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Monde Solidaire • Fréquence Terre
Philippe Boury
175 episodes
9 months ago
La Radio Nature • Info environnement, musiques du monde, ambiance Nature
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Episodes (20/175)
Monde Solidaire • Fréquence Terre
Danielle Mitterrand, une vie de résistance et d’actions
Nous sommes en 1986. Danielle Mitterrand créé la Fondation France Libertés avec une volonté : défendre les droits humains et soutenir la résistance des peuples opprimés à travers le monde.
Depuis, de l’Apartheid en Afrique du Sud au peuple kurde, du Tibet aux différents peuples autochtones, son engagement et ses prises de position ont fait le tour du monde.
35 ans après, la Fondation Danielle Mitterrand rend hommage à l’action de sa fondatrice… 10 ans après sa disparition. Une exposition, un livre et une grande cérémonie le 27 novembre, pour saluer une vie de résistance, et pour mieux construire l’avenir.

* Avec Ludivine Porret, chargée des projets évènementiels à la Fondation Danielle Mitterrand, et Tatiana Caudron, de l’équipe communication de la Fondation

Après les rencontres de début novembre, « Sans transition : utopies et métamorphoses », la Fondation va célébrer plus solennellement Danielle Mitterrand. Ce sera les 26 et 27 novembre, à Cluny, en Saône-et-Loire. Tout d’abord, pourquoi ce choix de Cluny? Qu’est-ce que cela représente ?
« Danielle Mitterrand est une ancienne résistante. Elle s’est engagée à l’âge de 17 ans dans la résistance du maquis bourguignon. Elle a gardé en elle cette envie de lutte, cette envie de résister. C’est quelque chose qui la guidera jusqu’à la fin de sa vie et que la Fondation essaie de perpétuer. Le choix de Cluny s’est rapidement porté pour nous comme une évidence. C’est un endroit qu’elle affectionne tout particulièrement. C’est là où elle a grandi. C’est là où elle repose. Symboliquement, il y a un lien qui est très fort entre Danielle Mitterrand et le territoire de Cluny. Pour nous, cela faisait vraiment sens de faire cet hommage sur ce territoire qui lui est si cher. »
Deux temps forts pour ce week-end. Tout d’abord la projection d’un documentaire, « Danielle Mitterrand, une certaine idée de la France « , ce sera le vendredi 26 novembre. Un film qui retrace les combats de Danielle Mitterrand.
« Il sera projeté au cinéma de Cluny le vendredi 26 novembre à 20h30. C’est un documentaire réalisé par Laurence Thiriat et Thierry Gadault il y a deux ans. Il permet de retracer tous les moments forts de la vie de Danielle et toutes les luttes pour lesquelles elle s’est engagée. Pour nous, c’est important de pouvoir le diffuser pour pouvoir partager ces moments avec le territoire clunisien. On voulait qu’il y ait un moment ouvert simplement aux Clunisois.  Et après, il y a un moment d’échange de prévu avec Gilbert Mitterrand, le fils de Danielle Mitterrand et président de la Fondation. Il sera accompagné de Laurence Thiriat et Thierr Gadault pour compléter les débats et échanges. »
Faire vivre l’esprit de Danielle Mitterrand
Et le samedi 27 novembre, ce sera la grande cérémonie d’hommage, 10 ans après sa disparition, l’occasion de célébrer une vie d’actions. Qu’est-ce qui est prévu ?
« Il y a plusieurs temps forts. Ce sera un après-midi qui va mêler plusieurs interventions, plusieurs témoignages, que ce soit des peuples proches de Danielle, dont elle a soutenu les luttes et les causes, ou des personnes qui lui ont été proches et qui ont défendu son combat. On aura des peuples kurdes, des peuples sahraouis, des Iraniens. Mais nous reviendrons aussi sur son combat pour l’eau et la lutte qu’elle a mené pour rendre le droit à la n...
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3 years ago
8 minutes 19 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
Pour une métamorphose radicale de nos sociétés
La Fondation Danielle Mitterrand a 35 ans. Fidèle à sa volonté de rendre les utopies concrètes, elle nous invite pour l’occasion à sortir de notre zone de confort et à revoir nos façons de penser et d’agir.
Les 5 et 6 novembre prochain, c’est à un week-end de rencontre, d’échanges et d’expérimentations qu’elle nous convie, pour penser la métamorphose radicale de nos société.

* Avec Ludivine Porret, chargée des projets évènementiels à la Fondation Danielle Mitterrand, et Diego Olivares, responsable de la communication à la Fondation Danielle Mitterrand

« Sans transition : utopies et métamorphoses », c’est le titre de ces rencontres organisées par la Fondation. Elle fait le constat d’un « libéralisme qui continue sa domination mortifère. En quoi est-ce mortifère ? Nos sociétés sont arrivées à un cap fatidique ?
« Aujourd’hui, on est dans un système mortifère en raison d’une construction sociétale qui est destructive à plusieurs niveau. On a une crise environnementale, avec une destruction massive du vivant, qui nous pousse à reconsidérer cette relation que nous avons avec la terre qui nous accueille. On a aussi une crise systémique politique, par la montée des systèmes de haine, de domination politique avec des dictatures qui augmentent. Il y a aussi des droits humains qui réduisent de plus en plus, et une crise sociétale avec une augmentations des inégalités, des discriminations, et de plus en plus de conflits. Ce système mortifère cultive une forme de mort, qu’elle soit sociétale ou du vivant. Ce constat pousse à se questionner sur, comment changer notre rapport à l’autre, au vivant, et comment opérer une métamorphose. »
Construire ensemble des communs
Face à cette urgence, il n’y a pas d’homme providentiel ou de solution unique magique. Il faut donc apprendre des uns et des autres, ensemble ?
« Oui. A la Fondation, on essaie de travailler sur un élément de langage qui est celui de la métamorphose. Cela apporte beaucoup d’imaginaire et d’espoir. La métamorphose peut se faire à plusieurs niveau, sociétal, écologique… C’est un nouveau rapport à l’autre, retrouver un peu plus de bienveillance, construire ensemble des communs, construire des choses à long terme qui puissent nous permettre de retrouver un peu de bon sens dans notre manière de vivre au quotidien. Il s’agit de ne pus voir le vivant comme quelque chose qui appartiendrait à l’être humain et utile à sa prospérité, mais plutôt quelque chose où l’on a besoin mutuellement l’un de l’autre. Il faut construire ces dynamiques communes qui font que nous pouvons vivre ensemble. »
Lors de ces rencontres, vous allez mettre en lumière notamment les « utopies concrètes » qui se multiplient et que vous soutenez, en France et ailleurs, au Chili ou au Rojava notamment. Quelles seront ces utopies concrètes et de ces manières de faire communs qui seront présentes lors de ce week-end.
« Je rajouterais utopies concrètes et radicales dans le sens d’aller à la racine des problèmes. Et il y a aussi cette idée de « sans transition » dans le sens où nous avons vraiment besoin de donner vie aux utopies pour enclencher des métamorphoses. Seront présents notamment le lauréat du prix Danielle Mitterrand 2020, Buzuruna Juzuruna, mais aussi un représentant du village guyanais Show more...
4 years ago
8 minutes 31 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
« Chaque citoyen a la responsabilité de déconstruire les violences de la société » (Emmanuel Poilane)
« Coupures d’eau : Victoire des citoyens face aux multinationales« , c’est le titre d’un ouvrage signé Emmanuel Poilane et Jean-Claude Oliva. C’est le récit de plus de quatre ans de combat contre les coupures d’eau et pour redonner de la dignité aux victimes de ces coupures.

