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« La plupart sont des étrangers. Ils sont venus chercher du travail et s’agglutinent dans les faubourgs. Le pays d’où ils viennent parle le béarnais, le basque, le berrichon, le champenois, le bourguignon, le picard ou le poitevin, et même des sous-patois, le maraîchin, le mâconnais, le trégorrois, à l’infini. Ainsi Jary venait de Saint-Mars-d’Outille, Houard venait de Jouy, Falize était d’Amiens, Folley de Citers, Garneret de Quenoche, Garson de Beuvrage ; et il y avait des émigrés arrachés de plus loin, Medel importé de Mutzig, Cabers importé de Louvain, Kiffer contrebandé d’Oberdoff, et le beau Calcina Melassi venant du Piémont.
Ah ! on éprouve un curieux sentiment de bien-être, une sorte de bonheur qu’on ne connaissait pas. On a dégringolé en chantant jusqu’à la Croix-Faubin. Fagotte cause avec un type qui est de Pontarlier et porte le nom mémorable d’Athanase Gachod. Et tout le monde cause. Lapie, qui est de Paris, cause avec Melot, qui est de Malbrans. Naizet, le forain, cause avec Collet qui vient de Landrecies. Tous les accents se mêlent, les patois, les métiers. Ferry qui vient de la Sarre, Feuillet qui vient d’Issoudun et Boussin qui vient de La Vèze et Bournillet qui descend d’Allonnes et Bezou qui vient de nulle part et crèvera du choléra à Paris quarante ans plus loin, et Bastide qui vient d’Aimargues et y retournera crever dans la misère, et Bock et Boisson, et les deux Bocquet, l’un de Venarrey et l’autre de Dompierre.
[…]
Et combien d’autres dont les noms tombèrent à l’oubli ? Nul ne le sait. Nul ne les connaît. Sans eux, pourtant, il n’y a pas de foule, pas de masse, pas de Bastille. »
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