
Évangile du dimanche 19 octobre 2025 – 29e dimanche du temps ordinaire
« Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui » (Lc 18, 1-8)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Toujours prier sans se décourager...
Dans l’Évangile de St-Luc, cette interpellation se situe entre cette question des pharisiens sur le moment de la venue du Règne de Dieu qui marquera la fin des temps (au chapitre 17) ET sa mort sur la Croix qu’Il vivra bientôt...
Nous habitons cet espace entre cette réalité des finitudes de notre vie et de notre monde... ET ce Don que le Christ fait de sa vie pour nous sauver.
Sa Parole est une Arche d’Alliance qui rend possible la traversée au milieu des eaux de tant de déluges... déluges d’informations, déluges des pertes de repères, déluges d’indifférence, de guerres, déluges de changements climatiques, déluges d’épuisement des ressources et de disparition des espèces, déluges de fatigues...
Sa Parole nous donne aussi d’avancer pour ne pas céder à la nostalgie et à la peur du changement, au danger de la pluie de feu et de soufre où nous expose notre regard en arrière et l’attachement à ce qui ne peut que mourir.
Déluges et feux... Inondations et feux de forêt... Ils ne sont pas que climatiques.
Nos peurs en témoignent...
L’internet est pollué de ces injonctions spirituelles dont le moteur secret est justement la peur devant un monde que l’on décrit comme s’en allant « chez le diable ». Le chaos est réel et les souffrances dont l’homme est la cause sont nombreuses... mais le Regard de Dieu ne doute jamais de nous. Alors même que Jésus sait qu’Il sera mis à mort, Il appelle le surgissement du meilleur de nous-mêmes en nous invitant à la prière persévérante, pour communier à la sienne. Même au milieu des déluges et des feux, Il ne fait jamais de nous les « ténors » de la condamnation du monde et des autres. Les fondements de cette tentation reposent sur notre propre aveuglement sur nous-mêmes. Le jugement et la condamnation sont myopes sur la vie : ils ne font que nous garder dans une lecture engendrée par le mal, celui-là même qui est en nous et qui n’a pas fait l’expérience de la Miséricorde. Comme l’amour, la prière est une réalité que l’on ne peut posséder. Elle n’est pas un acquis, une possession... dès que nous croyons la tenir comme un contenu, une formule bien récitée, un « faire » ou un « savoir-faire », notre vie se sclérose à travers la mise en bouteille du Souffle... Il ne peut plus souffler dans cette autosuffisance. Éveillant le pauvre en nous où nous pouvons nous laisser guider, la prière respire dans cette rencontre qui nous déloge et nous ouvre un chemin toujours inédit. La prière, comme l’amour n’a pas de bout. Elle nous inscrit sur un chemin à vivre... Ce cheminement parle tout à la fois de notre capacité de marcher... et de l’Appel de Dieu qui veut nous conduire plus loin, jusqu’à cette demeure du plus intime en nous et en Lui. Elle implique cette réalité du dialogue de 2 mystères : le nôtre et Celui de Dieu. Notre prière parle de notre vie, avec sa blessure, ses besoins et son désir profond.