Pour la première fois depuis 14 ans et ce depuis le 1er janvier 2022, la France préside le Conseil de l’Union européenne. À cette occasion, et dans la continuité de la Conférence régionale sur l’avenir de l’Europe organisée sur le Campus Condorcet en septembre dernier, le conseil scientifique du Campus a élaboré un cycle de rencontres accessibles au grand public, et mobilisant la communauté scientifique du Campus, afin d’accompagner la réflexion citoyenne sur l’Europe.
« Démocratie et populisme », « Énergie et environnement », « Diplomatie et défense », « Langues et communication » … un mercredi par mois, à 18h30, un ou plusieurs spécialistes interviendront pour exposer leurs réflexions sur des enjeux prioritaires pour l’Europe. Les exposés, d’une heure environ, seront suivis d’un temps d’échange avec les spectateurs.
Le cycle proposé est labélisé « Présidence française de l’Union européenne » par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
INTERVENANTS
- Laurent Warlouzet, historien, professeur des universités à Sorbonne Université
- Hanspeter Kriesi, politiste, professeur des universités à l’Institut universitaire européen de Florence
MODÉRATEUR
- Antonin Cohen, politiste, professeur des universités à l’Université Paris Nanterre
Pour la première fois depuis 14 ans et ce depuis le 1er janvier 2022, la France préside le Conseil de l’Union européenne. À cette occasion, et dans la continuité de la Conférence régionale sur l’avenir de l’Europe organisée sur le Campus Condorcet en septembre dernier, le conseil scientifique du Campus a élaboré un cycle de rencontres accessibles au grand public, et mobilisant la communauté scientifique du Campus, afin d’accompagner la réflexion citoyenne sur l’Europe.
« Démocratie et populisme », « Énergie et environnement », « Diplomatie et défense », « Langues et communication » … un mercredi par mois, à 18h30, un ou plusieurs spécialistes interviendront pour exposer leurs réflexions sur des enjeux prioritaires pour l’Europe. Les exposés, d’une heure environ, seront suivis d’un temps d’échange avec les spectateurs.
Le cycle proposé est labélisé « Présidence française de l’Union européenne » par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Jean-François Balaudé, président du Campus Condorcet, et Barbara Cassin, présidente du conseil scientifique du Campus Condorcet introduiront la conférence. L'exposé, d’une heure environ, sera suivi d’un temps d’échange avec les spectateurs.
INTERVENANTS
- Renaud Dehousse, juriste, professeur des universités à Sciences Po et président de l'Institut universitaire européen de Florence
- Robert Frank, historien, professeur émérite des universités de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Avec l’intervention de Fabrice Virgili, directeur de recherches au CNRS, SIRICE, co-auteur des Chroniques de l’Europe.
Ce Rendez-vous Condorcet est donné par Karim Hammou (CNRS, EHESS) et modéré par Agnès Tricoire (Avocate).
Ce rendez-vous explorera quelques techniques littéraires, lyriques et filmiques par lesquelles des artistes de rap passent du "je" de l'auteur.e-interprète à un "nous" lié par un sentiment d'injustice. Je m'appuierai en particulier sur deux œuvres musicales qui ont donné lieu à un vidéo-clip : "Dans nos histoires" de Casey (2006) et "Mille et une vies" de Lino (2007). La mise en mémoire de souffrances en apparence diverses y joue un rôle central, comme l'affirmation d'un point de vue radicalement situé. Dans de telles conditions, la dénonciation portée dans ces œuvres aménage-t-elle une forme de "montée en généralité", susceptible de convaincre tout un chacun ? L'objectif esthétique et politique de ces chansons est-il celui-là et, si ce n'est pas le cas, quelles limites donnent-il à ce "nous" émergeant ?
Ce Rendez-vous Condorcet est donné par Philippe Descola (Collège de France), et modéré par Barbara Cassin (CNRS).
