à la sécurité. Que ce soit d'un point de vue personnel, nous avons accès à plus d'information en temps réel, ou sociétal, en mettant en place une surveillance des déplacements lors d'épisodes de confinement, on voit bien l'importance centrale qu'ont ces technologies. De même le rôle de tout un chacun à évolué : le smartphone sert aussi bien à surveiller qu'à être surveillé. C'est toute la sphère sécuritaire qui a été impactée et dont nous parlons dans cet épisode.
Liens en référence avec le podcast:
Baptiste Kotras est chargé de recherche INRAE au laboratoire LISIS / Université Gustave Eiffel
L'opinion publique est une chose mystérieuse. Son existence est indéniable mais en même temps cela reste un concept très abstrait. Sa formation et son évolution sont encore plus étrange. Les nouvelles technologies de l'information n'ont pas arrangé les choses mais plutôt ajoutés en complexité. Nous discutons dans cet épisode des évolutions que nous pouvons observer.
David WIttmann est Professeur agrégé de philosophie à l'INSA de Lyon et au laboratoire IHRIM de l'ENS de Lyon. Il est spécialiste de la Philosophie allemande des 18 et 19°, de Hegel mais aussi de Philosophie des sciences et des techniques, de l'IA et de la science des données.
Avoir accès à toutes les informations du monde à partir d'un simple smartphone est une des merveilles que nous offre les nouvelles technologies de l'information. Cela peut aussi donner l'impression qu'on sait plus de choses qu'on ne le croit. De manière plus générale cela change notre rapport à la connaissance et à sa construction. De même la science des données peut donner l'impression de produire des certitudes qui ne sont pas aussi établies qu'elles apparaissent. Et quand ce sont des algorithmes qui sont utilisés dans des cours de justice, par exemple, on commence à toucher du doigt comment cela peut être à l'origine d'évolutions importantes de notre société.
Mathieu Delaplace est délégué à la région Auvergne-Rhône-Alpes pour l'ANSSI.
La cybersécurité n'est pas qu'un champs de recherche en informatique. Dans notre société numérique tout un chacun y est confronté quotidiennement. Ce domaine qui n'existait tout simplement pas quelques décennies auparavant est maintenant l'affaire de tous.
Nous abordons aujourd'hui les aspects institutionnels qui lui sont liés. Quelles sont les structures gouvernementales qui gèrent cette activité, qu'elle est leur périmètre et moyen d'actions sont quelques unes des questions que nous abordons dans cet épisode.
Liens en rapport avec les sujets abordés durant la conversation:
Arthur Breitman est un des fondateurs de Tezos une plateforme décentralisée permettant le développement de contrats intelligents. La startup ayant connu le plus grand succès durant les dix dernières années est sans contestation possible BitCoin. Le domaine des crypto monnaies est maintenant bien connu, à défaut d'être bien compris, du public. Nous discutons dans cet épisode des défis technologiques, institutionnels et sociétaux que posent la finance décentralisée, les contrats intelligents et les Non Fungible Tokens. A cheval entre informatique, cryptologie, finance et économie c'est un tout nouveau domaine intellectuel dont on commence simplement à apercevoir les contours.
Portail de la fondation Tezos : tezos.foundation
Maël Lemoine est Professeur de philosophie à l'université de Bordeaux dans le domaine de la philosophie de la médecine.
Notre société présente une tendance lourde à la spécialisation. A son origine la philosophie était vue de manière très générale, les mathématiques et la physique en faisaient partie intégrante. Au fur et à mesure des avancées dans les sciences, les activités scientifiques et philosophiques ont divergé. Nous discutons dans cet épisode d'une proposition d'utiliser les outils philosophiques à l'intérieur des sciences pour produire des résultats scientifiques. Nous abordons également la question duale de savoir en quoi les nouvelles technologies de l'information peuvent avoir des répercussions dans le champs de la philosophie.
Claire Peltier est Professeure adjointe au Département enseignement et apprentissage de la Faculté des Sciences de l'Education de l'Université Laval (Québec) et chercheuse associée à l'Université de Genève
L'enseignement est sûrement le domaine qui a le plus été impacté par les nouvelles technologies de l'information mais aussi par la crise sanitaire actuelle. L'apprentissage à distance est devenu, contrain et forcé, la norme. Nous discutons dans cet épisode des implications de cette transformation massive et brutale. De la manière de transmettre la connaissance à sa réception tout en passant par son évaluation nous passons en revue les évolutions récentes et partageons autour des expériences que nous vivons tous actuellement.
