Évangile du dimanche 2 novembre 2025 – Commémoration de tous les fidèles défunts
« Dans la maison du Père, il y a de nombreuses demeures » (Jean 14, 01-06)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
Méditation - Lui, vous enseignera tout !
Au seuil de la mort de Jésus, dans ce départ à nouveau dévoilé, l’incompréhension et l’impuissance des disciples habitent leur silence. Jésus se fait Parole pour qu’ils ne restent pas à la merci de ce qui les bouleverse et les effraie. Cette même Parole cherche un espace en nous, une demeure. Là même où nous sommes si « à l’étroit » et si perdus, au cœur de ce qui nous fait perdre pied.
Et aimer le Christ, en accueillant sa Parole au plus intime, là où seul l’amour peut donner accès, en s’abandonnant, en acceptant d’y plonger, en acceptant de Le laisser descendre en nous...
Apprendre à s’accueillir, comme l’Esprit qui sait que nous sommes à l’école... Il cherche à nous enseigner ce que nous ne savons pas encore... Il désire nous enseigner tout... plus loin que la forteresse de ce que nous croyons savoir, plus loin que la conformité sécurisante à des règles morales, plus loin qu’une connaissance scolaire froide et distante, plus loin que les convictions que nous voulons imposer aux autres... Plus loin... jusqu’à faire craquer ce qui enferme la vie et l’amour. Plus loin... au plus intime en Lui et en nous.
Se laisser enseigner par l’Esprit qui nous fera souvenir, nous donnant de découvrir ce qui est déjà inscrit au creux de notre histoire... Dans la mémoire du cœur, cueillir, lettre par lettre, mot par mot, la Parole que son Amour a gravé au fil de nos jours, même sur les pages déchirées et longtemps avocates de la mort ou illisibles...
Baigner dans sa Parole... comme on le faisait pour développer les photos argentiques[1] plongées dans les bains révélateurs... Et, dans la chambre noire de nos incompréhensions, voir se révéler notre visage de beauté... notre identité tissée à même le métier de l’Amour du Père, cachée même au creux des négatifs où l’Amour du Christ nous accompagne pour vivre notre Pâques dans la sienne...
Et se lever, choisir d’avancer sur ses pas, éclairé par une foi renouvelée. Au plus intime de nous, découvrir un « chez soi », que nous n’avons pas construit... qui porte la marque de l’Amour du Père et du Fils. Entendre sa Voix qui prononce notre nom dans la chaleur du cœur brûlant et découvrir combien nous étions ignorants de tout...
Évangile du samedi 1 novembre 2025 – Tous les saints
« Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Ce matin, nous sommes convoqués à revisiter ensemble les Béatitudes :
ce chant de résistance, ce chant de grande espérance… écho au Magnificat !
Chouraqui traduit « Heureux » par « En marche ».
Cette expression « En marche » éveille en moi cette parole de Jésus au paralysé : « Lève-toi, prends ton grabat et marche! » (Jn 5,8)
Alors, aujourd’hui, proclamons :
 Lève-toi, marche, toi qui es pauvre de cœur
Tu marches humblement avec ton Dieu, attiré par sa Parole…
Chemin faisant, tu découvres que tout vient de Lui : la vie, le mouvement et l’être. (Ac 17,28)
Tu résistes à l’orgueil, à la cupidité, à la convoitise…
Tu sais partager généreusement tes dons, tes talents et ta richesse…
Vis debout, pèlerin d’espérance : déjà, tu as accès aux dons de Dieu !
Lève-toi, marche, toi qui pleures
Tu accueilles tes pleurs et ceux de tes frères et sœurs,
Tu résistes à la dureté et à la sécheresse du cœur,
Tu te laisses toucher par la souffrance et la plainte qu’entraînent le mal et la mort : avec les autres, tu les ouvres à l’Esprit…
          Vis debout, pèlerin d’espérance : la consolation vous sera donnée !
Lève-toi, marche, toi qui es doux
Ton cœur reflète la douceur du Christ. (Mt 11,29)
Avec ta force intérieure, tu résistes à vivre avec la haine au cœur.
Enseignable et humble, tu apprends à réagir devant la violence avec une charité active. 1
Vis debout, pèlerin d’espérance :
en héritage, Dieu te donnera ce qu’il donne à ses fils et à ses filles !
Lève-toi, marche, toi qui as faim et soif de la justice
Ton cœur désire s’ajuster à Dieu qui ne veut pas les sacrifices mais le partage, la dignité et l’équité pour chacun de ses enfants…
Tu résistes à l’égoïsme qui entraîne l’injustice…
Dans tes engagements, l’Esprit te donne un regard, une parole, un geste ajustés pour combattre les inégalités.
Vis debout, pèlerin d’espérance : ton cœur sera rassasié !
Lève-toi, marche, toi qui es miséricordieux
Tu vois la misère avec les yeux du cœur et tu te laisses émouvoir…
Tu résistes à la rancune et à la vengeance.
Tu avances sur le chemin intérieur pour arriver au pardon qui libère en profondeur…
Vis debout, pèlerin d’espérance : ta vie sera visitée par la miséricorde !
Lève-toi, marche, toi qui as un cœur pur
Dans ton cœur, «Amour et vérité se rencontrent » (Ps 84, 11)
Tu sais vivre dans la vérité et accueillir la vérité de l’autre,
Tu résistes à tout ce qui pourrait contaminer la source de vie en toi…
Vis debout, pèlerin d’espérance :
 tu verras Dieu dans le lever du soleil, dans le chant des oiseaux,
dans un rire d’enfant, dans le secret au cœur de toute personne !
Évangile du vendredi 31 octobre 2025 – 17e semaine du temps ordinaire
« Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? » (Lc 14, 1-6)
Un jour de sabbat,
Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens
pour y prendre son repas,
et ces derniers l’observaient.
    Or voici qu’il y avait devant lui
un homme atteint d’hydropisie.
    Prenant la parole,
Jésus s’adressa aux docteurs de la Loi et aux pharisiens
pour leur demander :
« Est-il permis, oui ou non,
de faire une guérison le jour du sabbat ? »
    Ils gardèrent le silence.
Tenant alors le malade, Jésus le guérit et le laissa aller.
    Puis il leur dit :
« Si l’un de vous a un fils ou un bœuf
qui tombe dans un puits,
ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer,
même le jour du sabbat ? »
    Et ils furent incapables de trouver une réponse.
« Tenir à la vie plutôt qu’à la Loi »
À quoi, à qui tenons-nous ? À des principes, des lois, des repères qui nous rassurent ? À ces certitudes qui nous placent du côté de ceux qui savent, qui ont raison, et qui, parfois, se croient autorisés à juger les autres ?
La question pourrait nourrir bien des débats… c’est déjà celle que les pharisiens posent à Jésus, silencieusement, par la mise en scène de cet homme malade placé devant lui, lors de ce repas où ils l’observent, un jour de sabbat.
