Claude Baechtold, est, comme il le dit dans son film, né d’un père avocat et d’une mère féministe à Lausanne en Suisse. Aujourd’hui il est réalisateur, auteur et éditeur mais en 2002 il n’est encore rien de tout ça. Il part en Afghanistan avec le reporter Serge Michel et le photographe Paolo Woods en se faisant passer pour un caméraman de la RTS. Par une suite de hasard il se retrouve à faire le tour du pays en voiture qu'il filme en continu. 20 ans plus tard de cette histoire il en fait un film : Riverboom. Un documentaire sur l'Afghanistan post 11 septembre mais aussi sur lui et son entrée dans la vie d’adulte et aussi un peu sur la Suisse.
En 2021, au Royaume-Uni, pendant le troisième confinement, les acteurs Sam Crane et Mark Oosterveen sont au chômage. Ensemble, mais éloignés, ils jouent en ligne au jeu vidéo Grand Theft Auto. Ils ont alors l’idée un peu loufoque de monter la pièce de théâtre Hamlet dans le jeu. La réalisatrice documentaire Pinny Grylls rejoint le projet et capte tout, du casting, à la recherche de décors, de costumes, à la présentation finale. Une sorte de making-off dans un montage et une esthétique flux pas toujours concluants.
N’empêche…Grand Theft Hamlet restera la première et l’unique représentation d’une pièce de Shakespeare dans un jeu vidéo.
Tënk est une plateforme de vidéo dédiée au cinéma documentaire, créée en 2016 par l’équipe des Etats généraux du film documentaire de Lussas, en France. C’est en 2020 qu’émerge la version canadienne à Tiohtiá:ke/Montréal, portée notamment par Naomie Décarie-Daignault. Nous avons eu la chance de la rencontrer, le plaisir de discuter avec elle des enjeux qu’une plateforme indépendante, se refusant à entrer dans des logiques capitalistes, peut rencontrer. À la différence de ses concurrents, Tënk ne repose pas sur une stratégie de l’offre avec un catalogue expansif trié par des algorithmes de préférences. Chaque semaine, cinq films sont choisis à la main par des curateur.ices et mis à disposition pour une courte période. Une stratégie de résistances face à la surconsommation de produits audiovisuels, un manière de rétablir la cinéphilie des cinémas dans les plateformes. Un accès précieux à des films qui le sont tout autant…
En 2003, The Dixie Chicks (aujourd’hui appelé The Chicks) est le groupe nord américain de country le plus écouté et le plus vendu au monde et s’apprête à lancer sa tournée internationale. Premier arrêt Londres. Au milieu du concert Natalie, la chanteuse, lâche :
« Just so you know, we're on the good side with y'all. We do not want this war, this violence, and we're ashamed that the President of the United States is from Texas ».
Ledit président vient d’annoncer que les Etats-Unis vont envahir l’Iraq. Le commentaire de Natalie ne passe pas inaperçu et les répercussions ne se font pas attendre: des foules de patriotes indignés par l’ « hypocrisie » de la chanteuse jettent les cd du groupe, on manifeste devant leurs concerts, les radios commencent à les boycotter, les médias s’en emparent, une menace de mort est envoyée à Natalie.
Trois ans plus tard, les Chicks écrivent un nouvel album: « Taking the long way ». Dans Shut Up and Sing, les réalisatrices Barbara Kopple et Cécilia Peck reviennent sur ce moment charnière dans la carrière des Chicks. Le film observe avec une précision redoutable l’alliance stratégique entre l’art, la politique et le business, ce qu’on appelle communément « l’industrie du divertissement américain ».
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Pour ce nouvel épisode de qui relève de l’entrevue on reçoit Morgane Gäelle Frund !
Morgane est réalisateur.ice, slammeur.euse et chanteur.euse du groupe punk Métacarpe.
Iel a réalisé deux court-métrages Out of the Blue et Ours qui a fait sa première à la Berlinale et a été short-listé pour les Oscars 2024. Deux court-métrages qui abordent la thématique du regard dans le cinéma, la violence du regard masculin sur le corps des femmes, son impact, l’imagerie qu’il crée. Les films de Morgane questionnent ce regard, s’organisent en dialogues venant offrir des alternatives aux imageries sexistes.
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Au début des années 1980, Pablo Escobar fait construire un zoo dans son hacienda Napoles. Il y fait venir quatre hippopotames, une espèce qui ne vit à l’état sauvage qu’en Afrique. Après la mort d’Escobar, en 1993, les hippopotames sont abandonnés dans le zoo. Peu de temps après, ils s’échappent pour rejoindre la rivière Rio Magdalana. En 2009, alors qu’un couple et leur petits s’écartent du troupeau, le gouvernement décide d’abattre le mâle pour empêcher la naissance d’une nouvelle colonie d’animaux. La photo est diffusée dans les journaux: des chasseurs posant fièrement devant le cadavre de celui qu’on nommera Pepe. Elle provoque de vives réactions dans l’opinion public.