* Avec Emmanuel Poilane, secrétaire général de la Fondation Danielle Mitterrand

Est-ce que les relations se sont un peu normalisées entre les usagers et les distributeurs d’eau ? Est-ce qu’elles sont plus à l’écoute, plus conciliantes ?
« Il s’est passé plusieurs choses. La première, c’est que les coupures et les réductions d’eau sont interdites. Les géants de l’eau ont perdu l’arme fatale pour récupérer les impayés. Maintenant, ils sont obligés de travailler sur une dynamique de récupération des impayés via par exemple des prélèvements sur salaire. Donc on est dans un mode normal. L’impayé sur une facture d’eau doit être payé, mais n’amène plus à ce que les gens soient dans des conditions hallucinantes dans leur domicile. C’est la grosse avancée de notre combat. Il y a un autre sujet qui a été très intéressant dans notre combat, c’est quand on a travaillé avec l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA), notamment avec Marie Tsanga-Tabi (ingénieure de recherche). Elle a travaillé avec ses étudiants et a récupéré les bases de données des 1 500 témoignages que l’on a eu. Elle a fait un travail scientifique d’analyse de ces témoignages. Elle a rendu un document qui est accessible sur le site de la Fondation. Ce document explique ce que vivent ces populations pauvres et en quoi la violence mises en œuvre par les multinationales était contre-productive pour tout le monde. A la fin de notre combat, on a pu présenter ce document avec Marie Tsanga, en présence de l’ensemble des multinationales de l’eau et des représentants des régies publiques, pour que les multinationales puissent s’en emparer. Cela a clairement amené une évolution dans le fonctionnement des multinationales. Ces changements ont été très rapides chez certaines, notamment Suez. Elle a été la première multinationale condamnée et a ensuite très vite changer son mode de fonctionnement pour mieux accompagner les problématiques d’impayés. Cela a été plus long pour Veolia et la Saur. Véolia, par exemple, a créé une nouvelle direction, qu’ils appellent le suivi des consommateurs. Cette direction est clairement dédiée à l’accompagnement des familles précaires qui n’arrivent pas à payer la facture d’eau. Je reviens sur quelque chose qui nous avait été dite au démarrage, comme quoi  les coupures d’eau étaient indispensables au modèle économique de l’eau. On se rend bien compte plusieurs années après que ce n’est pas le cas. Les coupures d’eau sont interdites et le modèle économique de l’eau est toujours ce qu’il est, avec ses faiblesses, avec ses forces. Il ne s’est pas du tout écroulé avec l’interdiction des coupures d’eau. »
Le renforcement du droit à l’eau n’est pas encore d’actualité
Il reste encore un combat : celui de faire reconnaitre le droit à l’eau pour tous dans la loi. Les députés avaient entamé le travail avant 2017. Où en est-on depuis ?
« D’un point de vue de communication,
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4 years ago
7 minutes 21 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
Coupures d’eau, la victoire des citoyens face aux multinationales
C’est le récit d’un combat de quatre ans contre les géants de l’eau. Un combat contre les multinationales pour faire respecter la dignité de chacun et pour faire avancer le droit à l’eau en France. Emmanuel Poilane, de la Fondation Danielle Mitterrand, et Jean-Claude Oliva, directeur de la Coordination Eau Ile-de-France, signent « Coupures d’eau : Victoire des citoyens face aux multinationales« , aux éditions 2031,  avec la collaboration de Justine Loubry et Benjamin Grimont. En 140 pages ils reviennent sur le parcours qui les ont mené à une victoire assez inattendue : contraindre les multinationales à respecter l’interdiction des coupures d’eau.

* Avec Emmanuel Poilane, secrétaire général de la Fondation Danielle Mitterrand

Commençons par rappeler les origines de ce combat. En 2012, vous menez un travail sur le droit à l’eau pour tous, cheval de bataille de Danielle Mitterrand. Et c’est là que la question des coupures d’eau s’est présentée à vous.
« La Fondation et la Coordination travaillaient depuis très longtemps sur les questions de « l’eau, bien commun », de la place de l’eau dans la société, de cette ambition du droit à l’eau pour tous, et pas seulement pour ceux qui peuvent payer. Ce sont ces sujets-là qui nous ont amenés à arriver jusqu’aux coupures d’eau. On a notamment porter un plaidoyer très important au moment du Forum mondial de l’eau à Marseille en 2012, juste après la mort de Danielle Mitterrand. C’est cette mobilisation qui nous nous a d’abord poussé à travailler avec un groupe d’une quarantaine d’organisations pour essayer de faire avancer le droit à l’eau en France d’un point de vue législatif. On a travaillé sur un texte, à la fois philosophique et juridique. On l’a proposé notamment à Jean Glavany qui nous a aidé à regrouper un certain nombre de groupes parlementaires à l’Assemblée de l’époque pour porter une proposition de loi devant l’Assemblée nationale et le Sénat afin de faire avancer le droit à l’eau en France. C’est à partir de cette initiative qu’on a découvert la problématique des coupures d’eau, et notamment grâce à Henri Smets qui a écrit un article sur ce sujet disant notamment que le droit à l’eau en France avançait avec la loi Brottes qui venait de passer. On s’est donc rendu compte qu’il y avait un texte qui interdisait les coupures d’eau. On s’est dit, c’est formidable, le droit à l’eau en France avance. A partir de ce moment-là, on s’est retrouvé assailli par tout un tas de familles disant, « nous sommes coupés, vous dites que c’est interdit, comment peut-on faire ? ». »
25 procès gagnés et 1 500 familles aidées
Vous avez donc eu très vite une multitude de témoignages de Français victimes de ces coupures, des appels à l’aide de personnes confrontées, au quotidien, à l’absence d’eau au robinet pendant des mois et des mois.
« Très vite, on a construit un appel à témoignage. Cet appel à témoignage nous amener des centaines et des centaines de témoignages de familles qui n’avaient pas l’eau. On a donc travaillé sur la base de ces témoignages, dans un premier temps plutôt en médiation,
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4 years ago
7 minutes 17 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
Chili : un premier pas vers une nouvelle Constitution
C’est un évènement démocratique particulier que va vivre le Chili le week-end prochain. Les 15 et 16 mai, les Chiliens sont appelés aux urnes. Ils désigneront notamment des maires, des conseillers municipaux et des gouverneurs.
Mais ce scrutin est aussi celui où seront élus les membres de l’Assemblée constituante qui aura pour mandat de rédiger la nouvelle constitution du pays.

* Avec Diego Olivares, chargé de la communication à la Fondation Danielle Mitterrand

Ce week-end, les Chiliens vont donc élire ceux qui auront pour mission d’écrire la nouvelle constitution. C’est le fruit de revendications portées de longue date par la population.
« De longue date, oui. J’oserais même dire que, depuis qu’elle s’est créée en 1980 en pleine dictature sous l’époque de Pinochet, cette même Constitution est restée en place une fois la démocratie de retour au Chili au début des années 1990. Et elle n’a cessé d’être remise en question par la société civile et par les différentes générations qui ont vécu sous l’ère de cette Constitution. Quand a débuté tout le mouvement social en 2019, qui avait été initié par la hausse du ticket de métro de 30 pesos, il est apparu tout de suite une logique qui s’est traduite en une phrase emblématique de ce mouvement social : ce ne sont pas les 30 pesos de la hausse du ticket, ce sont les 30 années de la Constitution au Chili. »
Tourner la page d’une Constitution ultralibérale cadenassée
Derrière cette future constitution, il y a aussi l’idée de mettre un terme à cette constitution de 1980, écrite sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet.
« C’est réellement essayer de tourner la page. Paradoxalement, la Constitution se vend au Chili dans les différents kiosques à journaux. Les gens sont très informés sur la Constitution. Et paradoxalement, c’est une Constitution qui est complètement cadenassée quant à la possibilité la modifier. Ce processus de changement de Constitution ne date pas seulement de ces dernières années. Déjà en 2013, lors son second mandat, la présidente Michelle Bachelet avait initié tout un processus pour essayer de modifier les grandes lignes de cette Constitution. Donc c’est un thème qui est assez récurrent. Il fallait sûrement tout ce soulèvement social qui n’a pas été très facile. Il a été évidemment entouré de beaucoup de violences de la part des forces de l’ordre chiliennes, et freiné ensuite par la situation sanitaire de la pandémie. Donc c’est un processus qui a été très long à mettre en place. »
Cette constitution de 1980 consacrait totalement la vision néolibérale de l’économie et une approche conservatrice de la société.
« Tout à fait. La mise en place de cette Constitution a été largement appuyée par ce qu’on appelait à cette époque les Chicago boys. Ce sont toutes ces politiques néolibérales qui se sont traduites dans cette Constitution qui était assez unique pour l’époque et qui a été après très célébrée par Margaret Thatcher entre autres. Basiquement, elle prévoit un démantèlement du service public et une privatisation de tous les services et les biens communs d’une société et d’un peuple. »
Vers une Constitution paritaire et multiculturelle
Cette future nouvelle constitution est souhaitée par près de 8 Chiliens sur 10. Et elle devrait être réellement innovante.
« Elle a deux aspects très innovants. D’une part, la parité de ses constituants, une parité vraiment effective. C’était un désir de la population et de la société civile à vraiment intégrer un pr...
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4 years ago
7 minutes 14 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
Soutenir la métamorphose qui est en route
35 ans de combat pour un monde plus juste et plus solidaire, 35 ans d’action pour que soient reconnus les droits de tous les peuples…
Aujourd’hui, la Fondation Danielle Mitterrand poursuit le chemin tracé par sa fondatrice et l’adapte à un monde toujours perturbé, plus chahuté.