L’évangile précise : Jésus « tenant » le malade…
Cette expression est unique et retient l’attention. Avant de le guérir, Jésus tient l’homme. Je le comprends sous la forme : il tient à lui. Son geste révèle sa proximité, sa fidélité à la vie de l’autre. Il tend la main, comme il est dit dans le psaume :
« Tends-moi la main, délivre-moi, sauve-moi du gouffre des eaux » (Ps 143,7).
Jésus touche, mais sans emprise. Il relève, soigne (le verbe grec le dit bien : soigner, et non simplement guérir), puis il laisse repartir. Il rend à l’homme la liberté de vivre. 
C’est ainsi que Jésus « accomplit » la Loi : en la mettant au service de la vie. 
De ce malade, nous ne savons rien, sinon le nom de sa maladie : l’hydropisie. 
Un mot rare, étrange, d’une précision que seul le médecin St Luc retient. Le dictionnaire parle d’œdème, mais la tradition juive y voit aussi une image spirituelle, un gonflement dû à l’excès : excès d’eau, d’orgueil, ou… de Loi. Car le midrash rappelle que le mot « guf » signifie à la fois corps et doctrine : quand la Loi se démultiplie et devient trop pesante, elle peut étouffer le corps de la doctrine, ou plus précisément la noyer. Cette eau qui met la vie de l’hydropique en danger, est celle aussi dans laquelle pourraient se noyer le fils ou l’âne de ses auditeurs. Eau source de vie, mais dont l’excès conduit à la mort.  
Ainsi, alléger ce qui est excessif, redonner souffle, c’est ouvrir un chemin de vie. 
Jésus, en guérissant un jour de sabbat, révèle que le respect de la Loi n’a de sens que s’il sert la vie. Le sabbat, jour de repos, devient jour de relèvement. 
Alors, à quoi, à qui tenons-nous ?
Sommes-nous prêts à reconnaître que tenir à la Loi n’a de valeur que si nous tenons d’abord aux personnes ?
Jésus ne supprime pas la Loi, mais il en révèle la finalité : elle est au service de la vie, de la relation, de la croissance.
Dans l’accompagnement spirituel comme dans la vie quotidienne, il ne s’agit pas de se réfugier derrière un principe pour éviter d’avoir à exercer son discernement, mais d’oser écouter ce que notre conscience inspire dans chaque situation.
Tenir à la vie, tenir à l’autre, tenir à Dieu : voilà la Loi accomplie.
Libère-nous, Seigneur, de ce qui alourdit nos cœurs, de nos excès de loi, de nos certitudes trop étroites.
Donne-nous un regard qui choisisse toujours la vie, et une parole qui relève plutôt qu’elle ne juge.
Évangile du jeudi 30 octobre 2025 – 30e semaine du temps ordinaire
« Il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem » (Lc 13, 31-35)
En ce jour-là, quelques pharisiens s’approchèrent de Jésus pour lui dire : « Pars, va-t’en d’ici : Hérode veut te tuer. » Il leur répliqua : « Allez dire à ce renard : voici que j’expulse les démons et je fais des guérisons aujourd’hui et demain, et, le troisième jour, j’arrive au terme. Mais il me faut continuer ma route aujourd’hui, demain et le jour suivant, car il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem.
Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre temple est abandonné à vous-mêmes. Je vous le déclare : vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vienne le jour où vous direz : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
Méditation - Vous ne me verrez plus
En priant la Parole de ce matin, monte en moi ce verset de saint Jean : « Je suis venu en ce monde pour que ceux qui ne voient pas puissent voir (Jn 9.39) ». Alors que le Christ monte vers sa Pâques et que sa chair disparaîtra sur la croix, sa venue éclairera de vie ceux et celle qui n’avons pu le voir. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
Cette venue, depuis deux millénaires et pour les siècles des siècles, ne peut être repérée que par les yeux de notre intériorité, par le regard de notre essence-enfance qui tapisse notre cœur profond. En ce sens, mon accomplissement, le vivant de ma vie, n’est pas une réalité à conquérir, à réussir ou à mériter. C’est un réel à cueillir, à laisser mûrir, à découvrir par une naïveté toute spirituelle. C’est l’immensité de l’instant à savourer avec une joie immaculée; la joie évangélique des apôtres en envoi, d’une Marie si maternelle à Cana, d’une Samaritaine qui s’élance sans cruche vers les siens.
Un jour vient dans les saisons de nos vies, où le Seigneur nous ressuscite par sa venue à travers l’autre. Certains l’appellent conversion, d’autres résilience, croissance post-traumatique ou lâcher-prise profond. Fixant la lumière à travers les noirceurs de la morsure d’un cancer, de l’usure d’un deuil familial, du naufrage inouï d’un proche jusqu’à s’enlever la vie, c’est parfois à cette condition que nous l’apercevons : lui le Vivant de toute vie. Voir le Christ quand ma pauvreté est illuminée par la pauvreté de l’autre à ma rencontre alors que je suis impuissante, humiliée, fragile. Une pauvreté qui me rend digne d’admiration pour le Père alors que je désire de moins en moins être admirée.
C’est la posture de l’enfant, absorbé et croyant, qui joue librement dans la clarté étoilée. C’est la posture de l’enfant qui, à partir d’une intériorité qui a faim, reste ouvert à l’inédit que révèlent les ruines de mon chemin blessé. C’est encore la posture de l’enfant qui accepte l’impossible comme une chose tout à fait normale car la vie surnaturelle, ce réel tissé dans le spirituel, prend les apparences de l’insouciance. Cette enfance-essence qui nous habite porte le goût de l’infini et la saveur de l’éternité, elle nous rappelle que ce que je crois n’est pas ce que je sais, ce que je vois n’est pas ce qui est visiblement conforme.
Évangile du mercredi 29 octobre 2025 – 30e semaine du temps ordinaire
« On viendra de l’orient et de l’occident, prendre place au festin dans le royaume de Dieu » (Lc 13, 22-30)
En ce temps-là, tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : “Seigneur, ouvre-nous”, il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes.” Alors vous vous mettrez à dire : “Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.” Il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.” Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »
La porte étroite du cœur de Jésus est largement ouverte.
À la question concernant le nombre des sauvés, Jésus refuse de répondre. Jésus pressent-il que cette question dissimule le secret désir de se valoriser soi-même au détriment des autres pour mieux les juger ? Se croire du petit nombre des gens sauvés revient à se placer en sécurité au-dessus de tous. L’écrivain Stendhal dédicaçait La Chartreuse de Parme « to the happy few ». Avec dédain, il réservait son roman « à quelques rares privilégiés ». Le savoir de l’intelligence donne le sentiment de faire partie de l’élite de ceux qui savent… Mais, l’évangile de Jésus-Christ ne se place jamais au-dessus du terrain ordinaire de la vie. Jésus réveille le cœur qui est une adhésion de l’être, il suscite un partage d’amour. Jésus ne livre pas des connaissances spéciales sur l’avenir qui nous dispenseraient du combat quotidien de la foi.
