Dans une arrière-salle enfumée d’un petit bar de Berlin à l’abri des oreilles indiscrètes se déroule une réunion de première importance. Sont réunis les membres de la direction du SPD, le parti social démocrate allemand. Ils viennent d’apprendre que la guerre a été déclarée, ils doivent prendre une décision. Les discordances se font entendre les débats sont vifs, les mots acerbes les visages crispés. Deux militants sont particulièrement vindicatifs, il s’agit de Rosa Luxemburg et Karl Liebknetch. Ils croient rêver, les délégués présents souhaitent voter les crédits de Guerre. Soutenir la guerre impérialiste, est-ce seulement pensable ? Le SPD il y a quelques jours encore promettait, de concert avec les socialistes français, qu’en cas de guerre, ils appelleraient la classe ouvrière allemande à la grève générale. Mais aujourd’hui Hugo Haase, le chef du parti déclare pourtant sans sourcilier : « nous n’abandonnerons pas la patrie à l’heure du danger ». Il convainc la majorité des délégués de préparer la guerre main dans la main avec l’empereur Guillaume 2. Les cheminots ne se mettront pas en grève, l’industrie ne s’arrêtera pas, les imprimeurs ne refuseront pas de sortir les appels à la mobilisation, les télégraphistes de transmettre les ordres. Nous sommes le 4 août 1914 et la Première Guerre mondiale vient de commencer avec le soutien de la plus importante organisation ouvrière du monde : le SPD.
Troisième épisode sur l'année 1973.
Découvrez les événements qui se sont déroulés du 14 au 17 novembre 1973 : la révolte des étudiants de l’école polytechnique d’Athènes. 4 jours durant, barricadés au cœur de la capitale dans le quartier d'Exarchia, les étudiants vont défier la dictature. Ces étudiants sont les premiers à relever la tête 7 ans après le putsch militaire mais, ce soir là, derrière leurs postes de radio, c'est toute la population grecque qui les soutient. Face aux revendications des étudiants la junte militaire réagit de la seule manière dont une dictature sait réagir : elle réprime, tue et mutile. Les étudiants paieront de leur vie la lutte contre le fascisme grec. Mais ces événements, aussi tragiques qu'ils soient, sont aussi le baroud d'honneur d'une dictature sur le point de s'effondrer.
3ème numéro d'Année Y sur 1973.
Pour aller plus loin vous pouvez voir le film Z de Costa Gavras ainsi que le roman éponyme de Vasilis Vasilikos. Le livre Histoire de la Grèce moderne 1828-2012, de Nicolas Bloudanis, aux éditions l'Harmattan ainsi qu'en Anglais Children of the Dictatorship: Student Resistance, Cultural Politics and the 'Long 1960s' in Greece de Kostis Kornetis chez Bergham Books.
Un grand merci à Kleanthis Antoniou de l'OKDE Spartakos pour ses conseils et ses ressources bibliographiques.
Deuxième épisode sur l'année 1973.
Nous sommes le 20 décembre 1973, en plein cœur du centre historique de Madrid dans la maison professe des Jésuites au n°36 de la rue Serrano. On imagine aisément les religieux vivre entre prières, études de textes et processions. Bien loin de l'agitation politique qui parcourt l'état espagnol. Pourtant ce jour là à 9h12 une explosion assourdissante retentit, faisant trembler le bâtiment jusqu'à ces fondations troublant le calme habituel des lieux. Pour l'heure, personne ne sait ce qu'il s'est passé. Ce n'est que lorsque les religieux sortent dans le petit patio qu'ils découvrent stupéfait une voiture fumante couchée sur le toit. D'où peut-elle venir si ce n'est du ciel ? Les murs font pourtant plusieurs mètres de haut. Ils ne le savent pas encore mais à l'intérieur il y le corps de l'amiral Carrero Blanco, chef du gouvernement espagnol, numéro 2 après Franco. Cet attentat est revendiqué par ETA, l'organisation indépendantiste basque. En assassinant le dauphin de Franco, âgé de 80 ans, ils espèrent empêcher la continuité du franquisme après la mort du dictateur.
Premier épisode sur l'année 1973.
Nous sommes le 22 juin 1973 ; la préfecture de Paris et le gouvernement sont sur le qui-vive. La veille des affrontements d'une rare violence se sont déroulés. L’extrême gauche s'opposant aux forces de l'ordre. Leur objectif ? Empêcher un meeting fasciste dans le cinquième arrondissement de Paris. Et c'est une première, la veille la police a perdu la bataille de rue. Que s'est-il passé ? Retour sur l'un des événements antifascistes les plus important de l'après guerre, retour sur deux organisations que tout oppose la Ligue communiste et Ordre Nouveau. Avec en arrière plan la fin d'une époque.
