Dans une arrière-salle enfumée d’un petit bar de Berlin à l’abri des oreilles indiscrètes se déroule une réunion de première importance. Sont réunis les membres de la direction du SPD, le parti social démocrate allemand. Ils viennent d’apprendre que la guerre a été déclarée, ils doivent prendre une décision. Les discordances se font entendre les débats sont vifs, les mots acerbes les visages crispés. Deux militants sont particulièrement vindicatifs, il s’agit de Rosa Luxemburg et Karl Liebknetch. Ils croient rêver, les délégués présents souhaitent voter les crédits de Guerre. Soutenir la guerre impérialiste, est-ce seulement pensable ? Le SPD il y a quelques jours encore promettait, de concert avec les socialistes français, qu’en cas de guerre, ils appelleraient la classe ouvrière allemande à la grève générale. Mais aujourd’hui Hugo Haase, le chef du parti déclare pourtant sans sourcilier : « nous n’abandonnerons pas la patrie à l’heure du danger ». Il convainc la majorité des délégués de préparer la guerre main dans la main avec l’empereur Guillaume 2. Les cheminots ne se mettront pas en grève, l’industrie ne s’arrêtera pas, les imprimeurs ne refuseront pas de sortir les appels à la mobilisation, les télégraphistes de transmettre les ordres. Nous sommes le 4 août 1914 et la Première Guerre mondiale vient de commencer avec le soutien de la plus importante organisation ouvrière du monde : le SPD.