* Avec Marion Véber, responsable des programmes à la Fondation Danielle Mitterrand

Danielle Mitterrand a toujours eu le souci de donner la voix aux sans-parole, aux sans-papiers, aux sans-terre. Le droit de tous les peuples était au centre de toutes ses préoccupations. Aujourd’hui, est-ce que la Fondation revendique encore cette priorité ? Est-ce toujours le cas, voire encore plus ?
« C’est toujours central. Le droit des peuples, c’est ce qui nous a fait démarrer en tant que Fondation. Donner la voix aux sans voix, cela tenait beaucoup à cœur Danielle Mitterrand. On continue aujourd’hui en mettant en lumière les actions qui sont portées directement par les peuples. A l’époque, on défendait beaucoup les Sahraouis, les Tibétains et les peuples autochtones dans leur recherche d’autodétermination et de respect de leurs droits. Aujourd’hui, c’est toujours d’actualité. Il y a des soulèvements populaires un peu partout, au Liban, au Chili ou ailleurs, où le peuple se réveille, exige le respect de ses droits, exige de pouvoir retrouver son pouvoir. C’est pour cela que l’on a développé tout un programme autour des questions de démocratie, et notamment de démocratie radicale qui essaie de dépasser les régimes représentatifs, pour retrouver l’essence du mot démocratie : le pouvoir au peuple, par le peuple, pour le peuple. »
Droits des peuples, biopiraterie, droit à l’eau, citoyenneté, sont l’ADN de la Fondation. 35 ans après, quels sont les positionnements majeurs de la Fondation ?
« Globalement, cela reste le même ADN, la défense des droits humains et des biens communs du vivant. C’est cet entrelacement entre les droits de l’homme et de l’environnement : comment les deux s’interconnectent et comment une Terre viable au niveau écologique permet et facilite la réalisation des droits humains et leur plein épanouissement ? Vu l’urgence actuelle et les enjeux majeurs aujourd’hui, quand on voit les soulèvements populaires et ce qu’il y a derrière comme critique des pouvoirs établis, du capitalisme et des ravages en cours, on est obligé d’acter des positionnements encore plus forts pour remettre au centre un certain nombre de choses. »
« Redonner sa place au vivant »
La Fondation a donc désormais deux axes de travail, « Vivant et commun » et « Alternative démocratique et commun », avec l’idée derrière de faire émerger un autre rapport au vivant.
« On le voit aujourd’hui, le néolibéralisme productiviste entraîne des ravages majeurs, l’extinction de la biodiversité, le réchauffement climatique… Cela pose la question de comment on doit habiter cette Terre, et de quel rapport on a avec les non-humains, avec les écosystèmes. Il faut essayer de redonner toute sa place au vivant. Cela a toujours été très central pour la Fondation, mais on le réaffirme encore plus. On essaie d’adopter une démarche plus systémique qu’avant où on avait une porte d’entrée par l’eau, une porte d’entrée par l’extractivisme, une porte d’entrée par la biopiraterie. Là, l’idée est de travailler tous ces enjeux en même temps. Derrière, c’est un seul et même système qui est en cause : un vivant qui est là, à la disposition des humains, à exploiter, à aménager. L’autre affirmation, c’est d’essayer de reposer ces questions de démocratie en actes, de démocratie radicale. On le lie à cette question de l’autonomie,
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4 years ago
8 minutes 23 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
« Ne plus s’indigner dans son canapé, mais agir contre un système mortifère »
En mars 1986 Danielle Mitterrand se lançait dans un combat : celui pour un monde plus solidaire. Soucieuse de changer de monde, elle le voulait plus juste et respectueux du vivant.
35 ans après, c’est à une métamorphose radicale que nous invite la Fondation, qui se réinvente.

* Avec Jérémie Chomette, directeur de la Fondation Danielle Mitterrand.

Pour concrétiser cette utopie, vous vous êtes fixés de nouveaux objectifs et des modes d’actions renouvelés. Le vivant, la citoyenneté, restent toujours présents, mais d’une autre manière.
« On travaillait beaucoup sur la question du droit à l’eau. On va continuer sur les lois mais cela va être beaucoup moins important. On est en train de se concentrer sur les questions du lien entre le droit à l’eau et le droit de l’eau. Il y a des initiatives territoriales où l’on essaie de repenser notre rapport à l’eau, pour que l’élément eau, et tout ce qui le constitue – une rivière, des fleuves – puissent avoir des droits et participer à la vie du territoire. On voit foisonner par exemple des parlements, de la Loire, de la Seine, du Rhône. On va essayer de dialoguer avec les autres espèces vivantes, pour les prendre en compte. Et cela va aussi agir sur le changement climatique, sur l’effondrement de la biodiversité, puisque l’on va repenser notre façon d’envisager le monde. C’est le champ d’un autre rapport aux vivants. C’est notre programme Vivant et communs. »
Votre second programme s’intitule Alternatives démocratiques et communs.
« Là, on va s’intéresser aux droits humains en allant plus loin, en se posant la question de, comment faire société sans remettre des rapports de domination. Avec l’État-nation, vous déléguez votre pouvoir à l’Etat une fois tous les 5 ans. Et finalement votre pouvoir vous est ôté. Vous pouvez avoir l’Etat qui rajoute de la domination sur les êtres. Donc, on regarde comment on peut s’extirper de ces modèles qui entraînent la domination des puissants. On s’intéresse beaucoup notamment aux mouvements des communs, au communalisme, à l’autogestion, à ce qui se passe dans les Zad, à ce qui se passe au nord-est de la Syrie. Cela va nous permettre de repenser et d’agir tous ensemble sans rapport de domination. Et il y a aussi la question de l’égalité homme-femme. Ce sont deux grandes entrées. Mais on travaille toujours sur la question de l’eau et des peuples autochtones ou sur le Kurdistan, mais par ces deux entrées. »
Rompre avec un système mortifère
2021 n’est pas qu’une année de célébration. C’est aussi la poursuite des actions et le démarrage de nouvelles campagnes. Quels sont les grands rendez-vous de l’année qui vient ?
« On a beaucoup d’événements. Sur la fin de l’année on a deux temps. Un premier qui est ouvert à la société civile : les rencontres “Sans transition, donnons vie aux utopies”. On va essayer de réunir 250 personnes issues de la société civile, des artistes, des universitaires, des représentants du mouvement associatif, des politiques, pour s’interroger sur la situation d’aujourd’hui. Quand on regarde notre système actuel, les accords de Paris, s’ils sont suivis, on arrive à 3,2 degrés de réchauffement climatique à la fin du siècle. Cela nous amène dans une impasse. Aujourd’hui notre système, tel qu’il est, nous amène dans une impasse. L’idée de transition écologique telle qu’elle est pensée par les gouvernants et la plupart de nos structures nous amène dans une impasse. Donc, plutôt que de rester dans un constat et dans la dénonciation, on va essayer de réfléchir ensemble à comment on peut opérer une rupture historique avec ce système mortifère. L’agriculture intensive détruit des sols, elle détruit la vie. L’extractivisme,
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4 years ago
9 minutes 2 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
« Face au péril, transformons le monde »
Il y a 35 ans, Danielle Mitterrand s’engageait dans un combat : le combat contre toutes les souffrances des hommes. Avec sa Fondation, elle aspirait à une utopie : organiser une alternative à un monde plus juste et plus humaniste.
35 ans après, la Fondation continue de s’inscrire dans les pas de sa fondatrice et appelle à une métamorphose radicale de la société.