Quinze ans plus tard, Pepe de Nelson Carlo de Los Santos Arias, nous raconte l’histoire de cet hippopotame. À travers plusieurs dispositifs de mise en scène, mêlant cinéma expérimental, documentaire et film à sketch, le film nous narre l’histoire des colonisations, celle de l’humain sur la nature, celle de l’humain sur l’animal, celle de l’humain sur l’humain.
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Sylvain L'Espérance fait du cinéma documentaire depuis plus de 30 ans. Il a tourné des films un peu partout dans le monde au Québec bien sûr, mais aussi au Mali, en Grèce. Son œuvre est marquée par une profonde envie de rencontrer l'autre en faisant émerger des formes qui permettent cette rencontre. Depuis quelques années il a pris un tournant anti-spéciste en se concentrant d'avantage sur la nature et sur le rapport de l'homme à la nature. Nous abordons tous ces sujets ainsi que la situation actuelle du financement de la culture au Québec, cause qui tient particulièrement à cœur au réalisateur.
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« Qu’un personnage aussi insensé, vulgaire, agité, immature, puisse devenir président de la République, c’était déjà un choc à l’époque. Depuis, il a fallu s’habituer. », disait Frédéric Lordon à propos de Nicolas Sarkozy.
Et il ne pouvait avoir plus raison.
Pendant que Trump regagne la maison blanche, échappant à la justice qui ne semble pouvoir l’attraper, c’est au tour de la France de trainer, pour une potentielle 4e condamnation, son illustre criminel.
Plus qu’un film de Yannick Kergoat (Les nouveaux chiens de garde, La (très) grande évasion), c’est un film sur l’ancien président de la république que nous sommes alllé.e.s voir. À travers la parole de deux journalistes de Mediapart, Personne n’y comprend rien tente de nous y faire voir plus clair sur l’affaire Kadafi-Sarkozy...pari réussi ? Écoutez notre 11ème épisode critique pour le savoir! 🤫
Personne n'y comprend rien,
Réalisation : Yannick Kergoat
Production : Belladone Films, Norte Productions, coproduit par Mediapart
Distribution : jour2fête
Crédit musical : Cet homme, Lo (2008)
Nous recevons ce mois-ci dans ce nouvel épisode de Qui relève de l'entrevue la réalisatrice Turco-Suisse Aylin Gökmen !
Le cinéma d’Aylin est sensible, poétique, tourné vers l'autre, s'intéressant aux récits et aux endroits qu'elle traverse afin de comprendre le passé dans la captation au présent.
Ses deux premiers courts-métrages Spirits & rocks et Depuis je vole ont rencontré un grand succès en festivals, voyageant de Locarno à Sundance. Malgré ces réussites à l'international, le monde du cinéma s'est révélé être celui de la désillusion et des violences structurelles.
Dans cette entrevue, on parle des festivals et de leurs importance dans les carrières des cinéastes, de l’industrie du cinéma Suisse, des discriminations dont Aylin a pu être victime. Finalement on lui pose la question du rôle du cinéma aujourd'hui, face à un contexte politique désastreux, de ses possibilités.
Crédit musical :
Eldorado 54, Yom
Avec l’aide du critique Olivier Du Ruisseau, on crée en live le top 10 des documentaires de l’année. En hommage au podcast Super Ciné Battle, chacun.e présente un film pour le débattre, puis le classer par rapport aux autres. Des oeuvres reflétant l’actualité politique 2024, une mise en avant du documentaire québécois et la victoire du Cinéma en fin de compte…cette liste ultime des documentaires 2024 offre un beau panorama de ce que le cinéma du réel peut produire.
Nous continuons notre exploration des métiers du cinéma documentaire en recevant aujourd'hui Philippe Bouchard-Cholette en charge des communications au Cinéma Public. Lorsque l'on se rend au cinéma on se pose rarement la question de qui décide des films qui y sont accessibles ? Quels enjeux se cachent derrière les choix de programmation pour une salle indépendante de quartier de Montréal comme le Cinéma Public.
Le Cinéma Public est un projet de salle de cinéma fondé par Roxanne Sayegh et Aude Renaud-Lorrain en avril 2021. Actuellement installé à la Casa d’Italia, dans Villeray, le Cinéma Public investit à l’occasion différents lieux rassembleurs, notamment la cour du Livart durant l’été. Les projections sur grand écran sont accompagnées d’une offre en ligne, grâce à une plateforme de location accessible partout au Canada.