Qu’est-ce que le combat de la foi ? C’est une aventure intérieure que l’on vit en engageant son existence. Lutter contre sa propre pesanteur en lâchant ce qui alourdit, se dégager des imaginations de grandeur en se coulant avec souplesse dans les passages étroits. Celui qui ne se soucie plus de réaliser ses propres projets, mais reçoit du jour présent ce qu’il faut pour suivre le Christ, celui-là a lâché l’encombrant bagage du moi. Oubliant que nous sommes aimés du Père, notre psychisme blessé court dans tous les sens pour rattraper notre dignité perdue. Affolé par notre faiblesse, le moi prétend compenser notre vide en y jetant toutes sortes d’illusions. Le moi se carapate comme un canard sans tête. Nous perdons la tête dans des courses folles pour ramasser notre vie en fuite. Quel malheur ! Cette porte par laquelle nous voulons entrer pour nous sauver par nous-mêmes est toujours plus haute, toujours plus exigeante. Combien dans notre société perdent la santé et le goût de vivre à force de courir derrière les performances ? La barre est très haute !
Mais, en vérité, suivre le Seigneur est un chemin qui est plus humble et plus humain : « Car mon joug est doux et mon fardeau est léger » (Mt 11,30). Au contraire des exploits imposés par notre société, le premier geste de la foi consiste à accueillir sa faiblesse. Celui qui croit sait qu’il est aimé de Dieu jusque dans sa petitesse. Inutile de forcer la porte du salut les mains encombrés de grandeurs, car seules les mains vides sont capables de recevoir les richesses de Dieu.
No 53 – série 2025-2026Évangile du mardi 28 octobre 2025 – Saints Simon et Jude
« Il en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres » (Lc 6, 12-19)
En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître.
Jésus descendit de la montagne avec eux et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus l’entendre et se faire guérir de leurs maladies ; ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs retrouvaient la santé. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous.
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
La lumière du soleil nous parvient après avoir parcouru les 150 millions de kilomètres qui séparent la terre du soleil en 8 minutes et 03 secondes. Nous sommes une fibre tissée dans l’immense vêtement de l’univers. Cette onde lumineuse nous met en mouvement dans son ondulation. « L’onde que nous sentons passer ne s’est pas formée en nous-mêmes. Elle nous arrive de très loin – partie en même temps que la lumière des premières étoiles. Elle nous parvient après avoir tout créé en chemin. » (1) Chaque être vivant emporté par cette énergie est déposé un peu plus loin dans l’aventure de la vie, attendant une autre vague qui poursuivra l’élan. Pourtant, cette onde dont notre chair se forme, nous ne pouvons dire qu’elle nous envoie. Elle nous met en mouvement, son flux nous contraint d’avancer, mais, elle ne nous envoie pas.
Sans l’Esprit Saint, les signes naturels que Dieu offre à tous (comme la lumière, la station debout, la chance d’exister) perdent leur beauté. Sans la foi, ces signes s’évaporent et n’articulent plus une parole qui réjouit la vie. Alors, égarés dans l’existence, les hommes errent en aveugle. Jetés dans le monde, ils n’ont pas le sentiment d’être envoyés dans l’existence pour y accomplir une mission gorgée de sens ! Car, pour l’homme, l’envoi n’est pas un fait naturel, mais une réalité mystique qui jaillit des profondeurs de Dieu. Recevoir de Dieu notre existence comme un envoi est une grâce donnée à un cœur filial. L’ancienne liturgie latine terminait la messe par la formule : « Ite Missa est » qui signifie « Allez, c’est l’envoi » ou « Allez, c’est le temps de la mission ». Avec ces derniers mots de la messe, un envoi commence pour délivrer dans la vie la joie reçue à la table du Seigneur. Nourris par le pain de vie, les disciples de Jésus marchent dans le monde où ils sont envoyés.
Du nombre de ceux qui Le suivent, Jésus choisit douze pour former le corps des apôtres. Le Peuple d’Israël structuré en Douze tribus constituées autour d’un des douze fils de Jacob (Gn 35, 22-26) disait la diversité du peuple et son unité dans la promesse faite aux patriarches. L’élection d’Israël n’est ni une supériorité, ni un privilège, mais le signe d’un don. Ce chiffre Douze, Jésus le reprend et l’oriente vers l’envoi. Pourquoi envoyer des disciples dans le monde ? Les douze tribus d’Israël demeuraient à l’intérieur de la Terre Promise. Avec Jésus les temps mûrissent, l’élection d’Israël accomplit sa vocation universelle dans le déploiement pour tous des dons de Dieu : « Il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres. » En effet, le mot « apôtre » vient d’un verbe grec qui signifie « envoyer ».
Ce qui est donné à Israël concerne l’humanité entière. Jésus accomplit la prophétie de Jérémie dans laquelle Dieu promettait une « alliance nouvelle » (Jr 31,31), non plus écrite...
Évangile du lundi 27 octobre 2025 – 30e semaine du temps ordinaire
« Cette fille d’Abraham, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? » (Lc 13, 10-17)
En ce temps-là, Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue, le jour du sabbat. Voici qu’il y avait là une femme, possédée par un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et absolument incapable de se redresser. Quand Jésus la vit, il l’interpella et lui dit : « Femme, te voici délivrée de ton infirmité. » Et il lui imposa les mains. À l’instant même elle redevint droite et rendait gloire à Dieu.
Alors le chef de la synagogue, indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. » Le Seigneur lui répliqua : « Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Alors cette femme, une fille d’Abraham, que Satan avait liée voici dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? »
À ces paroles de Jésus, tous ses adversaires furent remplis de honte, et toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.
Luc l'évangéliste-médecin raconte cet épisode de Jésus guérissant une femme courbée. Il situe l’un des combats humains (la souffrance et le regard des autres) au cœur de toute la dynamique spirituelle. L'Écriture dit qu'un esprit la rendait si courbée, au point qu’elle était incapable de se redresser depuis 18 ans. On savait même depuis quand elle a été ‘’possédée’’ par cet esprit mais on ignore son âge et son nom ce qui nous la rend étrangement contemporaine. Aujourd’hui, on aurait pu donner pour nom à cet esprit ''la camptocormie'', une forme de cyphose chez les adultes qui est aussi appelée syndrome de la colonne vertébrale courbée. Ce mal peut être le symptôme de plusieurs maladies. Tiens!!!
