
Nasreddin est affamé. Il est parti de chez lui ce matin sans manger. Il est quatorze heures, il lui faut absolument trouver quelque chose pour apaiser sa faim. Mais le village qu’il traverse est totalement désert. Aucun marché, aucune boutique. Par chance, une femme là-bas sur la route vend des poivrons. Nasreddin descend de son âne, s’approche d’elle, et lui demande le prix. — Le plateau, un aktché ! lui répond la marchande. — Et au détail ? demande Nasreddin. — Je vends le plateau tout entier. Nasreddin fouille dans sa poche. Il n’a qu’un aktché… Mais son estomac le tenaille. Et il n’est pas sûr de trouver autre chose à manger avant longtemps. Alors, assez contrarié de dépenser sa dernière pièce, il achète tout de même le plateau de poivrons. Un peu plus loin, il s’installe sous un arbre, à l’ombre, pour déguster ces petits légumes rouges et croquants. Mais très vite, il se rend compte que ce ne sont pas des poivrons mais des piments. Obstiné, il continue néanmoins à les manger. Ses yeux brûlent, il pleure, il suffoque. Mais il n’arrête pas pour autant. Un homme passe et le voit. — Tu manges les piments comme ça ? — Ce ne sont pas les piments que je mange, c’est mon argent !
Sois indulgent avec toi-même. Te punir pour tes erreurs, ne fait qu’envenimer les choses.