* Avec Jérémie Chomette, directeur de la Fondation Danielle Mitterrand

Au mois de janvier, l’éditorial de Gilbert Mitterrand, le président de la Fondation, avait pour titre : « Donnons vie aux utopies pour une métamorphose radicale ». Un appel que ne renierai pas Danielle Mitterrand et qui sonne comme celui d’une urgence.
En 35 ans, le monde et la société ont changé, trop ou pas assez, c’est selon. Est-ce que les urgences de l’époque sont les mêmes aujourd’hui ? Est-ce que ce sont les mêmes combats ?
« Oui. Probablement. Sauf que les urgences sont encore plus importantes que par le passé. Dans les années 1980, on parlait d’un péril écologique et d’un péril néolibéral de la mondialisation. La grosse différence avec l’époque, c’est qu’aujourd’hui on le ressent plus fortement. Le péril est là et n’a jamais été aussi important. Dans les années 1980, on parlait d’une possibilité d’une transformation due au changement climatique. Aujourd’hui, les effets sont là. C’est notre génération et la génération de nos enfants qui sont en danger. La transformation est plus qu’urgente. Elle ne peut pas s’attaquer qu’à la superficie et au premières conséquences, mais vraiment aux causes. Dès le début, l’ambition de Danielle Mitterrand était de s’attaquer aux causes, que tout le monde ait des droits et qu’on puisse développer une justice qui permette d’éviter des inégalités qui perturbent l’équilibre de la planète. On avait déjà conscience de ça. Aujourd’hui, c’est face à nous. C’est inédit dans l’histoire de l’humanité que l’humanité elle-même puisse être en danger. Une partie de la vie sur terre est clairement en danger. Il faut développer d’autres pratiques et d’autres imaginaires. Il faut envisager d’autres façons de vivre tous ensemble, joyeuses, et qui procurent du bien-être. C’est ce moteur-là qui nous permettra de transformer nos sociétés. »
Vivre en harmonie avec les autres êtres vivants
Qu’est-ce qui a changé réellement en 35 ans ? La dégradation du monde, de la société, la prise de conscience de citoyens ?
« Il y a pas mal de choses. Probablement qu’il y a une prise de conscience plus importante du péril, mais moins de pourquoi il est là. On a toujours la volonté de remplacer les voitures au pétrole par des voitures électriques, ce qui malheureusement répond à un problème mais en pose un autre. Ce qui a pu changer c’est que, notamment dans la société civile, on est sorti des grandes organisations, les grands syndicats, les grandes ONG, qui jouaient un rôle et que les états ont essayer de démanteler. Elles ont eu du mal à se pérenniser parce qu’elle se sont probablement coupées de la base. Ces organisations s’écroulent un peu et les syndicats sont de moins en moins attirants. Mais derrière, on a des citoyens qui disent, on va changer les choses. On ne va plus demander, mais on va réquisitionner le pouvoir et ne plus le déléguer. On a partout un foisonnement de collectifs qui ont envie de transformer ...
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4 years ago
6 minutes 38 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
Fondation Danielle Mitterrand : « Il faut changer de cette logique financière qui nie tout ce qui est humain »
Lutter contre toutes les injustices et défendre les libertés de chacun. Depuis 35 ans, la Fondation France Libertés-Danielle Mitterrand œuvre à la construction d’un monde plus solidaire. De la lutte contre l’apartheid au droit à l’eau pour tous, Danielle Mitterrand a été aux côtés des sans parole, des sans papier, des sans terre, pour refuser l’irréparable.
Avec Jacqueline Madrelle, vice-présidente de la Fondation Danielle Mitterrand.
« Une insoumise, une rebelle, qui a toujours résisté à toutes les injustices ». C’est le portrait de Danielle Mitterrand que vous nous avez dressé la semaine dernière. Elle s’est engagée dans la lutte pour le droit des peuples. C’est une constante de ses combats. On a évoqué avec vous son action aux côtés des enfants d’Afrique du Sud. Mais il y a eu aussi le Cambodge, le Tibet ou encore le peuple kurde.
« Pour le Tibet, je me rappelle que Danielle Mitterrand était venue à Bordeaux. A l’époque nous avions accueilli Gao Xingjian, un Chinois, qui n’était pas encore prix Nobel de littérature. On l’avait accueilli au Boulevard des Potes, le lieu de SOS racisme. C’est un peintre, un homme de théâtre. Il avait donné une pièce qui s’appelait « Dialoguer, interloquer ». J’avoue que cette pièce était quelque peu hermétique. Et Danielle me dit, « décidemment, je ne comprendrai jamais rien aux Chinois ». Elle a accueilli aussi souvent le Dalaï-lama, pour défendre tous ces peuples opprimés. Il y a eu aussi les Kurdes. C’est la « mère » des Kurdes. Quand il y avait eu le massacre d’Halabja (en 1988), on avait recueilli à l’époque des sommes très importantes qui étaient données par des mécènes, des grandes surfaces. On les a amené dans le bureau de Danielle au Trocadéro pour aider à la reconstruction des écoles au Kurdistan. Elle a aussi mis en lumière cette nécessaire lutte contre l’apartheid, avec les accords de Marly-le-Roi avec les responsables de l’ANC. On lui doit beaucoup de choses. Il y a eu le Chiapas, le Tibet, les Kurdes et toute l’Amérique du Sud. Danielle Mitterrand est souvent plus connue à l’étranger que dans son propre pays en France. C’est le paradoxe. Et elle en jouait. »
Le combat pour la reconnaissance du droit à l’eau
Danielle Mitterrand disait vouloir organiser une alternative à la mondialisation capitaliste. Et elle l’a mise en pratique notamment sur sa défense du droit à l’eau pour tous. Comment ce combat est arrivé ? Pourquoi ce choix ?
« L’eau pour tous, c’est parce qu’elle participait à beaucoup de forum mondiaux dans lesquels on dénonçait que l’eau ne devait pas être une marchandise. Comme elle a toujours dénoncé les ravages de la dictature économique et financière, l’eau en fait partie. C’est la première, à l’époque, qui a dénoncé avant tout le monde qu’il y avait une contradiction entre le statut économique de l’eau et son statut naturel. A partir de cette contradiction, elle a dit que l’eau ne pouvait pas être considérée comme une marchan...
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4 years ago
7 minutes 50 seconds

Monde Solidaire • Fréquence Terre
Fondation Danielle Mitterrand : 35 ans de refus de l’irréparable
Défendre les droits humains et les biens communs du vivant, construire un monde plus solidaire, ce sont les missions dévolues à la Fondation France Libertés il y a 35 ans par sa créatrice Danielle Mitterrand.
En mars 1986, Danielle Mitterrand s’est lancé dans le combat contre toutes les souffrances des hommes pour construire un monde plus solidaire.

* Avec Jacqueline Madrelle, vice-présidente de la Fondation Danielle Mitterrand.