Cette femme donc se trouve dans la synagogue comme tout le monde. Elle fait partie des hommes, des femmes et des enfants dont on se détourne par gêne, par peur, par pudeur et sa ténacité à avoir une vie normale force d’admiration. La honte qui habite les regards des autres qu’elle croise l’habite aussi, la gêne et les regards de pitié et la fuite l’habite mais elle est là.
Jésus la sort de l'anonymat, l’interpelle. Il lui redonne sa dignité sociale. C’est lui qui, interrompant ce qu’il faisait, lui accorde toute son attention au point de lui imposer les mains. Il lui donne la santé. Il la restaure physiquement. Jésus dit : « te voici délivré de ton infirmité » autrement dit te voici libre face à cette infirmité. Prends ton envol. Prenons le temps de recevoir cette parole de Jésus pour nous aujourd’hui.
Il y a un chemin qui se fait en elle et qui est la marque de l’agir du Seigneur. Restaurer, libérer pour faire entrer dans l’espace de la grâce, le lieu d’une rencontre intime. Le signe extérieur de la guérison concrétise le vécu interne.
Le récit aurait pu s’arrêter là. Mais le chef de Synagogue, par sa remarque, oblige Jésus à clarifier le véritable respect du sabbat qui contente Dieu et les hommes: ''la joie de Dieu et c'est l'homme debout, d'une part, et La joie de l'homme et c'est un Dieu sauveur d’autre part.'' (st Irénée de Lyon). L'hypocrisie du chef de la synagogue ne nous est pas étrangère. Voyons un peu: qui est Dieu pour moi et quelle est ma relation avec lui? Nous verrons nos hypocrisies. Personne n'est parfait. Il ne s'agit pas de culpabiliser.
Je me suis surprise à penser aux différentes courbures vertébrales qui nous empêchent de lever les yeux; ces esprits qui nous recroquevillent sur nous même, réduisent notre espace et notre vision.
Évangile du dimanche 26 octobre 2025 – 30e dimanche du temps ordinaire
« Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien » (Lc 18, 9-14)
En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Être vu!
La mode des selfies est éloquente de ce besoin... comme si au cœur de l’anonymat et de l’indifférence qui marque notre époque, les personnes vivent dans la crainte de passer inaperçu. Chaque selfie est un miroir à travers lequel nous maîtrisons l’image que l’on veut projeter. Sans trop nous en rendre compte, nous devenons prisonniers d’un monde où l’apparence tient lieu de vérité. Un sourire peut cacher un vide immense qui n’ose pas encore se dévoiler dans la crainte d’être jugé. Nous cherchons un visage qui enfin nous regarde. Lancé comme une bouteille à la mer au cœur de l’océan numérique, notre quête tente de se rassurer à coup de « like » qui n’offrent que des calories vides... Le virtuel qui se moque des distances... nous garde en distance de la vraie rencontre ! Nous avons besoin d’un contact, d’une présence, d’une reconnaissance, d’une chaleur humaine. Derrière l’image que nous présentons de nous-même, n’y a-t-il pas cette espérance qu’un jour nous pourrons faire l’expérience d’être reconnu et accueilli au plus profond de nous-mêmes, sans maquillage et sans fard, sans que nous ayons besoin d’exister par l’image « photoshopée » de nous-mêmes ?
Le Regard du Christ nous embrasse. Sa Parole veut nous faire entrer dans la découverte de ce Regard du Père, qui est la Source de notre vie et de notre identité. Ainsi, Il ne veut pas que nous restions prisonniers de ce miroir où nous nous contemplons dans notre vertu ou dans notre misère... Cette contemplation de nous-mêmes nous garde en exil de la rencontre qui cherche à nous sauver.
Pour les bons pratiquants que nous sommes, il nous est facile de trouver le repos dans la réalité de tout ce que nous avons mis en œuvre pour vivre notre foi. La conscience d’une certaine pratique qui a assumé bien des défis, qui a traversé le temps et nous a permis de « passer au travers » comme on dit. Cette pratique est née de notre recherche spirituelle et d’une quête profonde, dont la teneur nous a donné de trouver un sens à notre vie et d’apporter une lumière précieuse pour notre intelligence. Elle a été source d’une croissance dans la capacité de mobiliser notre volonté.
Évangile du samedi 25 octobre 2025 – DÉDICACE DES ÉGLISES consacrées dont on ne connaît pas la date de consécration
« Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 13-19)
          En ce temps-là,
   Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
   Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
   Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
   Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
   Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
   Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
   Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »
Une identité fondatrice
Aujourd’hui, nous retrouvons Jésus qui nous interpelle sur l’identité, tant la sienne que la nôtre…. Accueillons ses questions pour nous :
En ce temps qui est le nôtre : Au dire des gens , qui est le Fils de l’homme?
Pour les uns, un grand homme?
Pour les autres, le fils de qui déjà?
Et vous, que diriez-vous?
Accueillons aussi son désir de s’approcher de nous : Et vous, que dites-vous?
Quelle est votre parole sur moi ? Toi, que dis-tu de moi?
Prenons un moment pour une première réponse intérieure… (silence)
Entendons maintenant son désir d’intimité avec nous :
Pour vous qui suis-je? Qui suis-je pour toi?
Saurons-nous comme Pierre, entrer à l’intérieur et nous laisser surprendre par ce que l’Esprit nous donnera de découvrir : Quelle réponse m’est donnée dans mon cœur?
Pour ceux parmi nous qui adhèrent aux paroles de Pierre : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, quel chemin intérieur avons-nous vécu pour arriver à cette proclamation?
Pierre a traversé ses doutes, ses peurs; il a assumé sa fougue, sa faiblesse, ses avancées, ses reculs…
Ses paroles Oui Seigneur,(…) tu sais bien que je t’aime (Jn 21, 17) …
À qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle(Jn 6,68) ,
ses paroles témoignent qu’Il a vraiment rencontré le Ressuscité, il a vécu l’expérience de la Pentecôte…
Et nous, quelles résurrections avons-nous vécues, quels passages de nos vies sont devenus des Pâques avec Lui pour affirmer Tu es le Christ ?
Laissons maintenant Jésus prononcer notre prénom et nous reconnaître fils, filles de parents humains, (nommons devant lui nos parents,) C’est à chacun et chacune de nous qu’il dit aujourd’hui : Éric, fils de.. ; Josée, fille de…
Entendons maintenant ce nom intérieur qu’il nous donne quand il bâtit son Église en nous et par nous : Accueillons Tu es mon fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée… Mon Esprit en toi fait de toi un temple de l’Esprit, un sanctuaire1… Tu es une pierre vivante dans mon Église2… Oui, j’ai besoin de toi pour incarner le Corps du Christ avec les autres convoqués.