Envisagée dans une perspective interculturelle, la notion de territoire recouvre trois caractéristiques souvent négligées. D’abord, le fait qu’un même espace physique peut être utilisé comme territoire par différents collectifs humains et non humains, de même qu’un collectif peut utiliser différents espaces constituant un territoire en archipel. De ce fait, dans bien des régions du monde, un territoire correspond rarement à ce que l’on a pris l’habitude de concevoir sous ce terme depuis l’émergence du système westphalien, à savoir une portion d’espace sur laquelle un État exerce sa souveraineté et dont les limites stables sont reconnues par les États voisins. Ensuite, l’appropriation de la terre par un collectif n’est pas nécessairement la meilleure façon de concevoir la souveraineté sur un territoire puisque cette notion d’appropriation est le produit d’un système juridique et philosophique propre à l’Occident, étroitement liée à la théorie politique moderne telle qu’elle fut développée aux 17e et 18e siècles, notamment en Angleterre. Enfin, l’usage d’un territoire n’est pas sous l’emprise des seuls humains ; il est aussi dépendant d’une foule de non-humains semblant manifester une puissance d’agir autonome – divinités, esprits, génies, ancêtres, fantômes, plantes, animaux, météores – avec lesquels les humains doivent composer ou dont ils dépendent.
Ce Rendez-vous Condorcet est donné par Nicole Pellegrin (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Guillaume Henry (Styliste), et modéré par Maria Muzzarelli (Università Di Bologna).
Avec cette rencontre entre une spécialiste d’anthropologie historique et un styliste designer de mode qui travaille en continuité avec une histoire précise, celle de la Maison Patou, en la réinterprétant, il s’agit d’interroger la mode comme vecteur de communication, de traditions et projets. Quelle idée ont les jeunes générations de la mode aujourd’hui ? Quel est le rapport entre liberté et imposition, tradition et innovation ? Comment utilisent-ils la mode pour communiquer ? Le voile, étudié par Nicole Pellegrin, en est un exemple aux yeux de tous : une simple pièce de tissu sur la tête des femmes a indiqué – et indique encore – projets, valeurs et appartenances. Mais qu’en dit un designer de mode dont les collections ne comportent pas ou presque coiffes et chapeaux ? Et qu’est-ce que Guillaume Henry veut signifier avec les chaussures de boxe à broderies qu’il introduit dans ses collections ? Comment se situe-t-il par rapport à la tradition et à la contemporanéité ? S’adresse-t-il seulement à un public privilégié, indique-t-il de nouvelles formes esthétiques, destinées à devenir populaires ? Si la mode est le souffle du temps, qu'est-ce que la mode, avec ses multiples tendances et références, nous dit aujourd'hui ?
Rendez-vous Condorcet donné par Cécile Van den Avenne (Université Sorbonne Nouvelle), et modéré par Thierry Kirat (Université Paris Dauphine, CNRS).
En Afrique sub-saharienne, la conquête coloniale française et l'administration des territoires qui en découle reposent largement sur une diffusion, restreinte, du français, et l'usage d'intermédiaires traducteurs. Mais si l'on change de focale, en s'intéressant à des moments précis et circonscrits de l'histoire du contact colonial dans cette partie de l'Afrique, à des catégories d'acteurs plus près du terrain, à des interactions spécifiques, d'autres langues apparaissent, souvent gommées par la perspective largement monolingue que l'on adopte généralement sur la colonisation française. Regarder de plus près les contextes d'appropriations des langues africaines par des acteurs coloniaux, et les interactions spécifiques qui les sous-tendent, sera l'un des enjeux de ce rendez-vous.
Rendez-vous Condorcet donné par Pieter Lagrou (Université libre de Bruxelles) et Anne Simonin (CNRS), et modéré par Marta Craveri (FMSH).
Les deux intervenants vont interroger les vifs débats suscités par la résolution signée le 19 septembre 2019 par le Parlement européen sur "l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe" : à quoi aspire le politique quand il cherche à orienter l’écriture de l’histoire de l’Europe et en faire une mémoire partagée ?
