Épisode 16 — La Chambre de Retard
Chroniques Déchronisées — Épisode 8 : Vol d’hierCapitaine :
Altitude stabilisée à trente mille pieds. Ciel clair au-dessus de la couche. Tout est normal.
Extrait : L’observation d’aujourd’hui m’a confronté à un phénomène de décalage spatial et temporel inattendu. La sonde auxiliaire signalait une variation de température dans la nébuleuse que j’avais parcourue hier. Les relevés précis indiquent trois mille quatre cent cinquante kelvin (T = 3 450 K), stable à plus ou moins cinq kelvin, ce qui correspond à un rayonnement majoritairement dans l’infrarouge lointain, entre huit cent vingt nanomètres et mille deux cents nanomètres.
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Extrait : "Il avançait depuis des heures, ou peut-être depuis des siècles, dans la cité suspendue. Au-dessus de lui, les arches s’entrecroisaient comme les veines d’un organisme. Les tours semblaient se reproduire par elles-mêmes, dans un désordre si parfait qu’il en devenait sacré."
Au sixième étage d’un immeuble administratif sans nom, il yavait un bureau. Un bureau banal, à ceci près que le temps, à l’intérieur, n’avançait presque pas. L’homme qui l’occupait s’y rendait chaque matin comme on se rend à un refuge. Assis derrière son bureau vide, il ne faisait pas grand-chose. Parfois, il griffonnait une note, parfois il regardait le grand tableau accroché au mur : une collection d’horloges étranges, récupérées on ne sait où.
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--Extrait : "J’ai observé ce matin le phénomène classé nabla quarante et un, zéro barré. Un repli, une torsion. [légère insistance] Comme si le vide lui-même avaittrébuché. "
Il était assis, immobile, sur le bord d’un banc synthétique.
De loin, on aurait pu le prendre pour un vieil homme concentré, penché sur sonécran.
Une silhouette seule, absorbée dans un geste patient.
Épisode 6 — Infiltration
Au Bureau des Horaires Possibles, les employés n’arrivaientjamais en retard. Ils arrivaient en décalé. C’était même inscrit dans le règlement intérieur : "Les horaires sont indicatifs, mais dans toutes les directions."
Journal d’observation. Entrée ∑11-48.
Repos métabolique terminé. Déclenchement du protocoled’ingestion.
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Chroniques du Parafutur – Épisode 12 : L’Autre Côté dela Rue
Extrait : " Source civile — identification non précisée. Journal vocal — conservé.
J’ai ouvert la fenêtre un peu avant sept heures. L’air était immobile."
Spectres du vide
Extrait : "Ce matin, j’ai repris le journal du secteur B-4, pourpréparer le calibrage du balayage secondaire. Rien d’inédit : la procédure impose, à intervalles réguliers, la confrontation des relevés à l’historique archivistique. Une simple routine de validation."
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La salle s’appelle Le Ke.
À trente et une secondes de chez moi.Un sous-sol propre, sans fioritures. Néons un peu froids. Serviettes pliées àl’accueil.J’y vais deux fois par semaine. Toujours à la même heure. Les mêmes gestes. Lesmêmes repères.Je ne parle pas aux autres. C’est mieux ainsi.
Spectres du vide - Entrée D-54 : Révision du Secteur IV-A
Extrait : "J’ai repris ce matin la révision du secteur IV-A. Ce point figurait depuis plusieurs cycles dans ma liste de choses à faire plus tard... Il s’agissait simplement de recouper les anciennes observations, vérifier que les paramètres n’avaient pas évolué."
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Chroniques du Parafutur – Épisode 11 : Les Lignes DormantesChroniques du Parafutur.Rapport transversal. Cellule de Résonance 4-C.Source d’origine : non localisée.Canal : fragment recomposé.Sujet : convergence inattendue entre anomalies bréchaires et protocoles interstitiels.
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Épisode 5 : Le banc
Ce n’est pas arrivé d’un seul coup.Il n’y a pas eu de signal.Pas de grondement sous la terre, ni de lumière dans le ciel.Rien qui mérite un titre dans un journal.Juste… un banc.