Christophe Gauthier est professeur d'histoire du livre et des médias contemporains à l'Ecole Nationale des Chartes.
Tout le monde est aujourd'hui un peu metteur en scène de cinéma. Entre autre avec la démocratisation des smartphones il est devenu possible d'enregistrer, de faire des montages et de diffuser mondialement ses propres créations. La technologie a des impacts profonds sur la consommation, la production et la diffusion culturelle. Nous discutons dans cet épisode de différents aspects liés à ces changements et voyons comment cela peut être mis en perspective à la lumière de l'histoire des deux derniers siècles.
François-Xavier Coudert est Directeur de recherche au CNRS à l'Institut de Recherche de Chimie Paris et professeur à l'ENS/PSL. Il travaille notamment sur le thème de la simulation à différentes échelles partant du quantique pour aller au niveau mésoscopique sur des propriétés physiques et chimiques des matériaux poreux.
Tout le monde utilise aujourd'hui un ordinateur. On en voit les implications sociétales tous les jours. Nous abordons dans cet épisode la question de l'influence des nouvelles technologies dans le domaine scientifique. De la communication des résultats, à l'utilisation de techniques de fouille de données en passant par la simulation, ce sont toutes étapes des sciences naturelles, traditionnelles comme la physique, la chimie, l'astronomie ou la biologie, qui sont impactées par les nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Alexandra Elbakyan est mondialement connue comme étant la fondatrice du projet Sci-Hub.
Nous discutons dans cet épisode du projet Sci-Hub et de comment il a évolué dans le temps. Quoiqu'on en pense, ce projet a révolutionné la communication scientifique et ce sont aujourd'hui plusieurs millions d'articles scientifiques qui sont quotidiennement téléchargés de cette manière. On peut soutenir que ce projet a plus fait pour la diffusion de la connaissance scientifique que toute autre plateforme existante.
Cet épisode a été enregistré en anglais traduit du Russe par Sergei Grudinin/This episode has been recorded in english translated from russian by Sergei Grudinin.
La transcription de la discussion, révisée par Alexandra, est accessible dans cette page web. / The revised by Alexandra transcription of the discussion can be red on this web page.
Nataliya Kos'myna est en post doc au MIT où elle conduit des recherches sur les interfaces cerveau-machine. Elle a soutenu sa thèse dans l'équipe IIHM du laboratoire LIG
Une simple commande en vente par correspondance sur internet ressemble étrangement à de la magie : la formule magique est remplacée par le numéro d'article, la baguette magique par le clavier, votre compte en banque est un bon indicateur de votre capacité magique, et à la fin un gobelin, ou un livreur UPS, vient matérialiser votre souhait. Ne plus avoir besoin d'utiliser une baguette magique est l'apanage des plus grands sorciers. C'est le sujet de notre discussion du jour : où en sommes nous des recherches concernant les interfaces cerveau-machine ? Que nous apprennent ces interfaces quand à notre psychée ? sont quelques une des questions que nous abordons.
Eva Sandri est enseignante-chercheuse en science de l'information et de la communication à l'université Paul Valéry Montpellier 3. Elle vient de publier début octobre 2020 "les imaginaires numériques au musée."
Nous parlons aujourd'hui des implications des nouvelles technologies de l'information dans le domaine de la médiation culturelle. Visiter un musée en 2020 ne représente plus du tout la même expérience que ce qui était encore le cas il y a quelques dizaines d'années. Quelles sont les nouvelles perspectives que ces technologies apportent, mais aussi quels sont les mirages qu'elles peuvent faire miroiter sont autant de questions que nous explorons dans cet épisode.
Liens en référence avec la discussion:
Gilles Dowek est directeur de recherches à l'Inria, enseignant à l'École normale supérieure de Paris-Saclay. Il est également membre du conseil scientifique de la Société Informatique de France ainsi que du Comité national pilote d'éthique du numérique. Il est l'auteur de la chronique Homo sapiens informaticus dans Pour la Science.