Avec cette Fondation, Danielle Mitterrand disait vouloir être le maillon d’une alternative à la mondialisation capitaliste et à l’injustice. Qu’est-ce qui a motivé, il y a 35 ans, la création de cette Fondation ?
« La création de cette Fondation est d’abord dû à la personnalité de Danielle Mitterrand qui a tout le temps été une insoumise, une rebelle, qui a toujours résisté à toutes les injustices, quelles qu’elles soient. Souvent elle disait, mais quel mobile nous pense à défendre des causes indéfendables, qui semblent perdues ? Elle disait, sans doute, c’est le refus de l’irréparable. Toute la motivation de la création de la Fondation se trouve dans le refus de l’irréparable. Elle ne pouvait pas supporter de voir des injustices et que ces injustices perdurent. Toute sa vie, elle n’a été qu’engagement et résistance. C’était un mode de vie pour elle. Il ne faut pas oublier qu’à 17 ans elle a obtenu la médaille de la Résistance. Je pense que c’est ce qui a forgé sa raison de vivre, sa façon de résister à toutes les injustices quelles qu’elles soient. Elle a toujours défendu tous ceux qui étaient sans, les sans-parole, les sans-papiers, les sans-terre. Elle a toujours été du côté des opprimés et des plus faibles. Elle ne supportait pas l’injustice. Elle n’aimait quand on disait d’elle, c’est une femme engagée. Non. Elle était engagement. C’était une philosophie de vie. »
La Fondation est née de la fusion de trois associations humanitaires, « L’association du 21 juin », « Cause commune » et « La France est avec vous ». Et le choix s’est vite porté sur le nom de France Libertés.
« C’est un beau label, c’est un beau nom France Libertés. Et libertés avec un S. Pour elle, la liberté n’était pas un concept. C’était défendre les libertés, tout ce qui fait la vie, les libertés dans notre vie. C’est ce qui était important pour elle. Ce n’était pas la liberté comme un concept philosophique. Il faut se rappeler le logo de la Fondation : le mélange du chêne, la force du chêne et la paix représentée par l’olivier. »
Un contre-pouvoir
Comment elle s’adaptait entre son statut de femme du président et sa volonté, sa nécessité de s’engager, de porter des combats ?
« Il y a eu des situations sans doute très délicates. Lors de petits déjeuners dans la rue de Bièvre, il y avait des discussions fort animées. C’était très compliqué. Elle a dû donner des sueurs froides au ministre des Affaires étrangères qui était Roland Dumas à l’époque. Je pense que c’était une forme de contre-pouvoir. Et François Mitterrand devait apprécier cette situation. Il disait que tout pouvoir devait susciter son contre-pouvoir. Avec sa Fondation, elle exerçait une sorte de contre-pouvoir. Elle faisait ouvrir les yeux à certains. Elle allait voir les vrais gens. Elle racontait comment parfois elle s’est un petit peu ennuyée quand elle devait tenir la conversation avec des femmes de présidents dans la diplomatie officielle. Elle préférait aller voir sur le terrain,
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Les femmes au cœur de l’expérimentation démocratique au Rojava
Atteindre l’autonomie économique des femmes, leur permettre de nouer du lien social et leur donner confiance, c’est l’objectif fixé par le marché des femmes au Rojava.
Ce projet de souk est porté par les femmes au cœur d’une région, le Kurdistan syrien au nord-est de la Syrie, où une expérimentation politique inédite se déploie depuis dix ans. Le municipalisme, ou confédéralisme démocratique, anime ce territoire autonome où vivent trois à quatre millions de personnes.
Chloé Troadec, est une volontaire française du Rojava Information Center. Installée à Qamishlo, elle suit de près la société civile qui vit au rythme de ce confédéralisme démocratique, une expérience qui se fonde sur une idée…
« Toutes les décisions et la manière dont est organisée la vie part des communes. Les communes ne sont pas vraiment des municipalités, mais des regroupements de familles, entre 100 personnes et 100 familles en fonction des endroits. Elles sont rassemblées dans une commune. Ces communes se rassemblent à différents niveau de gouvernance, de quartier, de sous-district, de district, de canton et de régions, pour ensuite former l’administration autonome du nord-est de la Syrie qui est l’entité politique « parapluie » pour tout le nord-est de la Syrie. Toutes est basé sur les décisions, les propositions et les critiques qui vont être faites au niveau des communes. C’est ensuite au niveau des assemblées plus larges que les décisions qui concernent plus de monde vont être prises. Mais chaque commune doit pouvoir être autonome dans ces décisions pour tout ce qui concerne la vie à l’intérieur de la commune. »
Ce système a pris forme en 2011, avec le Printemps des peuples, qui a commencé en Tunisie, et s’est répandu au Moyen-Orient.
« Il y a eu aussi un soulèvement au niveau du peuple syrien en entier. Les Kurdes, dans le nord de la Syrie, ont saisi l’opportunité pour essayer d’obtenir les droits politiques, sociaux et culturels qui n’ont jamais pu obtenir du temps du régime Baas, qui était assez penché sur le nationalisme arabe. Il y a eu une fenêtre d’opportunité ouverte à ce moment-là. Les Kurdes se sont organisés en unité d’autodéfense, les YPJ YPG, qui sont devenus connus après la bataille de Kobané, et ont réfléchi au système à mettre en place. Cette proposition du confédéralisme démocratique vient aussi du mouvement de libération kurde en général et d’Abdullah Öcalan en particulier. C’était quelque chose de connu et défendu parmi les Kurdes au Rojava . L’influence de cette idéologie du mouvement de libération du Kurdistan au Rojava était déjà très forte avant 2011. Et en 2011, ce sont les personnes qui défendaient ce projet politique-là qui ont été les plus actifs et qui l’ont mis en place. A ce moment-là c’était un peu le chaos en termes politique et militaire. Il n’y avait pas d’élections. Ce sont les gens par eux-mêmes qui se sont mis à réaliser ça, à créer ces communes et au fur et à mesure à créer leur système. »
Les femmes, parties prenantes des décisions
Ce confédéralisme démocratique concerne les sept régions du nord et de l’est de la Syrie. A tous les niveaux de gouvernances, des comités sont mis en place, comité d’éducation, de réconciliation, d’autodéfense, de formation. Ces institutions sont coprésidées en mixité avec des quotas de parité, de genre et de nationalités. Les femmes y prennent toutes leurs places, à tous les échelons du fonctionnement.
« A tous les niveaux de gouvernance il y a, en parallèle des assemblées mixtes, une assemblée autonome des femmes. Et il y a de manière générale énormément d’organisations autonomes des femmes. Une des plus efficaces, ce sont les maisons des femmes, des Mala Jin. Les femmes peuvent y aller pour exposer leur pro...
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A Montreuil, la cantine syrienne créé des ponts entre les peuples
Une cantine pour lutter contre le repli identitaire. C’est l’ambition de la cantine syrienne, soutenue par la Fondation Danielle Mitterrand. Installé depuis un peu plus d’un an à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, cet espace « non-lucratif », est pensé comme un lieu de rencontre et de partages de vies, d’expériences, de cultures…
Rindala est la cofondatrice de ce collectif, fruit d’une série de rencontres en 2018 entre étudiants syriens, exilés en France.
« Il y avait un mouvement d’occupation des facs en France. On s’est demandé comment intervenir dans ce mouvement à partir de notre position d’étudiants exilés syriens. Petit à petit on a pris des contacts, on a discuté. On a fait des rencontres dans plusieurs universités. Quand on a quitté l’université, on a voulu continuer de faire des choses de manière plus stable, sur la longue durée, avec plus de consistance. On a rencontré par exemple des gilets jaunes de Montreuil. A travers ces rencontres diverses, éclatées sur la région parisienne, on s’est retrouvé avec un groupe de Syriens et de Français. L’idée est venue de faire une cantine, déjà parce que la nourriture syrienne nous manque. On voulait se réunir sur quelque chose qui n’est pas que politique, mobilisation, soulèvement, répression. On voulait quelque chose de plus joyeux, d’essentiel, de vie. On a décidé de faire un espace de rencontre et de solidarité. »
Tisser des liens de solidarité
Le collectif a donc créé cette cantine populaire. On y partage un repas convivial, mais pas uniquement.
« Nous, on est loin de notre pays, du contexte politique. Etant donné qu’on est exilé en France, on ne veut pas lâcher ce côté d’être acteur et actrice, de réfléchir la politique, de la faire, de la discuter. Pour cela, il faut trouver notre propre place. On a pensé à des formes de solidarités nouvelles, pas qu’avec des Syriens mais aussi avec d’autres locaux. A Montreuil, les gens qui viennent sont originaires du Maghreb, d’Inde… Ce sont des solidarités, des rencontres avec des étrangers qui partagent les mêmes conditions que nous. Mais c’est aussi avec des Français avec qui on peut réfléchir sur la situation politique et les formes de solidarités et de rencontres possibles ici. »
