
François Xavier Fabre (1766–1828)
Académie masculine,
Dessin à l'encre sur papier
Musée Fabre, Montpellier
La question qui se pose, à force de dissimuler les zigounettes derrière des bouts de tissus des ramures ou des feuilles de vignes, est de savoir si les grands maitres du 19 e siècle - et nul ne doute de François Xavier Fabre fut un des plus grands - savaient encore peindre des sexes d'hommes ?
On peut se le demander à la vue de ce dessin en particulier qui est censé présenter un nu masculin pour peu que le nombre d'or de Léonard de Vinci et les proportions Vitruviennnes aient été encore en vigueur d'actualité ou que l'on ait définitivement opté pour des proportions plutôt proches de celles d'un organe asinien ou éléphantesque ...
A décharge du peintre, on peut dire qu'il ne s'agit guère que d'une esquisse. Pourtant chez un artiste aussi "classique" que Fabre, dont le pureté du dessin l'a toujours rapproché de son maitre Jacques Louis David et de la grande tradition française, tout écart ne peut pas être le fruit du hasard. On le voit bien c'est la seule partie de son corps qui n'ait pas été réellement dessinée, mais à peine effleurée, d'un crayon timide et peu convaincu.
Que nous dite cette hésitation ? Est elle la seule présente dans ce dessin. Ne pouvant s'agir d'une faiblesse technique chez un maitre aussi exigent que Fabre, Qu'est ce que cela signifie ?
Eh bien il se pourrait bien que ce nu d 'homme n'en soit pas un ou plutôt ait hésité a en être un et que malgré la maitrise de l'artiste il garde trace de cette hésitation. Un repentir en déroulement en quelque sorte.
Le spectateur averti de mes podcasts a déjà noté la position et les formes ambigus du personnage ici représenté et qu'il s'est déjà posé la question de savoir si s'agissait d'un homme ou d'une femme... ben ... on ne sait pas trop. D'un homme certes si l'on en juge par l'appendice esquissé bien que les formes du corps dans leur ensemble clame le contraire. En effet La hanche presque callipyge, le sein gauche plus féminin que masculin, le ventre très arrondi et si peu musclé... Le visage même qui n'eut été l'embryon de moustache esquissée (là aussi) pourrait être celui d'une jeune fille. Seules parties résolument masculine de cecorps ambigüe : les mains, les pieds, les biceps et les muscles des cuisses comme si il avaient été ajoutés in extremis ou transformés à partir d'un existant féminin..
Pour un artiste qui obtient ses premiers succès dès l'âge de 19 ans aux Ecoles de Dessin de la société des beayx arts de Montpellier, et pour ce lauréat du prix de Rome de 1787 avec "Nabuchodonosor fait tuer les enfants de Sédécias sous les yeux de leur père" - toujours ses titres de tableaux qui se prennent pour des romans- il ne peut s'agir d'un hasard.
A Florence ou il fit la majeure partie de sa carrière,il était devenu le portraitiste mondain le plus célèbre et le plus recherché n'hésitant jamais à donner de ses modèles, des images agréables, discrètement flatteuses, plutôt réalistes mais n'hésitant pas à améliorer cette réalité en les présentant tout de même sous un jour où elles étaient au mieux de leurs avantages. Il suivait ainsi de façon on ne peut plus traditionnelle la conception du portrait mondain de son époque, genre dans lequel il excella.
Le portait de comtesse d'Albany dernière descendante des Stuart, qui fit la carrière du peintre à Florence et ailleurs, en est l'exemple même. Et l'on se prend à songer en la regardant que François Xavier Fabre avait bien du talent pour arranger ainsi de façon aussi amen, les traits plutôt revêches de cette dame qu'il a su admirablement conservés sous la grosse charlotte bouillonnée de la dite dame, tout en les transformant en d'aimable traits de caractère d'une grande authenticité, cernes compris.
Pour connaitre la fin, écouter le podcast