Cet épisode résume l’article d’Esteves, Cerritelli, Kim et Friston (2022), publié dans Frontiers in Psychology.
Les auteurs proposent de comprendre l’ostéopathie à travers les neurosciences du cerveau prédictif, du principe d’énergie libre et de l’inférence active.
Selon ce modèle, le corps et le cerveau génèrent en permanence des modèles internes pour anticiper les signaux sensoriels.
Lorsqu’il existe un écart entre prédiction et réalité, une erreur de prédiction apparaît ; la réduire permet de maintenir l’équilibre physiologique et perceptif.
L’article montre que, durant une séance d’ostéopathie, praticien et patient forment un système couplé.
Le toucher, le mouvement et la respiration deviennent des flux d’information qui aident à mettre à jour les priors du patient — ses croyances corporelles implicites.
L’ostéopathe agit alors comme un facilitateur d’exploration sensorimotrice, soutenant la régulation allostatique et l’adaptation du système corps–cerveau.
Cette approche s’inscrit dans le cadre de l’enactivisme et de la cognition incarnée, offrant un langage commun entre ostéopathie et neurosciences contemporaines.
Référence de l’article :
Esteves, J. E., Cerritelli, F., Kim, J., & Friston, K. J. (2022). Osteopathic care as (En)active inference: A theoretical framework for developing an integrative hypothesis in osteopathy. Frontiers in Psychology, 13, 812926. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2022.812926
Dans cet épisode, nous décryptons l’étude PROCare, tout juste publiée dans BMJ Open — la plus vaste enquête jamais réalisée sur les priorités de recherche ostéopathique.
Cette étude menée auprès de plus de 2 200 participants issus de 42 pays a permis d’identifier trois profils d’attitudes au sein de la profession :
les conservateurs, centrés sur la valorisation et la reconnaissance de l’ostéopathie,
les sceptiques, plus prudents sur son positionnement scientifique,
et les enthousiastes, favorables à une approche ouverte, collaborative et interdisciplinaire.
Les résultats des répondants français et leurs spécificités sont notamment mis en exergue dans cet épisode.
Au-delà de ces différences, un consensus fort se dégage :
les priorités européennes doivent porter sur la sécurité des patients, la promotion de la mobilité et de l’activité physique, et la compréhension des mécanismes d’action des soins ostéopathiques.
L’épisode revient aussi sur les implications concrètes de ces résultats : la nécessité de développer une culture de recherche commune, d’intégrer la formation scientifique dans la pratique clinique, et de renforcer les réseaux européens.
🎧 Un épisode à écouter pour comprendre comment la recherche peut façonner l’avenir de l’ostéopathie.
📚 Référence complète :
Vaucher, P., Carnes, D., Hohenschurz-Schmidt, D., Thomson, O., Vogel, S., & Cerritelli, F. et al. (2025). European research priorities for osteopathic care (PROCare): a sequential exploratory investigation and survey. BMJ Open, 15, e100757. https://doi.org/10.1136/bmjopen-2025-100757
Dans cet épisode, nous explorons un article clé publié en 2022 dans l’International Journal of Osteopathic Medicine :
Shaw, Abbey, Casals-Gutiérrez & Maretic y proposent de repenser l’alliance thérapeutique à la lumière des neurosciences, de la phénoménologie et de la psychologie.
Et si la relation thérapeutique n’était pas un simple échange, mais un processus vivant de co-création du sens ?
En s’appuyant sur le concept d’inférence active, les auteurs décrivent comment patient et praticien ajustent en permanence leurs perceptions, leurs émotions et leurs actions pour donner du sens ensemble à l’expérience du soin.
L’épisode aborde :
– les fondements neurophysiologiques de la relation (interoception, toucher, synchronie),
– les apports de la phénoménologie et du concept de corps vécu (embodiment),
– et le rôle des compétences narratives, de pleine conscience et d’autoréflexion dans la pratique ostéopathique.
Une réflexion essentielle pour toutes celles et ceux qui veulent faire évoluer leur pratique vers une approche plus humaine, consciente et centrée sur la personne.