Et à Montreuil, le lien avec le tissu associatif local est un pan fondateur de la cantine.
« On est installé dans un centre social et culturel qui accueille énormément d’associations et de collectifs. Il y a des cours de français, des distributions alimentaires, des cours de yoga à prix libre, des cours de sports, des rendez-vous administratifs concernant des questions de sans-papier. Il y a vraiment un tissu associatif assez dense. Nous, on voulait s’inscrire localement et tisser des liens avec des gens autour de nous. S’installer dans cet espace a été un énorme avantage pour nous. »
A la rencontre de son voisin
Deux fois par semaine, le repas, préparer et organiser en commun, est surtout le prétexte à la rencontre et à la discussion.
« On invite ceux et celles qui veulent nous rejoindre, pas que pour aider dans la cuisine, mais aussi pour rencontrer d’autres personnes, pour se sociabiliser. Petit à petit, pas mal de gens ont continué à venir. Parce qu’au-delà de la cuisine, ils apprécient énormément ce temps de préparation. C’est un espace de sociabilité assez chouette. Pas mal de gens qui reviennent apprécient ce moment. Parfois ils viennent avec leur potes. Parfois, en entendant les discussions des autres, ça commence à parler.
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Agenda solidaire 2021 : pour développer un autre regard et s’engager
A quelques jours des fêtes de fin d’année, et après une année 2020 plutôt anxiogène, c’est un objet indispensable pour envisager 2021 de manière positive que nous vous proposons cette semaine : un agenda de la solidarité internationale.
Cet agenda solidaire 2021 a pour ambition de vous inciter à participer à la construction d’une autre société.
Avec Diego Olivares, responsable de la communication à la Fondation Danielle Mitterrand.
Cet agenda solidaire existe depuis 2006.. et il est le fruit de la collaboration de différentes organisations qui œuvrent à la transformation sociale.
« C’est projet qui est porté par le collectif Ritimo, le Réseau d’information et de documentation pour la solidarité et le développement durable, qui estime depuis 1985. Ce réseau impulse ce besoin du grand public d’accéder à la compréhension de la solidarité internationale. »
Développer un autre regard
Cet agenda de la solidarité internationale est plus qu’un simple agenda. C’est véritablement un outil pédagogique pour approfondir ses connaissances.
« Non seulement pour approfondir ses connaissances, mais aussi pour se relier à différents types d’initiatives et développer d’autres points de vue. Il y a par exemple la carte du monde inversé de Peters et Mc Arthur, dont l’idée est de développer un autre regard. L’agenda comporte 12 thématiques déclinées en deux initiatives porteuses de projets pour 2021. »
Accessible et ludique, il propose notamment de revenir chaque mois sur des initiatives qui ont porté leurs fruits. Pourquoi les mettre en avant ?
« L’idée de les mettre en avant est de les découvrir et de voir qu’elles sont porteuses, car elles marchent. Que ce soit dans le domaine de l’agriculture, à la vie des femmes, au climat, on peut voir qu’un peu partout sur la planète, il y a des initiatives qui fonctionnent. Elles sont portées par des collectifs, soutenues par des associations. Cet aspect pédagogique donne envie à s’investir sur des thématiques qui nous touchent tous aux quotidien »
Des initiatives palpables
12 thématiques… comme l’éducation, l’eau, le droit des femmes, la lutte contre les discriminations, la santé ou les migrations…
Quelles sont celles que vous avez voulu porter, vous, à la Fondation Danielle Mitterrand ?
« D’abord, ces thématiques sont débattues ensemble au sein du collectif. Il y a tout un processus éditorial tout au long de l’année pour ressortir une diversité d’initiatives. La Fondation Danielle Mitterrand a porté deux thématiques qui continueront en 2021. Sur les peuples autochtones, il y a Radioka, qui est un média autochtone amazonien, en Guyane. Il a pour but de relayer les informations concernant les peuples autochtones en Guyane. Et il y a la thématique de la démocratie avec les initiatives au nord de la Syrie qui soutient l’expérimentation politique inédite qui se met en place au Rojava. Dans le volet agriculture, il y a les semences paysannes, mises en lumière par le CCFD-Terre solidaire, avec une fête des semences en Tunisie, qui permet un échange de savoir-faire. Et dans le domaine de l’environnement, il y a cette initiative en Bolivie avec un système de cuisson solaire dans les A...
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Buzuruna Juzuruna, le collectif qui réveille les consciences
Ils sont français, libanais, syriens, ou encore palestiniens. Il y a cinq ans, ils ont créé au Liban le collectif Buzuruna Juzuruna, le lauréat 2020 du Prix Danielle Mitterrand.
L’objectif : rendre accessible au plus grand nombre le riche patrimoine semencier du pays dans la vallée de la Bekaa et rendre aux Libanais leur souveraineté alimentaire.
Tout est parti d’un voyage autour du monde de Zoé et Ferdinand.  Ils sont frère et sœur… Arrivés au Liban, ils se sont retrouvés bloqués par la guerre en Syrie. Ferdinand, agronome de formation, est alors aller travailler dans une ferme… comme le raconte sa sœur, Zoé. Elle répond à Diégo Olivarès
« Comme il vivait sur le domaine, il a beaucoup côtoyer de travailleurs qui étaient des réfugiés syriens. On a mangé avec eux, beaucoup discuté. On a écouté leur histoire. Les personnes qu’on a côtoyé, comme Walid et Salem avec qui on a par la suite fondé Buzuruna Juzuruna, nous racontaient qu’ils avaient dû fuir leur village en Syrie. Il était en état de siège. Pour fuir la faim, il ont dû abandonner leur terrain, héritage familial depuis des générations, et leur maison qu’ils venaient juste de construire. On s’est dit, c’est horrible ces histoires de paysans qui perdent tout leur patrimoine, leurs terres, leurs semences, et qui doivent fuir et reconstruire une vie ailleurs On a eu envie de créer un lieu, une ferme, pour retravailler sur ces semences qui allaient disparaitre. On a voulu construire un lieu qui fasse perdurer cet héritage pour pouvoir le transmettre »
Réaliser un rêve
Après un aller-retour en France pour ramener des semences, ils se mettent en chasse d’un terrain pour réaliser leur rêve. Un mécène va leur permettre de se lancer. Zoé.
« Au début, c’est la volonté, la folie, la curiosité et l’envie de faire. Et tout d’un coup, c’est quelqu’un avec des moyens qui permet de réaliser nos rêves les plus fous. C’est à partir de là qu’on a eu notre terrain de deux hectares. On a organisé une grande fête avec des gens qui sont venus de tout le Liban, avec plein de milieux sociaux différents et de nationalités différentes. On leur a expliqué notre projet, notre volonté monter un collectif, de faire de la semence, et de donner des formations. C’est à l’issue de cette fête qu’on a trouvé le nom de Buzuruna Juzuruna. »
Former pour accéder à l’autonomie
La ferme école est née avec des jardins partagés et des formations, dans le but de faire ensemble, de transmettre un savoir, pour aller vers l’autonomie des Libanais. Serge, le président de Buzuruna Juzuruna.
« Le but est de pouvoir proposer un accès à la connaissance qui n’est pas toujours facile dans notre région. Nous avons tout fait en arabe pour être beaucoup plus accessible. Ces formations sont divisées en plusieurs parties avec des grands thèmes comme les semences, le compost, les arbres, la préparation du sol, les biopesticides. Tout ce qui permet de faire les choses soi-même et de fonctionner en autonomie par rapport au grand marché de l’agro-industrie. L’idée est que, l’année prochaine, on ne soit pas aussi investi que cette année. Il faut que ce soit le groupe lui-même qui mette en place un collectif, une charte interne. Petit à petit, grâce à nos formations et des formations proposées par d’autres associations sur la gestion de conflits, sur la communication non-violente, ils ont tous les outils disponibles pour pouvoir continuer indépendamment de nous.« 
La force des différences
Au-delà de l’aspect agricole, le collectif est aussi le fruit de formidables rencontres. Pour Lara, la compagne de Ferdinand,
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La souveraineté alimentaire au Liban à l’honneur du prix Danièle Mitterrand
Le Liban est à l’honneur du 8e prix Danielle Mitterrand. La Fondation a décidé de distinguer cette année le collectif Buzuruna Juzuruna.
Dans un pays ravagé par différentes crises, sociale, économique et alimentaire, ce collectif œuvre depuis 2015, pour la souveraineté alimentaire, avec notamment une ferme-école, située dans la Vallée de la Bekaa.