Un banc public. En bois, avec des pieds en fonte, peint envert très pâle, un peu piqué.Comme il en existait partout ailleurs.Il était là, tous les jours, sur le trottoir nord de la place du Théâtre, entredeux marronniers.Toujours là, depuis des années.
Et puis un matin, quelqu’un l’a vu… un peu plus loin.Un mètre cinquante, peut-être deux.Rien d’extraordinaire. On a cru à une opération municipale. Un réaménagementdiscret.Mais les employés de la ville n’étaient pas au courant. Aucun ordre, aucunchantier.
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Épisode 4 – "Le Dernier Dimanche"
31 août 2025
Un village figé dans un dernier dimanche d’août. Les gens y vivent encore, mais rien ne change. Ils ignorent qu’ils sont prisonniers d’un moment suspendu dans le calendrier.
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Entrée D-51 : Diffusion oblique
Ce matin,
j’ai repris l’observation du groupe 13-K.
La dérive demeure régulière stable à l’excès ; mais la lumière... se comporte étrangement.--
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Un petit pépin du côté du circuit d’eau.Rien de grave — juste un débit un peu paresseux, comme si le système s’étaitmis en veille tout seul.Pas de quoi déclencher une alerte, mais assez pour me faire sortir de ma boîte.
C’est rare.Je m’arrange d’habitude pour que tout reste à portée de bras.Mais bon. Faut bien se dégourdir les capteurs de temps en temps.
Direction le compartiment B5.Un vieux module, à moitié oublié, un peu à l’écart.L’éclairage fait la tête là-bas, ça clignote sans vraie conviction.On sent que la station s’en fiche un peu.
Je longe la paroi, je vérifie les conduites, quand je tombesur un terminal.Petit. Planqué dans l’angle.Pas le genre qu’on croise tous les jours.J’ai dû passer devant cent fois sans le voir. Ou alors je l’ai zappé.
Pas d’étiquette.Un boîtier un peu poussiéreux, comme s’il n’avait pas vu un regard depuis descycles entiers.
Je fouille dans le manuel — le vieux, en version papier, quej’étais venu chercher pour autre chose.Rien.Ce terminal n’est même pas mentionné.Ça, déjà, ça mérite un sourcil levé.
Index ∆-221 / Journal d’observation
L’obscurité s’est repliée sur elle-même.
J’ai d’abord cru à une panne de capteurs. Une erreur dans lebalayage photométrique. Mais les vérifications sont formelles : dans le secteur73-Kappa, les niveaux de rayonnement sont tombés à zéro. Pas seulementl’absence de lumière. L’absence même de vide.
Je devrais voir les traces de fond diffus cosmologique, lesbruissements de micro-ondes, les résidus de l’expansion primitive. Mais non.Là-bas, il n’y a rien. Un rien plus dense que le rien habituel. Une négationactive de l’espace.
Ce n’est pas un trou noir. Il n’y a pas de courburegravitationnelle, pas de lentille relativiste. Même la matière noire,habituellement devinée par son influence orbitale, semble fuir cette région.
J’ai tenté une émission test. Trois impulsions neutriniques,à des fréquences distinctes. Aucune réponse. Le signal ne revient pas. Il nerebondit pas. Il n’est pas absorbé non plus. Il est… perdu. Comme si les loisde la conservation s’interrompaient là.
J’ai croisé ce matin une ancienne formule thermodynamique,griffonnée dans un carnet oublié : "rien ne se perd, rien ne secrée." Ici, ce n’est plus vrai.
Je note un frémissement dans mes propres instruments. Unehésitation algorithmique. Mes modèles ne savent plus extrapoler. Il y a dans cesilence un effondrement plus ancien, plus profond, que le temps lui-même.
Je vais continuer à observer. Même si je ne sais plus ce quej’observe.
Chroniques du Parafutur – Épisode 10 : Les Veilleurs de BrècheArchiveconfidentielle — Cellule 4 – Extraction partielle :Voix : opérateur inconnu — probablement V-62.