Et tout ce que vous lierez dans ce temple que vous êtes sera lié dans le ciel…
Et ce que vous délierez sera délié dans les cieux…
Évangile du vendredi 24 octobre 2025 – 29e semaine du temps ordinaire
« Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » (Lc 12, 54-59)
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive. Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui, afin d’éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’huissier, et que l’huissier ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. »
Méditation - Appelés à être de véritables enfants de Dieu
De nos jours, nous sommes surement plus avancés dans les prévisions météorologiques. À l'aide de nos appareils électroniques, il est facile d'obtenir des informations précises sur le temps, sans même avoir besoin de regarder et d'interpréter « l'aspect de la terre et du ciel ». Il est clair que l'humanité a évolué considérablement par rapport au temps du Christ. L'activité intellectuelle des humains est indéniablement le moteur de toutes ces manifestations du progrès scientifique et technique. C'est toujours étonnant : quel potentiel énorme se trouve dans l'être humain, créé à l'image de Dieu! Ce potentiel est loin d'être totalement dévoilé. Il ouvre toujours la voie vers de nouveaux horizons, vers l'infini…
En méditant sur l'Évangile d'aujourd'hui, une interrogation me traverse l'esprit : malgré nos avancées en science et en technologie, avons-nous également progressé dans notre compréhension du message du Christ ? Est-ce que nous avons pu identifier « ce moment-ci » dont le Christ parle et l'interpréter correctement ? Avons-nous reconnu sa présence divine dans nos vies et nos histoires ? Si la réponse est affirmative, quelle orientation prenons-nous ensuite à tout cela ?
Je pense à cette foule de baptisés de XXI siècles à laquelle j’appartiens moi aussi et à laquelle la parole du Christ est adressée aujourd’hui. Par le baptême, nous sommes régénérés comme filles et fils de Dieu, nous devenons membres du Christ incorporés à l’Église et, comme « une nouvelle créature », nous participons à sa mission (cf. CEC 1213-1214). Immergés dans les sacrements de l'Église, nous sommes appelés à découvrir avant tout la dimension sacramentelle de notre être et de notre vie. En nous laissant transformer par cette Parole, nous devenons à notre tour un signe visible de sa présence dans ce monde. Vivons-nous véritablement en tant qu’enfants de Dieu ?
« Hypocrites ! » – ce mot fort utilisé par le Christ me secoue intérieurement. Il me rappelle que c'est si imperceptiblement facile de glisser dans un plan où la cohérence commence à manquer entre les actions et les intentions véritables. Si facile de se laisser influencer par la psychologie de la foule, se laisser manipuler par une rumeur entendue, une sensation, une idéologie, de commencer à faire tout pour paraître mieux aux yeux des autres… On peut être baptisé et rester juste au niveau des apparences, des manifestations extérieures, des symboles qui sont vides de sens.
Évangile du jeudi 23 octobre 2025 – 29e semaine du temps ordinaire
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division » (Lc 12, 49-53)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Méditation - Bonté de feu
Un Dieu qui apporte le feu, la division et prédit le déchirement des familles! L’image de Jésus portant un agneau sur ses épaules ou lavant les pieds de ses disciples paraît se dissiper devant la dureté de la Parole de ce matin. Lorsque je méditais le passage de la semaine dernière qui écorchait tout autant; seule la résistance spirituelle à la dévastation du monde s’imposait à ma prière, à mon esprit, teintant mes mots de sens et de justesse. D’ailleurs, un peu plus loin dans l’Évangile de Luc, Jésus déclare : « Celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une! (Lc22.36b) » Jésus refusera les deux épées apportées par les disciples comme il réprimandera Pierre d’avoir tenté de le secourir lors de son arrestation. Guérissant l’oreille coupée du serviteur du grand prêtre et laissant là les pots cassés de l’image de soi. Comme nous le rappelle Lytta Basset, « Tel est son chemin de vie, qui peut devenir le nôtre : aller jusqu’à la mort de l’image de soi. Accepter d’être pris et condamné pour ce qu’on n’est pas. (Paroles de feu, 2025, p. 96) ».
Goûter au feu du Christ, passer au creuset de la conversion, être allumé de foi : c’est laisser s’enflammer nos oripeaux sous l’impulsion de l’amour. Ce manteau défraîchi, ajusté à l’étroitesse et taille de notre enfant blessé. Cet enfant blessé, pourvu d’un reste de splendeur donnant désormais un aspect théâtral et parfois ridicule à l’adulte devenu. Cette armure de respectabilité fabriquée, cette sous-personnalité cousue d’enfance et de blessures, ces rôles que l’on porte comme autant d’accessoires qui déguisent l’identité profonde. Cette identité profonde, filiale à laquelle Jésus nous invite, c’est au tranchant du courage d’être qu’elle peut enfin se dénuder. C’est au discernement du non-mensonge et de la non-violence que l’image de soi s’étiole pour révéler le don unique que je suis, la parole vivante que j’incarne dans l’Unique Parole qu’est le Christ.
Évangile du mercredi 22 octobre 2025 – 29e semaine du temps ordinaire
« À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup » (Lc 12, 39-48)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Dès le jour de notre baptême, nous entrons dans la vie éternelle. Le monde matériel dans lequel nous évoluons est cette maison dans laquelle le Fils de l’homme nous institue comme économe vigilant de Son amour. Dieu remplit les greniers du monde de tout ce qu’il faut pour le bonheur de tous… à nous d’en faire le partage. Là où grandit la vie, là aussi grandissent le travail qui soigne et la responsabilité qui protège. Lorsque le Seigneur accorde largement Ses dons, du même coup il distribue des devoirs, puisque les dons servent à faire grandir en humanité. Nous sommes les gardiens de nos frères et de nos soeurs. Cette maison de fraternité est donc notre affaire. « Le maître de maison » compte sur chacun de nous pour être un intendant loyal. Avec bon sens, l’intendant gère les biens, il veille à ce que tout se passe pour le mieux. La parabole devient d’une précision technique étonnante. C’est un vrai cours d’organisation des entreprises : il vérifie « la ration de nourriture », il surveille la préparation des repas, leur contenu et l’heure de distribution. La ponctualité du service et sa qualité témoignent d’un cœur qui donne. Une table familiale bien dressée qui accueille des mets savoureux dit quelque chose de Dieu.