* Avec Joséphine Delesalle, chargée du Prix Danielle Mitterrand.

Chaque année, le prix Danielle Mitterrand distingue les alternatives qui travaillent à une métamorphose démocratique, écologique et solidaire du monde. Et cette année, c’est vers le Liban que vous vous êtes tournés, avec ce collectif, Buzuruna Juzuruna. Qui est-il et que signifie son nom?
« Buzuruna Juzuruna veut dire ‘nos graines sont nos racines’ en arabe. Depuis 2015, il œuvre à la souveraineté alimentaire des Libanais et des réfugiés syriens au Liban. Et il participe au développement et à la distribution de semences paysannes, à la formation à l’agriculture et l’aide aux familles réfugiées. »
Sauvegarder le patrimoine alimentaire
Le collectif dit vouloir s’inscrire dans une démarche de souveraineté alimentaire. Qu’est-ce que cela signifie ?
« La notion de souveraineté alimentaire est dans l’ADN du collectif. Elle est ancrée depuis toujours dans la construction du projet. C’est un collectif qui est avant tout solidaire dans l’idée de faire ensemble. Dès le départ, il a eu cette volonté de maintenir un patrimoine alimentaire et de participer à ce que personne ne fuit son pays pour cause de faim. Le projet est né de plusieurs chemins. Il y a Ferdinand et Zoé qui sont frères et sœurs. Ils sont partis de France pour faire un tour du monde. Et il se sont retrouvés au Liban dans l’incapacité d’avancer puisqu’il y a la guerre en Syrie. Ferdinand, qui est ingénieur agronome de formation, a trouvé un travail dans une ferme. Ils y ont travaillé tous les deux. Dans cette ferme, ils ont rencontré Oualid et Salem, deux réfugiés syriens qui avaient dû tout abandonner pour fuir la faim de leur pays. En vivant tous ensemble sur cette ferme, ils ont construit beaucoup de liens. Ils se sont rendus compte qu’il y avait un projet à créer et qu’ils avaient envie de participer à ce que personne n’ait besoin de fuir son pays pour ça. Ils ont donc voulu créer un lieu, une ferme où ils puissent travailler sur les semences, faire perdurer un héritage qui puisse être transmis à tout le monde. »
Après avoir démarré leur projet sur bout de terrain prêté, le collectif a aujourd’hui sa propre ferme qui se développe.
« Ils ont pu développer leur ferme, vendre leurs légumes. Aujourd’hui, c’est une volonté qui s’est accentuée avec les années. Au Liban, il y a une énorme crise économique sans précédents. Donc c’est plus que jamais une volonté et une nécessité que de pouvoir se nourrir et de participer à la formation des personnes pour qu’elles puissent se nourrir. Les citoyens libanais ont perdu tout leur pouvoir d’achat. Les denrées alimentaires sont encore aujourd’hui importées sur le cours du dollars américain. Ces personnes ont besoin de retrouver une souveraineté alimentaire ne serait-ce que pour répondre à leurs besoins. »
Eveiller les consciences
Cette démarche du collectif prend encore plus de sens depuis le soulèvement des Libanais l’an dernier, en octobre 2019. En quoi c’est important ?
« Il y a une crise économique. Et depuis un an, il y a une crise politique qui est venue s’ajouter à tout ça. Cela a pris énormément d’ampleur dans le collectif. Serge, le président de l’association,
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Prospérité : le projet d’autonomisation se heurte à un méga projet industriel
Prospérité, c’est un village de Guyane, non loin de Saint-Laurent-du-Maroni, qui se réinvente.
Depuis des décennies il est confronté à de nombreuses difficultés, perte d’identité, de savoir-faire ancestraux, de cultures traditionnelles. Une situation qui a poussé ses habitants à se lancer dans un vaste projet d’autonomisation pour retrouver une indépendance. Un projet qui prend forme à l’heure où un méga projet industriel s’impose à eux : la construction d’une centrale électrique hybride qui devrait sortir de terre non loin du village.
Et c’est ce qui inquiète Benoît Hurtrez, le coordinateur général du projet Prospérité.
« On n’est pas opposés au projet en lui-même, à son aspect technique, même s’il y a beaucoup de choses à dire. C’est une première mondiale. On n’a pas de recul dessus. On parle de la Guyane comme zone d’expérimentation. C’est une centrale hybride qui va utiliser l’électricité produite par les panneaux solaires pour casser la molécule d’eau, stocker l’hydrogène, et avec l’hydrogène faire tourner des piles à combustibles. A priori, c’est un système de production qui est vraiment adapté aux mines d’or, à l’orpaillage, en utilisant le cyanure. On ne pense pas que ce soit bénéfique pour les besoins en électricité des populations civiles. On ne se bat pas vraiment sur cet aspect technique, mais sur l’emplacement du projet. Les prometteurs du projet et les acteurs politiques savent que cette zone-là était demandée en concession. C’est du foncier qui est demandé depuis des années. Et là, des entrepreneurs arrivent, et on leur dit oui au bout de quelques mois. Il s’agit d’un terrain de 200 hectares qui va longer le village à 600 ou 700 mètres. Cela bloque toutes les activités de cueillette, de chasse, de promenade, de récolte dans la forêt. Ce qu’on demande, c’est de déplacer le projet pour que le village puisse continuer à respirer. »
Benoît Hurtrez s’inquiète également de l’impact environnemental de la future centrale.
« On nous promet qu’il n’y a aucune pollution et que c’est 100% écologique. Mais on leur répond qu’on ne déforeste pas l’Amazonie pour mettre des panneaux solaires, alors qu’il existe déjà des endroits déforestés en Guyane, à trois ou quatre kilomètres du projet. La première aberration, c’est de déforester pour mettre des panneaux solaires. Ensuite, cela a un impact sur la circulation des animaux, la migration de la faune. Cela a un impact sur l’eau, sur les rivières alentours. Et cela a un impact aussi dans les pays où sont extraits les matériaux pour produire les panneaux solaires, les batteries. On nous présente un projet 100% bio. Mais il ne l’est pas du tout. Il y a une autre communauté, les Saramaka, qui habite un peu plus loin, qui aura des expropriations par rapport à la future cité pénitentiaire. Donc on va unir nos forces dans le combat sur un thème simple : ne pas coller des industries aux habitations. Laisser les usines, les industries, séparées des hommes, que les hommes puissent respirer. Il ne faut pas agglutiner ces installations dans des villes qui deviennent monstrueuses. On a la chance à Saint-Laurent-du Maroni, une ville qui est jeune en pleine expansion, de ne pas reproduire les erreurs qu’on a pu constater à travers le monde. Au contraire, on peut faire une ville plus verte, plus respectueuse de l’homme et de la nature. »
Pour mettre sur pied ce projet d’autonomie, le village fait appel au soutien financier du plus grand nombre, faute d’écoute des pouvoirs publics. Benoît Hurtrez….
« Il nous faut des financements pour lancer cette ph...
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Prospérité, le village de Guyane qui se réinvente une indépendance
En Guyane, c’est un village de 300 habitants qui se réinvente.
Prospérité, c’est son nom, est un village amérindien Kalina situé à 15km à l’est de Saint-Laurent-du-Maroni. Depuis des décennies il est confronté à de nombreuses difficultés. Le village s’est donc lancé dans un vaste projet d’autonomisation pour retrouver une indépendance.
Benoît Hurtrez, est le coordinateur général du projet Prospérité. Et selon lui son village se retrouve entre deux mondes et perd, peu à peu, son identité.
« Cela ne concerne pas seulement les Amérindiens Kalina. Il y a différentes cultures qui se voient englober dans un système capitaliste qui fait que tout est chamboulé dans les cultures, dans les traditions, dans les familles, dans l’organisation en général des modes de vie. On peut constater beaucoup ça en Guyane. Ce sont des cultures qui sont entre deux mondes. Elles sont malheureusement en train de perdre leur identité propre en essayant de rattraper un monde moderne occidental qu’on leur présente par la télé, les réseaux sociaux, mais aussi par l’administration. La grosse difficulté pour eux est de s’adapter à un nouveau monde sans perdre la culture et les traditions d’origine. Et c’est vraiment un défi énorme qui ne fonctionne pas. Au final, on constate des communautés qui ne sont plus adaptées à leur monte d’origine, ni au nouveau monde. Ce sont des situations qui mènent pour certaines communautés à des suicides. C’est un gros souci, notamment sur le haut du fleuve Maroni. Les gens sont perdus. On ne sait plus qui ont est. »
Et comme beaucoup de communautés amérindiennes, les Kalina se sentent ignorées par la métropole.
« On a vraiment l’impression de ne pas être entendu en tant qu’entité, en tant que communauté à part entière, avec des revendications spécifiques à nos communautés. Ici en Guyane, on pointe très souvent du doigt le premier article de la Constitution française qui dit que la République est une et indivisible. C’est quelque chose qui pose régulièrement problème. On peut bien comprendre dans cet article que nous sommes tous des hommes au même titre, on a les mêmes droits. Or, je crois qu’avec cette formule-là, on lisse tout, on uniformise tout. Et on perd nos identités, on perd nos particularités. Par exemple, ici en Guyane, cela freine énormément pour le foncier. Il y a des peuples autochtones, qu’ils soient Bushinengé ou Amérindiens, qui réclament des zones de foncier, des parties de forêt pour continuer à vivre à leur manière. Ce sont des choses qui ne sont pas acceptées, parce qu’on leur dit, non, vous êtes soumis aux mêmes lois que tout le monde, il faut être propriétaire, il faut acheter. Or, la plupart du temps, ici chez les Kalina, la propriété individuelle n’existe pas. C’est la propriété collective qui prime. »
Face à ce constat, le village s’est donc lancé dans un projet pour retrouver une autonomie perdue.
« Les Amérindiens ont été autonomes pendant des siècles. Là, on va essayer de reprendre de l’autonomie. Ce n’est plus l’autonomie traditionnelle des Amérindiens. C’est une réflexion beaucoup plus moderne. Dans un premier temps, on va essayer d’avoir un lieu de vie commun avec des machines en commun. »
De nombreuses activités sont prévues sur le village, pour retrouver de l’autonomie et de l’indépendance.
« On aura un atelier traditionnel, la mise en commun d’outils et savoir-faire, un atelier d’agro transformation, où il s’agira de transformer et de conditionner les produits agricoles du village. Il y a aura un autre pôle d’atelier artisanat, où ce seront des machines à coudre, des tours de potier,
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Droit à l’eau : la « vague verte » peut amener des avancées
Cela fait 10 ans que l’ONU a reconnu que le droit à l’eau était un droit essentiel à la vie et à l’exercice de tous les droits de l’homme.
Combat majeur de la Fondation France libertés, ce droit à l’eau n’est pas encore pleinement effectif. Mais le contexte politique peut peut-être y contribuer.