La crise de la covid19 dans laquelle nous nous trouvons a profondément transformé notre société. Nous discutons dans cet épisode des questions éthiques qu'elle a et continue de soulever, notamment vis à vis des nouvelles technologies numériques. Nous discutons également de questions éthiques plus générales comme notre rapport aux robots par exemple.
Guilherme Carvalho est Maître de conférences dans le département de musique et musicologie de l'université Paul Valéry de Montpellier. La musique est tellement présente dans notre vie de tous les jours qu'on en vient à oublier qu'elle ne sort pas par magie des écouteurs. Nous discutons dans cet épisode des implications qu'ont eu les nouvelles technologies de l'information dans ce domaine. De la production de sons impossibles à réaliser naturellement à la consommation de masse en passant par la diffusion directe entre les créateurs et leur public ce sont tous les aspects de la musique qui ont été impacté d'une manière ou d'une autre.
Voici quelques liens pour illustrer certains points abordés lors de la discussion:
. des reprises et collages "par écrit": Luciano Berio, Sinfonia (1968), 3e mouvement
. des enregistrements comme matière sonore: Bernard Parmegiani, Du pop à l'âne (1969)
. de manière plus radicale, et en soulevant exprès la question des droits d'auteurs: John Oswald, Dab de l'album Plunderphonics (1989)
. une pièce entièrement composée par un ordinateur: Invention (after Bach), partie des Experiments in Musical Intelligence de David Cope.
. Gérard Assayag et Georges Bloch, de l'Ircam, parlent du logiciel OMax, qui improvise avec des musiciens.
. une pièce très fortement formalisée et calculée par ordinateur, mais pas entièrement: Julien Bilodeau, A coups (2004)
. l'un des premiers exemples de son entièrement numérique, en 1961: IBM 7094 joue et chante Daisy Bell. (C'est le premier ordinateur qui a chanté; la célèbre scène de 2001 où HAL est progressivement éteint fait référence justement à cette prouesse technique, encore très récente à l'époque.)
. des glissandos continus dans le 2e mouvement (Fall) de Computer Suite for Little Boy (1968) de Jean-Claude Risset.
. un accéléré continu, aussi de Risset.
Quelques-unes des propres pièces de G. Carvalho (dont plusieurs ont été composées avec l'assistance d'un ordinateur) sont présentes sur sa page soundcloud.
Bruno Patino est Directeur éditorial d'Arte et doyen de l'école de journalisme de Sciences Po Paris. Il est l'auteur de l'essais "La civilisation du poisson rouge : Petit traité sur le marché de l'attention" publié en avril 2019.
Nous discutons dans cet épisode des transformations culturelles au coeur desquelles nous nous trouvons plongé. Les nouvelles plateformes médiatiques ont engendré une culture nouvelle dont une des composantes majeures est l'économie de l'attention : principalement pour des raisons économiques, mais également parce que la technologie le rend possible, ces dernières utilisent des ressorts émotionnels pour mieux nous fidéliser. Le récent épisode de mise en quarantaine n'a fait qu'accroitre ce changement.
Gildas Avoine est professeur d'informatique à l'INSA de Rennes, membre de l'Institut Universitaire de France et directeur du GDR Sécurité Informatique.
La sécurité informatique est un domaine vaste qui s'élargit de jour en jour. Nous abordons dans cet épisode la question de son évolution au cours du temps, et des questions qui se posent actuellement, notamment en ce qui concerne les interactions de plus en plus importantes entre le monde réel et les applications informatiques. Nous discutons également de questions plus prospectives concernant le vote électronique et la cryptographie post-quantique.
Liens relatifs aux différents sujets abordés dans la discussion :
Jean-Gabriel Ganascia est Professeur d’informatique à la faculté des sciences de Sorbonne Université et Président du COMETS, le Comité d’éthique du CNRS.
Nous discutons dans cet épisode des derniers développements en intelligence artificielle qui amènent de nouvelles questions éthiques issues. On peut par exemple penser aux combats de robots qui appellent des réflexions inédites. Nous discutons aussi du fait que l'IA permet d'enrichir la discussion autour du phénomène de la conscience d'un point de vue technique.