Mais, il est malheureusement possible d’oublier que le Créateur donne généreusement, que le Fils initie au partage et que l’Esprit suggère de bonnes idées pour réaliser concrètement ce qu’est l’amour. Sans cette dynamique de vie, tout se disloque. Le travail défiguré par une cadence trépidante ruine le corps et casse les relations. Quand le travail se résume à une activité mécanique et hachée, le sens se dessèche. Or, le sens, reçu de Dieu, doit être vivifié dans la foi… pour le bien de tous. Ainsi, « l’intendant fidèle et sensé », se souvenant de la maison qu’il gère et du maître qu’il sert, comprend son travail comme un service. Pour celui qui est fidèle, chaque instant se relie à la vie éternelle comme à sa racine. Chaque activité matérielle tire son sens de la relation qu’elle honore. Dès lors, le serviteur est prêt à rendre ses comptes, puisqu’il agit en lien avec l’esprit du maître de la maison. « Les tâches de Dieu sont le mieux remplies quand le serviteur n'oublie jamais qu’à tout instant il peut être appelé à en rendre compte. Donc quand chacun de ses instants temporels est immédiatement vécu et rempli face à l'éternité et orienté vers elle. » (1)
Évangile du mardi 21 octobre 2025 – 29e semaine du temps ordinaire
« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller » (Lc 12, 35-38)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! »
Dans le texte, Jésus nous dit : Restez en tenue de service ….et veillez. On pourrait croire que Jésus nous demande de rester attaché à son service, car autrement nous ne pourrons pas être heureux. À première vue, on pourrait croire que nous devons être continuellement à l’œuvre en train de poser des gestes de charité envers les autres.
Assurément, cela Lui ferait plaisir de constater que nous sommes à l’œuvre lorsqu’Il viendra nous visiter. Mais, est-ce là tout ce que cette recommandation de Jésus nous dit ? D’abord, elle est adressée à ses disciples, c’est-à-dire à des gens qui ont tout abandonné ce qu’ils avaient, jusqu’à laisser toutes les personnes qu’ils chérissaient. Ils Lui ont juré fidélité et l’on suivit.
Le Seigneur leur demande quelque chose de plus, c’est de veiller et de demeurer vigilants lorsqu’Il ne sera plus avec eux. Ils ne devront en aucun moment laisser le Mal entrer dans leur vie. Ils devront se souvenir qu’ils ont été choisis pour Le représenter dans le monde. Ainsi, lorsqu’on les regardera, ce sera Lui que l’on verra. Lorsqu’ils parleront, ce sera Lui qu’on écoutera. Comme ils seront dorénavant son représentant, ils devront donner l’exemple en toutes occasions. On devrait voir d’eux des traits qui caractérisent leur Maître, tel que : la fidélité, la justice, la miséricorde, la bienveillance, l’humilité, le détachement, la piété, le respect, et bien d’autres, sans oublier l’amour en tout.
De plus, le disciple est l’intime du Maître. Il le connaît, il connaît sa Volonté et il en tient compte dans toutes ses décisions. Et si dans certaines situations, il n’arrive pas à la déceler, il demande l’aide de l’Esprit du Maître pour lui apporter son éclairage. Toutefois, il ne doit jamais se prendre pour Lui et agir à sa place, mais plutôt s’unir à Lui pour toutes les œuvres se rapportant à son ministère. Il doit également éviter de donner des conseils ou des directives qui risqueraient de priver la personne de la liberté que Dieu Lui accorde, car le Seigneur en a fait sa mission sur terre.
Éventuellement, c’est le Maître qui passera les servir. Dans la mesure où leur cœur est disponible, Il leur donnera tout ce dont ils ont besoin pour œuvrer à sa suite. Il leur accordera les dons qu’ils offriront à leur tour. Il se fera présent pour œuvrer à leur côté. Heureux serez-vous alors, si vous êtes préparé à accueillir le Seigneur, car œuvrer à ses côtés vous lie intimement à Lui.
Finalement, par cette Parole Jésus nous dit de rester dans une attitude de purification de notre cœur et d’accueillir son pardon pour tous les manquements que l’on pourrait avoir. Il attend de nous qu’on Lui confie notre désir d’œuvrer avec Lui pour la construction de la Nouvelle Jérusalem. Dans cette disposition, Il accordera tout ce que le disciple Lui demandera. Autrement, toute action, aussi bonne soit-elle, risque de nous faire glisser dans une attitude de toute-puissance et de se prendre pour Lui.
À l’expression : « Veillez et restez en tenue de service » Jésus aurait pu ajouter une autre de ses Paroles relevée par Luc au verset 1 du chapitre 18, « Priez sans cesse » pour échapper au Mal qui vous assaille de toute part.
Évangile du lundi 20 octobre 2025 – 29e semaine du temps ordinaire
« Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12, 13-21)
En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.” Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?” Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède.
Les choses les meilleures que nous possédons ou que nous essayons de posséder sont insaisissables. La joie, l’espérance, la foi, l’amour, aimé et être aimé. Donner et recevoir. Aider et recevoir de l’aide…Pour ces possessions il n’y a pas de limite parce que l’accumulation qui est faite là se trouve dans les desseins de Dieu à notre égard. car c’est lui ‘’le Bien véritable sans qui il n’y a aucun bien.’’(François d’Assise)
Le fait que l’évangile de ce jour nos présente, est étrange. Quelqu’un demande à Jésus d’intervenir pour que son frère partage avec lui, leur héritage. Ce qui sous-tend cette demande n’est pas juste le légitime fait de partage équitable entre deux frères mais cette petite chose subtile: La plainte. Les plaintes issues de nos avidités déguisées n’échappent pas à Jésus. Il veut nous en guérir.
Les héritages. Ces biens qui ne sont pas les nôtres !!!Que de mal se fait au cours des successions non-préparées. Ces moments qui devaient être des moments pour rendre grâce, partager ce que la personne disparue a été pour la famille sont devenues des révélateurs de tensions…
Cultivons ce qui est éternel. Quelques questions peuvent nourrir notre temps de méditation. De quoi sommes-nous avides? Quel est l’héritage de ma foi? Aujourd’hui, que vais-je demander à Jésus pour moi, pour les miens et pour les autres? Qui dit avidité dit aussi élan. Vers quoi ou vers qui je suis tendu (e) ? Cette chose, cette personne me renvoie-t-elle à la source qu’est Le Christ en moi? Me connecte-elle à ma mission? La mission ne s’achète pas elle se reçoit.
Être riche en vue de Dieu ou aux yeux de Dieu nous contente toujours, contente Dieu et contente beaucoup de monde. N’ayons pas peur, Dieu ne nous enlève rien il nous donne. Il y a une mise de fond qui est demandée. Cette mise de fond est la confiance en lui.
Utiliser ses biens matériels et spirituels pour le bien des autres et pour la croissance du royaume de Dieu, plutôt que pour un enrichissement personnel égoïste c’est bien. Elle serait meilleure si cette générosité est liée à une intimité réelle avec le Christ.
Prions :
Seigneur, tu es le Bien souverain. Merci de te donner à moi pour que tout mon cœur s’ouvre à la souveraineté de ton amour.
J’ai du mal à ouvrir ma pensée pour accueillir l’invitation que tu me fais de partager un peu de mon regard bienveillant, un peu de ma parole bienveillante et positive lorsque mes intérêts semblent menacés. Pardonne-moi les justifications qui surgissent lorsque mes greniers sont pleins et que je songe à les démolir pour en faire de plus grands et de plus puissants.
