https://youtu.be/rR2J_aHL09c
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[Podcast en anglais]
— une conférence enregistrée aux Champs Libres (Rennes) en décembre 2023 dans le cadre de la série "Quels récits pour notre temps ?", animée par Nicolás Buenaventura - auteur-réalisateur et conteur - et Yann Apperry - scénariste, dramaturge et romancier.
Alors que les récits d’un monde en crise nous heurtent, comment ne pas sombrer dans la folie ? Comment penser les récits d’un retissage, d’une construction individuelle et collective ?Avec Julie Budtz Sørensen - scénariste (Danemark), Tamara Russell - spécialiste des neurosciences et des arts martiaux (Royaume-Uni), Roberto Beneduce - ethnopsychiatrie et anthropologue (Italie), ainsi que Mathilde Delespine - sage-femme, coordinatrice de la Maison des femmes Gisèle Halimi du CHU de Rennes.
Tamara Russell
Du nous au je.
Ce qui me préoccupe en interagissant avec le monde, à travers le prisme qui est le mien - celui des neurosciences et des arts martiaux -, est d’analyser la nature même d'une histoire. Est-ce une pensée ? Un mouvement ? Puis de le qualifier : est-ce un mouvement mental, fruit de l'imagination ? Un mouvement du cœur qui nous inspire, par le sentiment et la sensation ? Ainsi que d’analyser le rôle du corps et des mouvements physiques comme parties intégrantes de la conception d'une histoire.
Dans quelle mesure l’état du monde — la psychose ou même la folie collective comme certains le qualifie — dans lequel nous sommes piégés et coincés, nous habite, en tant qu'individus ?
Avant d’élaborer des histoires collectives, il y a une responsabilité personnelle à d'abord examiner nos propres histoires en tant qu'individus.
Le "nous" est porteur des blessures, douleurs et préjugés du "je".
Concernant le processus de guérison - ce que les arts martiaux m'ont appris -, nous pouvons, chacun, faire beaucoup pour notre propre guérison, si nous sommes capables de ressentir nos propres blessures, qu'elles soient physiques, psychologiques ou mentales.
De l’intériorité à l’altérité.
Nous pouvons être toutes & tous chercheur·e·s et auteur·e·s de notre propre expérience, à travers la quête de la sensation, le toucher nous permettant d'entrer en contact avec nos propres blessures et douleurs. Une intériorité qui permet l’altérité. S’ouvrira ensuite cette porte pour être naturellement plus compatissant lorsque nous serons confrontés aux blessures et aux douleurs des autres, autour de nous.
Écouter pour donner un sens.
Quand nous écoutons, l'information entre dans notre cerveau, qui l’organise pour tenter d’en donner un sens. Le cerveau fait alors remonter autant d'expériences auxquelles nous pouvons nous connecter. Il trie pour comprendre : ai-je déjà eu une expérience de cela ? Puis-je m’y connecter d'une manière ou d'une autre ? Avec cette propension naturelle à essayer de donner un sens à cette information, en relation avec notre propre expérience. Rien de faux ou de mauvais. Mais le danger réside dans la conscience de cette réaction, que celle ou celui qui écoute a le pouvoir qui peut en découler, particulièrement si elle ou il est dans une position hiérarchique en thérapeute ou médecin.
L’écoute ouverte pour rester connecter.
Comment écouter sans diagnostiquer de manière préemptive ?
Comment rester dans l’ouverture dans le processus d'écoute ? Me concernant, la pratique de la pleine conscience,