
rançois Boucher (1703-1770)
Leda et le cygne,vers 1740
Huile sur toile, 60x74 cm
Collection particulière
Depuis l'Antiquité, les représentations hésitent entre Leda Debout (Leonard de Vinci, Veronèse, Gustave Moreau, et de nombreux autres) et les Leda Couchés, les plus modernes, et les plus osées tombant facilement à la renverse dans une panique de mouvements d'ailes et de pattes de cygnes comme celles de Pier Paul Rubens, Theodore Jericho, j'en passe et des meilleurs et surtout François Boucher.
Alors lui non seulement il n'y va pas avec le dos de la cuillère mais il se démarque notablement de ses petits camarades
dans la représentation de la chose et c'est d'ailleurs ce qui lui vaut ce podcast.
Boucher peignit d'ailleurs plusieurs versions de Leda et le cygne toute aussi osées et postérieures si je peux dire que celle ci. L'un en d'environ 1750, actuellement conservée au Musée National de Stockholm, en Suède. et une autre version copie de celle ci se trouve au County Museum of Art de Los Angeles.
La version que nous voyons a fait longtemps l’objet d’une polémique d’attribution tant il est vrai qu’elle ne correspond pas au traitement habituel de François Boucher, moins exposant, moins direct, plus subtil en un mot.
On sait cependant qu’il lui est arrivé de peindre aussi ce genre de sujet pour des cabinets particuliers.
Boucher réussit l'exploit d'être un sommet de la peinture érotique pour ne pas dire libertine française du 18e siècle et ceci sans sans qu'il y ait le moindre contact entre l'animal et cette pauvre Leda.
C'est fortiche !
Que voit-on ? Ben ... oui bon... tout le monde connait. Un sexe féminin donc. Une motte comme on disait à l'époque du peintre, d'où la drôle de tête du Roy lorsque on lui présenta pour la première fois une madame de la Motte. Jamais avare d'un bon mot, il aurait dit : "Cousine de monsieur de la verge je suppose ?" .
Bref : une motte donc, fort élégamment peinte d'ailleurs quoi que fort épilée, découverte par Leda dans un geste d'abandon et somme toute, offerte à la concupiscence du cygne.
Celui-ci, dans une attitude de prédateur, ailes déjà déployées ne saute pas sur sa proie comme c'est le cas dans toutes les autres toiles dans une grand froufrou d'ailes, mais se contente d'observer, avec ses yeux posés au bout de son long cou (très long cou) à l'abri de son bec rouge.
Le symbole est clair donc, on ne va pas le détailler ici si ne n'est pour signaler que l'engin, bec et cou tendu s'apprête à pénétrer d'un instant à l'autre dans la dite motte découverte.
C'est évidemment beaucoup plus fort que n'importe quel ébas à base de plumes et de pattes de poulets palmées posées sur des chairs blanches! Pour qui ignorerait ce que ce cygne, animal élégant certes mais terriblement agressif, fait là, le cou tendu et le bec insolemment posé sur la duchesse brisée de madame de la motte.
Voici un petit résumé succin. Dans la mythologie grecque, on y revient toujours à un moment ou à un autre en peinture : Léda (la citoyenne ci devant allongée)est une reine, épouse du roi déchu de Sparte, Tyndare que ce coquin de Zeus (Jupiter chez les romains) tente de séduire sans y parvenir.
Si le dieu des dieux qui a tout pouvoir n'y parvient pas, c'est parce que s'il se prend un double rateau : d'une part du côté de sa femme Hera (Junon chez les romains), qui ne supporte pas qu'il aille voir ailleurs si elle n'y est pas, et de l'autre de la part de Leda, qui mignonnette, tient à rester fidèle à son mari déchu. C'est rare, notons le !
De quoi décupler les ardeurs libidineuses de Zeus qui tout d'un coup a une idée lumineuse : profiter de que Leda apprécie de voir les cygnes glisser sur les étangs, pour prendre l'apparence de l'un d'entre eux et la séduire sans mal.
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