https://youtu.be/Et8uxK73i_k
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— une conférence enregistrée aux Champs Libres (Rennes) en décembre 2023 dans le cadre de la série "Quels récits pour notre temps ?", animée par Nicolás Buenaventura - auteur-réalisateur et conteur - et Yann Apperry - scénariste, dramaturge et romancier.
Les neurosciences éclairent sous un jour nouveau le mythe du génie créateur.Serions-nous tous capables de provoquer des torrents de mondes imaginaires et de récits ébouriffants ?Avec Jan Schomburg - Scénariste & Réalisateur (Allemagne), Samah Karaki - Chercheuse en neurosciences (Liban & France) et
Tamara Russell - Spécialiste des neurosciences et des arts martiaux (Royaume-Uni) ainsi que Thomas Roze (France) - Ostéopathe et témoin de la table ronde.
Samah Karaki
« Ouvrez le récit à la pensée que vous ne comprenez pas. »
Automatiser pour nous libérer.
En ce moment même, nous, sans en être conscients : nous respirons, par exemple, et nous accomplissons un grand nombre d’actions automatiques qui constituent des mécanismes physiologiques.
Nous sommes sur le point de mourir, puis nous respirons et nous sommes, de nouveau, en vie. Nous agissons en nous appuyant sur notre système nerveux autonome qui nous indique, chaque semaine : je m'occupe de digérer votre nourriture, de maintenir votre température corporelle et de combattre tout germe étranger qui pénètre dans votre corps afin que vous puissiez - actuellement - participer à cette table ronde. Nous sommes ainsi, toutes et tous, disponibles pour faire autre chose. Notre système exécutif n'est pas conscient : non préoccupé par tous ces problèmes.
Concernant le langage qui est propre à chacun : nous ne sommes pas nés en parlant anglais et donc, nous avons dû automatiser ce langage pour aller au-delà des symboles et donner un sens à ce que nous disons. Comme les façons dont nous marchons, dont nous nous asseyons, aucune de ces actions n’est traitée activement. Soyons reconnaissants d'avoir un système qui nous permette d'être disponibles pour faire « autre chose ».
Accepter l'ambiguïté et l'incertitude du monde.
Ce système automatique nous permet de traiter le monde sans dépenser trop d’énergie - énergie qui n’est pas infinie. Mais parfois ce système peut échouer et les préjugés surviennent.
Nous avons passé quelques heures ensemble, et déjà, je t'ai déjà jugé en fonction de mon expérience culturelle et sociale automatique, de mes expériences passées avec des personnes qui te ressemblent, qui se comportent comme toi. Or, nous avons besoin de nous dire, en préambule : « Je ne te connais pas » pour contrer ce jugement porté automatiquement. Tout en acceptant que l’autre soit un objet ambigu. Il est, pourtant, inconcevable d’accepter cette ambiguïté pour tout le monde et, plus globalement, l’incertitude du monde qui stimule une charge cognitive telle qu’elle ne peut être admise.
Je ne veux pas ressembler à d'autres neuroscientifiques qui demandent d'avoir un esprit critique et de toujours penser contre nous-mêmes avec ce problème méta-cognitif. Parce que nous n'avons pas assez d'énergie pour cela. Mais, ici, dans le cadre d’un processus créatif : je dois lutter contre mon envie de décrire le monde comme je le vois. En quelque sorte : s’oublier soi-même. Ce qui est impossible mais nous nous devons d’essayer. Un exercice facile est de vous demander qui vous êtes et de donner naissance à une création narrative collective. J’accepte alors,