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Crédit musical : Cinema Paradiso, Ennio Morricone , 1988
Deuxième long métrage de la réalisatrice Mati Diop, récompensé de l’ours d’Or à Berlin, Dahomey se déroule en 2021, navigant entre la France et le Bénin. On y suit le rapatriement de 26 œuvres pillées par l’armée française lors du sac d’Abomey en 1892. C’est la première fois qu’un état d’Afrique du sud Sahara obtient le retour physique de sa culture et de son histoire. Un événement si inattendu pour Mati Diop que ce film, commençant comme un projet fiction, se voit obligé de devenir documentaire…
Date de sortie : 22 mars 2024 © : Fanta Sy
Extrait : How the world works, Bo Burnham (2021)
Matthew Wolkow réalise des films documentaires depuis le milieu des années 2010. Son premier long-métrage, coréalisé avec Jean-Jacques Martinaud, sera diffusé à l'édition 2024 des RIDM. Tenk le décrit comme “l’une des nouvelles voix les plus originales” du documentaire québécois".
Crédit musical : David Rothenberg et Stephen Bradley
Aucun documentaire dans l’histoire du cinéma français n’a eu une telle couverture et un tel buzz! Quoi qu’on pense du film, Kaizen, le premier film du youtubeur Inoxtag, est un événement pour le cinéma documentaire. L’avenir nous dira s’il s’agissait d’un symptôme ou le début d’une révolution. Il nous semblait important de nous intéresser sérieusement au film, en tant que film. Pour ce neuvième épisode, on revient sur l’avalanche de critiques qu’a reçu Kaizen, mais, aussi et surtout, on analyse le film à partir de sa proposition esthétique et de son dispositif.
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Considéré comme le chef d’œuvre du réalisateur Richard Linklater, Boyhood a marqué les esprits, entres autres, pour son dispositif étonnant. Le film est tourné sur douze ans, à raison de quelques jours de tournage par année. Boyhood étiqueté comme film de fiction, mais une dimension ou un degré documentaire est incontestablement présent dans le film qui, en moins de 3h, arriver à capter des corps soumis au temps, tente de saisir les passages d’une époque à une autre et ce qui compose matériellement une époque : c’est-à-dire sa technologie et ses événements (ou plutôt, ses non-événements).
© Detour FilmProduction, 2014
Film antépénultième d’Agnès Varda, la réalisatrice revient à reculons comme elle le dit sur sa vie, ses films, sesamis. Un processus autoréflexif et autobiographique qui mêle photographies, extraits de films, images d’archives, installation artistique et expérimentations formelles fictionnelles et documentaires. Un film testamentqui part de la plage et de la mer pour celle à qui on a longtemps volé l’origine de ce qu’on a appelé la Nouvelle Vague.
© Ciné Tamaris, 2009
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Paul B. Preciado est un chercheur, philosophe, essayiste, commissaire d’exposition, connu notamment pour ses livres Un appartement sur Uranus, Testo Junkie et plus récemment Dysphoria Mundi. À présent cinéaste, Preciado nous offre un premier long-métrage intitulé Orlando, ma biographie politique (prix spécial du jury à la Berlinale 2023 dans la section Encounters). Prenant comme fil rouge, point de départ ou point d’ancrage (appelez le vous voulez) le livre Orlando de Virginia Woolf (déjà adapté au cinéma par Sally Potter en 1992) Preciado assemble passage du livre et témoignages biographiques dans des scènes semi-fictionnelles (ou semi-documentaires, qui sait) le tout générant un film collage, un manifeste trans venant transposer dans le cinéma certaines des thématiques récurrentes de ses œuvres.
Date de sortie 30 novembre 2023
@Arte
Premier épisode sur un film québécois et pas des moindres, Mademoiselle Kenopsia de Denis Coté. Avec celui-ci on revient sur les traces de notre premier épisode en nous posant une nouvelle fois la question de ce qui différencie un film de fiction et un film documentaire
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Date de sortie : 5 août 2023 © h264
Exrtraits: © Potochkine : Possédée
Après All the beauty and the bloodshed on s'est dit que c'était le moment de vous parler de bon cinéma politique. Dans Cold Case à l'ONU Mads Brugger enquête sur le décès du secrétaire général de l'ONU, Dag Hammarskjöld, dont l'avion s'est écrasé en Rhodésie du Nord en 1961. Une investigation qui va l'amener à dévoiler un complot bien plus tentaculaire.
Date de sortie : 7 février 2019
© DFI
Pour ce troisième épisode de Qui relève du document nous revenons sur un des récents, et plus reconnu, documentaire politique de ces dernières années : All the beauty and the bloodshed, ou Toute la beauté et le sang versé, dans la langue de N.O.S et Ademo. L'occasion également de se pencher sur le documentaire d'auteur.ice à travers la carrière de Laura Poitras.
Date de sortie : 23 novembre 2022 © HBO
Extrait : © HBO
Poésie Zero : la bourgeoisie