Évangile du dimanche 19 octobre 2025 – 29e dimanche du temps ordinaire
« Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui » (Lc 18, 1-8)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Toujours prier sans se décourager...
Dans l’Évangile de St-Luc, cette interpellation se situe entre cette question des pharisiens sur le moment de la venue du Règne de Dieu qui marquera la fin des temps (au chapitre 17) ET sa mort sur la Croix qu’Il vivra bientôt...
Nous habitons cet espace entre cette réalité des finitudes de notre vie et de notre monde... ET ce Don que le Christ fait de sa vie pour nous sauver.
Sa Parole est une Arche d’Alliance qui rend possible la traversée au milieu des eaux de tant de déluges... déluges d’informations, déluges des pertes de repères, déluges d’indifférence, de guerres, déluges de changements climatiques, déluges d’épuisement des ressources et de disparition des espèces, déluges de fatigues...
Sa Parole nous donne aussi d’avancer pour ne pas céder à la nostalgie et à la peur du changement, au danger de la pluie de feu et de soufre où nous expose notre regard en arrière et l’attachement à ce qui ne peut que mourir.
Déluges et feux... Inondations et feux de forêt... Ils ne sont pas que climatiques.
Nos peurs en témoignent...
L’internet est pollué de ces injonctions spirituelles dont le moteur secret est justement la peur devant un monde que l’on décrit comme s’en allant « chez le diable ». Le chaos est réel et les souffrances dont l’homme est la cause sont nombreuses... mais le Regard de Dieu ne doute jamais de nous. Alors même que Jésus sait qu’Il sera mis à mort, Il appelle le surgissement du meilleur de nous-mêmes en nous invitant à la prière persévérante, pour communier à la sienne. Même au milieu des déluges et des feux, Il ne fait jamais de nous les « ténors » de la condamnation du monde et des autres. Les fondements de cette tentation reposent sur notre propre aveuglement sur nous-mêmes. Le jugement et la condamnation sont myopes sur la vie : ils ne font que nous garder dans une lecture engendrée par le mal, celui-là même qui est en nous et qui n’a pas fait l’expérience de la Miséricorde. Comme l’amour, la prière est une réalité que l’on ne peut posséder. Elle n’est pas un acquis, une possession... dès que nous croyons la tenir comme un contenu, une formule bien récitée, un « faire » ou un « savoir-faire », notre vie se sclérose à travers la mise en bouteille du Souffle... Il ne peut plus souffler dans cette autosuffisance. Éveillant le pauvre en nous où nous pouvons nous laisser guider, la prière respire dans cette rencontre qui nous déloge et nous ouvre un chemin toujours inédit. La prière, comme l’amour n’a pas de bout. Elle nous inscrit sur un chemin à vivre... Ce cheminement parle tout à la fois de notre capacité de marcher... et de l’Appel de Dieu qui veut nous conduire plus loin, jusqu’à cette demeure du plus intime en nous et en Lui. Elle implique cette réalité du dialogue de 2 mystères : le nôtre et Celui de Dieu. Notre prière parle de notre vie, avec sa blessure, ses besoins et son désir profond.
Évangile du samedi 18 octobre 2025 – Saint Luc
« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux » (Lc 10, 1-9)
En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison.” S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” »
Allons récolter l’abondance!
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours lu cet Évangile comme si Jésus nous envoie travailler activement à sa mission : allons évangéliser avant qu’Il se rende là où Il nous envoie……
Ce matin, renversement de situation ! Je me souviens : Le maître de la moisson a jeté en terre la semence, dans un geste large et généreux et ce, peu importe la terre…
Et je découvre : C’est maintenant l’heure de la moisson…
Jésus nous annonce que la récolte est abondante…
Aujourd’hui, nous voilà donc envoyés deux par deux ! Je prends un moment pour nommer quelques personnes avec qui je marche , sachant que nous sommes envoyés ensemble par Jésus… Et je regarde mon agenda : quelles rencontres sont prévues aujourd’hui ?
Alors, venez, allons récolter ce que Dieu a semé…
Voyageons léger…
Laissons derrière nous nos diplômes, nos grandes théories…
Deux par deux, soyons uniquement présents, disponibles , dépouillés de nos désirs de convaincre, désarmés de nos volontés d’avoir raison et prions pour que d’autres se joignent à nous…
Humblement, simplement, arrivons près de la terre sacrée qu’est l’autre…
Arrivons avec cette salutation intérieure : Paix à toi!
Mais avant de saluer ainsi, sondons notre propre cœur : Mon cœur est-il en paix, est-il désarmé?
Et rappelons-nous : Jésus nous envoie là où Il ira…
Ne nous laissons pas distraire en route par toute sorte de salutations ou exhortations…
Restons dans la paix, quel que soit l’accueil qui nous est fait…
Entrons simplement dans les maisons où on nous accueille… Ne forçons aucune porte… Accueillons librement l’hospitalité offerte… Accueillons le don unique de l’autre qui prend soin de nous… Partageons et ensemble regardons la moisson :
Contemplons comment les couleurs uniques que Dieu a déposées dans le cœur des personnes se sont déployées… comment les talents donnés ont porté du fruit…
Que voyez-vous? Regardez!
Dans chaque région,
combien de programmes concrets se sont développés ou sont en développement pour nourrir, loger, soutenir les plus vulnérables;
combien d’artisans et de bénévoles luttent dans divers organismes pour promouvoir la dignité des personnes, la paix, la lutte contre le racisme;
combien de nouveaux projets en agriculture de proximité protègent la terre et soutiennent les personnes en situation précaire autour d’eux;
combien de personnes s’engagent pour revitaliser leur village, leur communauté, favoriser la démocratie;
combien d’initiatives en justice réparatrice, etc…
même les banques alimentaires du Québec se nomment Moisson
Oui vraiment la moisson est abondante!
No 42 – série 2025-2026Évangile du vendredi 17 octobre 2025 – 28e semaine du temps ordinaire
« Les cheveux de votre tête sont tous comptés » (Lc 12, 1-7)
En ce temps-là, comme la foule s’était rassemblée par milliers au point qu’on s’écrasait, Jésus, s’adressant d’abord à ses disciples, se mit à dire : « Méfiez-vous du levain des pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie. Tout ce qui est couvert d’un voile sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Aussi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits. Je vous le dis, à vous mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre. Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous. Or pas un seul n’est oublié au regard de Dieu. À plus forte raison les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus qu’une multitude de moineaux. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Je reviens de Lourdes, où le Pèlerinage du Rosaire a rassemblé plus de 18 000 pèlerins pour célébrer cette année jubilaire de l’espérance que nous offre le message évangélique.