📚 Référence complète :
Shaw, R., Abbey, H., Casals-Gutiérrez, S., & Maretic, S. (2022). Reconceptualizing the therapeutic alliance in osteopathic practice: Integrating insights from phenomenology, psychology and enactive inference. International Journal of Osteopathic Medicine, 46, 36–44. https://doi.org/10.1016/j.ijosm.2022.06.003
Dans cet épisode, nous explorons un article majeur publié en 2024 dans le Scandinavian Journal of Pain :
Linton, O’Sullivan, Zetterberg et Vlaeyen y décrivent le profil du clinicien de la douleur du futur — un professionnel formé à délivrer des soins psychologiquement informés, centrés sur la personne, et capables de répondre aux besoins réels des patients vivant avec une douleur chronique.
Nous discutons :
– pourquoi les approches biomédicales classiques atteignent leurs limites,
– ce que signifie concrètement une prise en charge psychologiquement informée,
– les compétences clés à développer : communication empathique, changement de comportement, raisonnement clinique, accompagnement émotionnel,
– et enfin, comment les méthodologies expérimentales à cas unique peuvent aider à suivre les progrès et ajuster le traitement au plus près du vécu du patient.
Un épisode essentiel pour repenser la formation, la posture et la pratique des soignants dans le champ de la douleur.
📚 Référence complète :
Linton, S. J., O’Sullivan, P. B., Zetterberg, H. E., & Vlaeyen, J. W. S. (2024). The “future” pain clinician: Competencies needed to provide psychologically informed care. Scandinavian Journal of Pain, 24, 20240017. https://doi.org/10.1515/sjpain-2024-0017
Dans ce deuxième épisode, nous explorons un article tout juste publié en 2025 dans Musculoskeletal Science and Practice.
Les auteurs y présentent le Person-Centered Hypothesis (PCH) framework, un modèle destiné à améliorer le raisonnement clinique en temps réel dans la prise en charge des douleurs musculosquelettiques.
Ce cadre articule quatre domaines essentiels :
Le phénotype de douleur dominant (nociceptive, neuropathique ou nociplastique),
Les schémas cliniques pertinents,
Les contributeurs régionaux et conditions associées,
Les facteurs influents (cognitifs, émotionnels, sociaux et liés au mode de vie).
Le PCH propose aussi des applications pratiques : un outil visuel en radar permettant de hiérarchiser les priorités cliniques, une structure flexible pour mettre en œuvre le biopsychosocial en consultation, et une aide pour réduire la charge cognitive des praticiens.
Mais les auteurs soulignent que son adoption demande du temps, de l’expertise et des outils validés, ainsi qu’une appropriation des étapes et de l’état d’esprit réflexif qui soutiennent ce cadre.
📚 Référence de l’article :
Shepherd, M. H., McDevitt, A., Keter, D., Albers, N., Clewley, D., & Cook, C. (2025). The person-centered hypothesis framework: Advancing clinical reasoning in musculoskeletal pain management. Musculoskeletal Science and Practice, 80, 103395. https://doi.org/10.1016/j.msksp.2025.103395
Episode #01# Pour une approche moderne de l'enseignement et de la pratique de la thérapie manuelle
Dans ce premier épisode, on explore une proposition ambitieuse et attendue : un nouveau cadre clinique et pédagogique pour la thérapie manuelle, développé par un groupe international de 14 experts et publié en 2024 dans Chiropractic & Manual Therapies.
Cet article aborde :
– Pourquoi les principes traditionnels (diagnostics structurels, techniques spécifiques, raisonnement biomécanique) sont aujourd’hui remis en cause
– Les trois piliers du nouveau modèle : sécurité, confort, efficience
– Comment intégrer la TM dans une approche multimodale, centrée sur la personne
– Le rôle central de la communication, de l’éducation, et de l’alliance thérapeutique
Un épisode indispensable si tu veux comprendre comment faire évoluer ta pratique en accord avec les données actuelles, tout en restant centré sur l’humain.
Référence : Kerry, R., Young, K.J., Evans, D.W. et al. A modern way to teach and practice manual therapy. Chiropr Man Therap 32, 17 (2024). https://doi.org/10.1186/s12998-024-00537-0