Interlude poétique (bonus) - Gardens of memory
Molly, artiste protéiforme, fait part de son processus de deuil au sein d’un univers polyphonique.
Un hommage vibrant où la mort devient matière à la création, aux remémorations affectives et à une verbalité qui continue de se déployer autrement.
Encore une fois, merci Molly pour ce partage.
Dans la continuité de l’épisode « Éclairer ses morts », Spoon, poète et photographe, nous accompagne comme on s’assoit à la fin d’une cérémonie funéraire : le cœur encore plein, les silences chargés, et les souvenirs qui flottent.
Ses mots ne racontent pas seulement une absence — ils ravivent une présence.
Une voix douce qui honore les disparus, en creusant un espace pour la mémoire, la tendresse, et les traces que l’amour laisse derrière lui.
Merci à lui d’avoir offert cette vulnérabilité.
Merci d’avoir su poser ses mots là où nous n’osons pas toujours aller.
Pour mon père
Et pour ceux qui ont aussi perdu les leurs
"Moi, Volcan.
Aux sommets des torrents,
Ancré, plus bas qu’igname,
Le ciel dégagé, je rendrais l’âme"
Noam Sinseau
Extrait de son recueil personnel « Monsterpiece » en cours.
La poésie de Noam Sinseau comme puissance subversive.
Dans un monde qui nous nie et qui maintient des dynamiques d'invisibilisation, d'oppressions, les mots deviennent un refuge. Nous drivons alors sur le dos de nos propres affects. Avec ce besoin de revendiquer toutes nos nuances. Dans une puissance presque salvatrice.
La colère, l'allégresse, l'amertume, la brûlure de vivre.
Noam fait corps, mots - et maux - avec sa poésie. Je le remercie infiniment d'avoir accepté de partager son poème pour ce nouvel interlude.
Et si on s’explorait psychiquement par le biais de nos corporalités ?
Mixage : Darke & Bénédicte KWANGBO
Pour ce premier interlude, Alexandra m'a laissé vous partager sa voix ainsi que ses mots.
EPISODE UN : BEN DÉMARÉ
Démarrer. Dénouer. Débuter.
Ce premier épisode, presque en un sanctuaire, incarne nos premiers pas au seuil de mon nouvel espace.
Un cycle naissant apparaît. De nouvelles terres s'érigent. C'est dans cette pensée que j'ai choisi de cristalliser mon commencement.
Le terme créole, démaré, trouvant son sort à l'adversité du mot maré, renferme une constellation de significations magico-spirituelles. Il serait question de libération, délivrance, élévation lorsque le verbe maré s'affaiblit, laissant derrière lui des notions de blokaj, d'embarras, de brouillard et maléfices.
Ce bain consisterait alors à se débarrasser de ces éléments néfastes, de dé-maré, dé-nouer des situations, des états d'âme accumulés par le biais de forces invisibles -imposées ou non- ou bien par le manque d'ancrage.
Le bain démaré se lie avec une conviction intérieur où, étapes par étapes, cette purification du corps et de l'esprit mèneront à un nouveau cycle. Une nouvelle transition.
Je vous laisse entrer dans cet épisode
ben démaré - déclamé
Mixage : Bénédicte KWANGBO
Langaj douvanjou, au delà d’un podcast, est un espace intimiste recentrant le pouvoir du verbe.
Souvent jugé comme étant trop codifié et élitiste, il est encore difficile pour beaucoup d’exister légitimement en poésie. Pourtant, elle nous appartient à tous de droit, peu importe la manière dont nous la faisons exister en nous. Car elle décline nos cosmo-visions, se love dans la voûte de nos mémoires, se ploie à nos réflexions.
En tant que personne racisée, l’acte allant de l’invention à la déclamation poétique résonne en un geste de réappropriation.
Notre rapport au verbe s’inscrit dans une tradition orale millénaire. Avant l’écrit, il y avait la voix. Celle du conteur, du griot, de celles et ceux, qui par la parole, transmettaient les savoirs, les mythes, l’histoire, les résistances. Ils étaient les gardiens de la mémoire, les témoins du temps. Leur parole, vivante, mouvante, se sculptait dans l’instant, se transformait au gré des générations.
De cette manière. L’acte d’écriture n’est pas seulement un échappatoire. Il transporte, témoigne, ravive des images, en dessine d’autres.
Poésie amour
Célébrer le présent
Poésie guérir les blessures de mon enfant intérieur
Pleurer ce qui n’est plus
Poésie pleurer mes disparus
Rendre hommage à ceux qui étaient avant moi
Sublimer mes émotions
Ancrer le passé
Marer le présent
Se re-situer
Puis
S’extirper
S’enraciner
Pour s’extraire à nouveau
Crédit sonore :
Jyoti - QOVŌP