Cette volonté de produire un grand récit européen renseigne-t-elle sur une nouvelle compréhension des traumatismes passés ? Sur la prise de conscience de la culture comme facteur prioritaire dans la construction de l’avenir commun ? Ou, plus sûrement, sur l’intranquillité du présent de l’Europe face à des valeurs qu’il convient de réaffirmer (les droits de l’homme, la démocratie) quand on les voit aujourd’hui voler en éclats — inquiétude que l’écriture du texte en propositions fragmentées, se répétant et se heurtant parfois l’une l’autre, transmet au moins autant que ce qui est dit. En effet, de la Pologne à la Grèce, en passant par l’Italie, la Hongrie et la Grande-Bretagne, non seulement des militants identitaires, mais des politiques gouvernementales, déploient les ressorts puissants de la mobilisation d’arguments et symboles historiques contre un ordre démocratique européen perçu comme hégémonique, libéral et cosmopolite. Les initiatives tentant de valoriser un passé européen partagé souffrent d’un déficit d’efficacité manifeste. À travers ces mobilisations émergent de nouveaux récits qu’il serait dangereux d’ignorer et dont beaucoup témoignent de constructions intellectuelles sophistiquées. La nouvelle Europe illibérale qui émerge fait de l’histoire, mais aussi des conditions de travail des historiens, un champ de bataille de prédilection.
Rendez-vous Condorcet donné par Denis Peschanski (CNRS) et modéré par Ivan Jablonka (Université Sorbonne Paris Nord).
Historien, Denis Peschanski travaille depuis longtemps sur l’histoire et la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, mais il a opéré un tournant à la fin des années 2000 en se centrant sur une nouvelle approche de la mémoire. Postulant qu’il est impossible de comprendre pleinement la mémoire collective sans prendre en compte les dynamiques cérébrales de la mémoire et, à l’inverse de comprendre pleinement ces dynamiques cérébrales sans prendre en compte l’impact du social, il a privilégié, entre autres, un dialogue avec les neuroscientifiques. Ce fut d’abord le cas à New York, autour de la mémoire du 11 septembre, puis en France sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et sur celle, en contemporanéité avec sa construction, des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Avec le neuropsychologue Francis Eustache, il s’intéresse tout spécialement au couple « mémoire et traumatisme » dans une approche transdisciplinaire. Cela vaut pour l’individu avec le fameux Trouble de stress post-traumatique (TSPT ou PTSD en anglais), qui est, d’abord, une pathologie de la mémoire, comme pour la société pour laquelle le mot de traumatisme a une acception décalée, mais singulière. Mais comment l’une et l’autre, l’individuelle et la collective, interagissent-elles? À bien des égards, la crise longue de la Covid-19 peut être interrogée sous cet angle.
Rendez-vous Condorcet donné par Sonja Kmec (Université du Luxembourg) et modéré par Michel Margue (Université du Luxembourg).
La Seconde Guerre mondiale fut aussi une guerre des images : propagande et contre-propagande ont créé d’inusables répertoires de clichés d’horreur et d’héroïsme. À force de les reproduire, ces représentations perdent toute référence à leur contexte de création et deviennent des symboles iconographiques pour le Mal et le Bien, le totalitarisme et l’individualisme. Ainsi, les photos des rassemblements de masse du parti nazi à Nuremberg, ou des portraits comme celui d’Anne Frank, sont devenus quasi globalement reconnaissables. Ils sont repris non seulement par des manuels, des musées et des films documentaires, mais aussi par des films historiques grand public voire des films de science-fiction et de super-héros, comme les X-Men. À côté de ces récits globaux a émergé une production plus ‘locale’, souvent biographique, sous forme de bandes dessinées. Nous proposons de nous pencher plus précisément sur ces médias populaires pour montrer comment différents aspects de la Deuxième Guerre mondiale sont ‘rappelés’ de manière plus efficace peut-être qu’à travers les monuments et discours officiels de commémoration.