Lutter contre toutes les injustices et défendre les libertés de chacun. Depuis 35 ans, la Fondation France Libertés-Danielle Mitterrand œuvre à la construction d’un monde plus solidaire. De la lutte contre l’apartheid au droit à l’eau pour tous, Danielle Mitterrand a été aux côtés des sans parole, des sans papier, des sans terre, pour refuser l’irréparable.
Avec Jacqueline Madrelle, vice-présidente de la
Fondation Danielle Mitterrand.
« Une insoumise, une rebelle, qui a toujours résisté à toutes les injustices ».
C’est le portrait de Danielle Mitterrand que vous nous avez dressé la semaine dernière. Elle s’est engagée dans la lutte pour le droit des peuples. C’est une constante de ses combats. On a évoqué avec vous son action aux côtés des enfants d’Afrique du Sud. Mais il y a eu aussi le Cambodge, le Tibet ou encore le peuple kurde.
« Pour le Tibet, je me rappelle que Danielle Mitterrand était venue à Bordeaux. A l’époque nous avions accueilli
Gao Xingjian, un Chinois, qui n’était pas encore prix Nobel de littérature. On l’avait accueilli au
Boulevard des Potes, le lieu de SOS racisme. C’est un peintre, un homme de théâtre. Il avait donné une pièce qui s’appelait « Dialoguer, interloquer ». J’avoue que cette pièce était quelque peu hermétique. Et Danielle me dit, « décidemment, je ne comprendrai jamais rien aux Chinois ». Elle a accueilli aussi souvent le Dalaï-lama, pour défendre tous ces peuples opprimés. Il y a eu aussi les Kurdes. C’est la « mère » des Kurdes. Quand il y avait eu
le massacre d’Halabja (en 1988), on avait recueilli à l’époque des sommes très importantes qui étaient données par des mécènes, des grandes surfaces. On les a amené dans le bureau de Danielle au Trocadéro pour aider à la reconstruction des écoles au Kurdistan. Elle a aussi mis en lumière cette nécessaire lutte contre l’apartheid, avec les accords de
Marly-le-Roi avec les responsables de l’ANC. On lui doit beaucoup de choses. Il y a eu le Chiapas, le Tibet, les Kurdes et toute l’Amérique du Sud. Danielle Mitterrand est souvent plus connue à l’étranger que dans son propre pays en France. C’est le paradoxe. Et elle en jouait. »
Le combat pour la reconnaissance du droit à l’eau
Danielle Mitterrand disait vouloir organiser une alternative à la mondialisation capitaliste. Et elle l’a mise en pratique notamment sur sa défense du droit à l’eau pour tous. Comment ce combat est arrivé ? Pourquoi ce choix ?
«
L’eau pour tous, c’est parce qu’elle participait à beaucoup de forum mondiaux dans lesquels on dénonçait que l’eau ne devait pas être une marchandise. Comme elle a toujours dénoncé les ravages de la dictature économique et financière, l’eau en fait partie. C’est la première, à l’époque, qui a dénoncé avant tout le monde qu’il y avait une contradiction entre le statut économique de l’eau et son statut naturel. A partir de cette contradiction, elle a dit que l’eau ne pouvait pas être considérée comme une marchan...