Le cardinal Jean-Paul Vesco, dominicain, nous y a rappelé les paroles du Frère Christian de Chergé, moine de Tibhirine assassiné en 1996. Il écrivait : « le Verbe s’est fait frère »… Pour lui, cette parole n’avait rien d’abstrait lorsqu’il l’a écrite en cette nuit de Noël où un groupe armé était venu formuler ses exigences : Il s’était senti responsable des frères de sa communauté, mais aussi de cet homme avec lequel il avait échangé, et qui mettait en péril leur vie à tous. Il était habité d’un tel esprit d’amour et de liberté qu’il a été capable de refuser par trois fois les demandes qui lui étaient imposées, malgré les risques encourus.
L’évangile de ce jour nous montre Jésus face à une foule nombreuse (qui m’a rappelée celle de Lourdes). Et son message ouvre précisément ce chemin de liberté sur lequel le Frère Christian de Chergé a marché tout au long de sa trop courte vie.
La ferveur communicative de tels rassemblements serait lettre morte si nous n’en tirions pas des orientations concrètes pour la suite de notre route. Le message commun entre cette célébration à Lourdes et les paroles de Jésus dans cet évangile est peut-être un appel au discernement. La confiance en Dieu est loin d’être une insouciance facile. Elle implique donc l’exercice de notre réflexion : toute parole entendue, même de la part de ceux qui ont autorité, doit être éprouvée à la lumière de Dieu, en toute conscience. Se savoir aimé de Dieu ne doit pas nous conduire à faire n’importe quoi de notre vie, et encore moins de celle des autres. Mais lorsque nous sommes libérés d’une inquiétude paralysante, nous pouvons risquer notre vie et la donner, si besoin est, au moment où cela nous est demandé.
Cette liberté à laquelle nous sommes appelés par le Christ ne s’exerce pas seulement dans des situations héroïques. Elle se déploie dans la vie quotidienne, lorsqu’elle nous ouvre à la vérité sur nous-mêmes. Elle nous délivre de nos replis, de nos masques, de ces efforts incessants pour cacher aux autres et à nous-mêmes la profondeur de nos fragilités, de nos travers, de nos péchés… Quelle énergie nous dépensons parfois à refuser de voir la part d’ombre en nous !
Or Jésus nous rappelle que tout notre être est connu de Dieu… non un Dieu inquisiteur et vengeur, mais un Dieu de tendresse pour qui chacun a un prix infini. Son amour se donne tout entier dans cette relation personnelle avec chacun, sans jamais s’imposer. Il attend notre consentement, nous invite à déposer les armes, et à laisser tomber tous ces voiles derrière lesquels nous croyons nous protéger.
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Évangile du mercredi 15 octobre 2025 – 28e semaine du temps ordinaire
« Quel malheur pour vous, pharisiens ! Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous ! » (Lc 11, 42-46)
En ce temps-là, Jésus disait : « Quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme sur toutes les plantes du jardin, comme la menthe et la rue, et vous passez à côté du jugement et de l’amour de Dieu. Ceci, il fallait l’observer, sans abandonner cela. Quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synagogues, et les salutations sur les places publiques. Quel malheur pour vous, parce que vous êtes comme ces tombeaux qu’on ne voit pas et sur lesquels on marche sans le savoir. »
Alors un docteur de la Loi prit la parole et lui dit : « Maître, en parlant ainsi, c’est nous aussi que tu insultes. » Jésus reprit : « Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt. »
Dans la nuit, une main caresse le grain froid d’une large pierre qui s’étire le long d’une terrasse. Sur le chemin qui le mène à la synagogue, Samuel regarde les premières lueurs métalliques qui percent l’horizon. Encore chaud du lit conjugal, il sort en hâte de la maison familiale où une petite chambre reste désespérément fermée. Dès que le sommeil le quitte, Samuel ne reste plus dans cette maison où le lit de leur fille demeure vide.
Dans la blancheur qui glace l’horizon, un nuage noir vient de passer. Samuel frissonne comme si la froideur de cette nuée montait le long de son cou. Un resserrement écrase son torse et pèse sur sa respiration… C’est à cette heure que leur fille est morte brûlante de fièvre, il y a deux ans et trois mois. Brûlante et puis si vite glacée par la nuit, dans le cercueil d’une aube blafarde. Depuis que cette nuit mortelle s’est refermée sur lui, le jour ne se lève plus pour Samuel. Les mains crispées de douleur, Samuel se raccroche le long d’une paroi qu’il dégringole sans fin. Ses ongles crissent sur une pente qu’il dévale et il tombe de tristesse en désespoir.
À la synagogue, il vient de gravir un échelon en obtenant une promotion enviée : il contrôle la dîme sur les végétaux et les plantes aromatiques. Il met beaucoup d’application dans cette nouvelle tâche. Avec un zèle scrupuleux, il supervise la dîme sur la menthe et la rue. C’est un poste important. Car, la dîme célèbre la souveraineté du Créateur auquel le peuple rend grâce par cette offrande. « Tout ce que nous recevons vient du Très-Haut » répète-t-il aux personnes qui défilent pour leur versement.
Évangile du mardi 14 octobre 2025 – 28e semaine du temps ordinaire
« Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous.» (Lc 11, 37-41)
En ce temps-là, pendant que Jésus parlait, un pharisien l’invita pour le repas de midi. Jésus entra chez lui et prit place. Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas. Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. »
Texte d'Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation - L’aumône, la clé de la sanctification
Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? Une parole de Jésus qui m’apostrophe ! Ô vanité des vanités ! Nous sommes bien plus que ce que nous percevons dans le miroir à la lueur du matin, au moment où nous donnons nos premiers coups de peigne. Nous sommes davantage cette perfection unique intérieure, que nous sommes appelés à purifier, à transcender, cette beauté qui nous échappe. Pourquoi ne nous est-il pas donné d’emblée de percevoir/soigner davantage l’intérieur au profit de notre croissance spirituelle, plutôt que notre enveloppe corporelle, faite de poussière ?
Jésus ne cache pas son indignation et n’hésite pas à le déclarer : « Bien sûr,[…], vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. Insensés ! Comment remédier à notre pauvreté humaine et tendre vers la perfection intérieure ? Jésus nous le dit : « Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. ». Je ne peux m’empêcher de rendre grâce pour la formation en accompagnement psychospirituel du Pèlerin, qui nous enseigne, qui nous accompagne et nous forme, précisément, à devenir A(a)umône pour l’autre, ce don gratuit de soi, tel que nous sommes, tel que nous avons été créés, sans autre motif que permettre à l’autre de découvrir à son tour, ce don unique qu’elle est. Nous pourrons alors dire : donnez plutôt en aumône ce que vous êtes, et vous vous sanctifierez !
No 37 – série 2025-2026Évangile du dimanche 12 octobre 2025 – 28e dimanche du temps ordinaire
« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » (Lc 17, 11-19)
En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
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