* Avec Marion Veber, responsable des programmes à la Fondation France Libertés

On a évoqué la semaine dernière la genèse de cette reconnaissance du droit à l’eau, et de son accès pour tous. Il faut aussi rappeler le combat de la Fondation sur l’interdiction des coupures d’eau en France.
« En France, il est interdit de couper l’eau aux foyers, même si la facture d’eau n’a pas été payée. C’est au regard de la dignité humaine. Sans eau, on n’est plus du tout dans la vie, mais dans la survie. On a des questions d’hygiène et de santé qui vont se poser. Nous avons mené un grand nombre de batailles juridiques devant les tribunaux, que nous avons tous gagnés y compris au Conseil constitutionnel. C’était une bataille pour souligner le folie qu’il y a derrière cette question du droit à l’eau. Aujourd’hui, de plus en plus de droits humains sont conditionnés à la capacité de payer. J’ai droit à l’eau si je peux payer ma facture d’eau. J’ai droit à la santé si je peux payer mon hôpital. Encore qu’en France on est plutôt bien lotis. Mais il y a quand même une tendance à ce que ces droits humains soient conditionnés à cette capacité de payer. On considère que l’eau a un prix et que c’est au citoyen de la payer. On pourrait tout à fait être dans une autre démarche. Certains territoires, certaines villes, sont dans cette démarche où c’est la collectivité qui prend en charge les litres d’eau qui correspondent vraiment aux droits humains, aux besoins vitaux. Ensuite, la facture s’applique aux besoins qui sont de l’ordre du confort. Derrière ce combat des coupures d’eau, c’était de souligner l’absurdité de couper l’eau à des personnes au regard de leur situation économique. Aujourd’hui nous avons une campagne « L’eau est un droit » que l’on mène avec 30 associations en France en lien avec les municipales pour rappeler le pouvoir des villes qui peuvent impulser des concrétisations du droit à l’eau à échelle du territoire. En France, plus d’un million de personnes n’a pas accès à l’eau de manière permanente et correcte. »
Ce droit à l’eau est encore à améliorer. Mais depuis 2017, le sujet est un peu tombé aux oubliettes. Où en est-on ?
Le sujet est tombé au point mort. Cependant, avec le coronavirus, il y a une possibilité de reprendre conscience de l’importance de l’eau. On a vu qu’il y a un lien entre l’eau et la santé. Comment lutter contre un virus quand on ne peut pas se laver les mains, quand on ne dispose pas d’une eau propre ? Cela fait aussi appel à cette question des inégalités en France. L’outremer était d’ailleurs extrêmement mal lotie de ce point de vue-là. Il y a probablement une possibilité de remettre à l’ordre du jour ce type de question et de requestionner la place des droits humains dans nos sociétés et de comment ils peuvent se concrétiser en dehors de toute logique marchande. »
Sortir l’eau de la logique marchande
On sort d’une longue campagne électorale. Les municipales ont vu l’essor de gouvernances vertes, ou d’exécutifs plus « citoyens ». Est-ce que c’est une force pour porter cette question de l’eau pour tous au-devant de la scène ?
« C’est très probable. On le voit dans les programmes et les discours des Verts.
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Monde Solidaire • Fréquence Terre
10 ans après, le droit à l’eau n’est pas encore effectif
Le droit à l’eau a 10 ans. Le 28 juillet 2010, les Nations Unies reconnaissaient que « le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit fondamental, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les droits de l’homme ».
Mais 10 ans après, ce droit fondamental reconnu par l’ONU n’est pas encore un droit pour tous.

* Avec Marion Veber, responsable des programmes à la Fondation France Libertés

La Fondation, sous l’impulsion de Danielle Mitterrand, a très tôt milité pour la reconnaissance de ce droit à l’eau. Qu’est-ce qui a conduit à ce que l’ONU s’empare de cette question ?
« Il y a eu plusieurs phases. Dans les années 1970-1990, on était plutôt sur une approche liée à l’eau en tant qu’élément naturel, sur des questions environnementales et de développement. Dans les années suivantes, on passe sur une approche droits de l’homme. Si le droit à l’eau est reconnu en 2010, c’est à la suite d’une longue bataille, essentiellement de la société civile, des ONG, des experts, des chercheurs, des militants. Ils cherchaient à ce que ce droit soit reconnu au regard de la puissance qu’il pourrait avoir comme rempart contre la privatisation et la marchandisation de l’eau. Dans les années 1990 et 2000, cela avait fait des ravages dans de nombreux pays, avec une ressource qui était accaparée. Cela produisait des inégalités flagrantes, des gros problèmes d’accès et des pollutions. »
La Fondation France Libertés s’est beaucoup impliqué à l’époque sous l’impulsion de Danielle Mitterrand.
« Dès les années 2000, nos partenaires sur le terrain, en Amérique latine ou en Afrique, nous font remonter cette question de l’eau à travers différents prismes. D’abord la question de l’accès, avec la difficulté de pouvoir avoir ses besoins essentiels les plus vitaux couverts. Et on a aussi énormément de partenaires qui nous contactent en lien avec leur droit à l‘eau qui est violé. Leur eau est polluée ou complètement accaparée, soit par le secteur minier ou pétrolier, soit par l’agriculture intensive. C’est sous ces deux angles qu’on est sollicités et qu’on va produire un grand nombre de déclarations au sein même des Nations unies pour porter le sujet et le mettre à l’agenda. Et on s’est aussi mobilisés en dehors des Nations unies, dans les forums alternatifs de l’eau. Ils ont été imaginés par la société civile pour rassembler les acteurs mobilisés sur ces enjeux, en contrepoids des forums officiels organisés par l’ONU et le secteur privé. C’était clairement avec une approche économique où l’eau était perçue comme une ressource  qu’il fallait gérer de manière rationnelle, utilitariste et avec la logique de marché, donc de prix de l’eau. »

Les enjeux du droit humain à l’eau n’ont pas été résolus
10 après, ce droit d’accès l’eau pour tous n’est pas encore effectif, loin de là. Il est très disparate selon les pays ?
« C’est effectivement encore très disparate. Les pays latino-américains, africains, et en Asie, sont en très grande difficulté sur la jouissance de ce droit-là. De nombreuses populations ne sont pas du tout raccordées au service d’eau et d’assainissement. Aujourd’hui, un très grand nombre de personnes est dépendant de l’eau de surface ou de pluie. Qui dit eau de surface ou de pluie, dit qu’il faut une qualité de l’eau et une quantité. Avec le changement climatique et les perturbations environnementales, de plus en plus de gens voient leur source d’eau se tarir ou se polluer. Il y a des inégalité d’accès flagrantes. Finalement,
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5 years ago
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Coronavirus : « Une menace supplémentaire » pour les peuples autochtones
Avec la pandémie de coronavirus, les peuples autochtones deviennent encore plus vulnérables. Accès au soin difficiles, conditions de vie plus précaires, projets extractivismes qui reprennent de la vigueur, pollutions, leur fragilité s’accentue. Pourtant, des mobilisations existent et les populations parviennent à s’organiser.

* Avec Marion Veber, responsable de programmes à la Fondation France Libertés

On a vu la semaine dernière que les peuples autochtones étaient fragilisés par la crise du Covid-19. Il y a un autre effet collatéral à cette pandémie : les projets extractivistes profitent de l’aubaine pour reprendre ou s’étendre.
« Oui, on peut dire ça malheureusement. Il y a eu de nombreux appels d’autochtones pour dénoncer le fait que certaines exploitations reprenaient de plus belle comme les projets illégaux, l’orpaillage illégal, notamment au Brésil ou en Guyane. L’attention était focalisée sur le coronavirus et beaucoup moins sur leurs activités. Au début de la pandémie, il y avait énormément d’appels et de messages d’autochtones expliquant que tel fleuve était de plus en plus pollué, ce qui dénotait une augmentation de l’orpaillage illégal. Il y a aussi les projets légaux, toutes ces entreprises multinationales qui continuent à chercher à amoindrir les normes environnementales pour pourvoir mieux extraire, avec moins de contraintes. »
« Certains Etats ont lancé des travaux en pleine pandémie »
« Clairement, c’est une menace supplémentaire. La difficulté est que les autochtones ne peuvent pas lutter aussi bien qu’ils le faisaient auparavant, puisque les rassemblements sont compliqués. Et surtout, l’attention est focalisée sur la santé de leur peuples avec des disparitions inquiétantes des aînés notamment. Et quand un aîné décède, c’est aussi une partie de la culture et des savoirs qui potentiellement peut être mis en danger. C’est une vraie menace. »
Pour faire face à leur isolement, les peuples autochtones se sont organisés… en faisant appel à leurs pratiques ancestrales pour se protéger.
« Une des mesures les plus classiques qui a été prise par différents peuples un peu partout sur la planète, c’est de fermer les villages autochtones, de barrer l’accès, pour réguler les flux et tenter de gérer tant bien que mal cette situation. On a eu aussi beaucoup d’autochtones, qui vivaient en ville, qui ont cherché à revenir sur leur territoire natal, parce que c’est perçu comme une façon de se protéger. Il y a cette idée que ce serait moins dangereux que la ville où cela grouille de personnes. Les interventions radios se sont multipliées, comme les portes-à-portes, pour diffuser les consignes sanitaires. C’est extrêmement important que ces consignes soient diffusées dans leur langue. Certains peuples ont mis en place leur systèmes traditionnels liés à la santé, avec l’utilisation de plantes, pour lutter contre des effets de la maladie. Il y a par exemple l’ancienne rapporteuse spéciale de l’Onu, Victoria Tauli Corpuz du peuple Kankana-ey Igorot aux Philippines, qui a expliqué que, dès que la pandémie s’est déclarée, son peuple a mis en place une manière traditionnelle de verrouiller les communautés. Les gens vivent dans le village, et ensuite il y a de la solidarité, de l’entraide qui s’organise en fonction des villages qui sont le plus en difficulté. Ça ne suffit pas parce qu’il y a un grand besoin d’appui et de dénonciation de certaines politiques d’Etat. »
Au Brésil, « un risque de génocide »
Face à ces tragédies annoncées, des mobilisations s’organisent, notamment avec une campagne qui a été lancée pour alerter sur la catastrophe en cours au Brésil.
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5 years ago
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