https://youtu.be/zIAwJ0QhWkg
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— une conférence enregistrée aux Champs Libres (Rennes) en décembre 2023 dans le cadre de la série "Quels récits pour notre temps ?", animée par Nicolás Buenaventura - auteur-réalisateur et conteur - et Yann Apperry - scénariste, dramaturge et romancier.
Les récits construisent des mondes complexes au sein desquels nous nous trouvons projetés. Dans les traces de la “théorie du rhizome”, l’imaginaire comme espace de co-élaboration, espace de foisonnement de possibles…Avec Bohdan Piasecki - poète, scénariste polonais,
Nancy Murzilli - philosophe et théoricienne de la littérature, Anne Querrien - sociologue et urbaniste et Manue Gaquère - professeure d’EPS
Extraits
Anne Querrien
« Comme le disait Deleuze : « Notre imaginaire est envahi de clichés, il faut s’en débarrasser pour créer. » La cartographie est une autre façon de voir le monde, de le suivre, de philosopher… »
Le récit : une histoire de flux.
Dans les enseignements de Guattari ou encore ceux de Lacan sont mis en lumière les flux de travail de création qui peuvent être fluides, qui "coulent" donc mais qui peuvent, très souvent se bloquer. Comme on le dit en français : on "sèche" — on sèche aux examens, sur son poème, sur ce que l’on écrit et donc on a des "antisèches" pour contrer ces blocages et, généralement, les antisèches ne sont pas tellement utiles puisque la problématique à prendre en compte est celle du flux, à retrouver.
Une cartographie de l’imaginaire dans le réel.
L'imaginaire doit être cadré, mis à sa place, en quelque sorte : il y a les flux du réel et, ce que l’on cartographie : ce sont des pratiques dans le réel couplées à l'imaginaire que l’on fabrique et qui correspondent, selon Guattari à des territoires existentiels. Hors, si nous restons coincés dans ces territoires existentiels, on ne donne naissance qu’à trop peu de récits ou alors des récits peu nourris, répétitifs que Guattari nommaient : des ritournelles.
La réalité pour nourrir l’imaginaire.
Si on repart des flux : le flux de la réalité peut amener à dépasser ces ritournelles et atteindre ce que Lacan nommait le symbolique et ce que Guattari appelait, de son côté : les univers incorporels que sont la musique, les mathématiques, la philosophie et toutes les productions collectives humaines, les productions collectives abstraites. Guattari se distingue de Lacan, explicitant que, tout ce qui relève de la production, s'appuie sur des technologies différentes et successives, à travers des systèmes-machines qui ne sont pas seulement technologiques mais mécaniques : faites de métal et également physiques et sociales, produites par l'humanité au fil du temps, que l’on hérite toutes et tous.
C'est un résumé rapide mais il est nécessaire de donner un cadre à l’imaginaire, car je me méfie des récits qui se situent exclusivement dans l’imaginaire. Comme le disait si bien Deleuze dans son livre sur la peinture, dans le cadre de sa conférence sur Francis Bacon : « Notre imaginaire est envahi de clichés, il faut s’en débarrasser pour créer. » Et ce n'est pas si simple.
L’héritage, composante essentielle du récit.
L’héritage est commun à plusieurs, à une famille, par exemple. J’ai quatre sœurs, nous avons donc le même héritage familial. Mais, il arrive souvent que des contournements se produisent en raison d'influences extérieures,