« La science européenne est une science extraordinaire. Malheureusement, elle atterrit dans les économies des autres et c'est ça qui ne va pas… On n'a pas encore enclenché complètement un mouvement de réindustrialisation au sens où il y aurait une couverture de la France avec un blanc manteau de nouvelles usines… Est-ce qu’il va y avoir une nouvelle filière automobile ? Non, honnêtement, je ne vois pas… Il faut localiser les nouvelles inventions, c'est-à-dire la science qui sort de nos universités, qui produit des objets nouveaux, le quantique en particulier … Déréguler, en fait, c'est comme le Lean management dans une entreprise, c'est pas de temps en temps, c'est tous les jours. » 

Dans ce quatrième épisode du podcast de l’hypertransformation by Sia, nous avons le plaisir d’accueillir Nicolas Dufourcq, DG de Bpifrance, la banque publique d’investissement et bras armé financier de l’Etat : 4000 salariés et 70.000 entreprises financées en moyenne par an ; 100 milliards d’euros de bilan consolidé ; 63 milliards d’euros injectés dans l’économie en 2023 sous forme de crédit en soutien au développement et aux projets de réindustrialisation ou de transition écolo, de financement de l’innovation, d’ investissement en fonds propres… Sa mission ? Réindustrialiser la France, décarboner l’économie et redresser le commerce extérieur. Depuis 12 ans, il donne tout ce qu’il a pour réussir ce qui, pour beaucoup mais pour cet optimiste-né, une mission impossible.

Dans une conversation conduite par Marc Landré, concepteur et animateur de ce podcast, le patron de Bpifrance revient longuement sur la réalité du timide mouvement de réindustrialisation enclenchée depuis une décennie, la qualité de la recherche et de l’innovation tricolore mais qu’on a du mal à garder sur le territoire, la puissance industrielle et technologique de la Chine dont on a sous-estimé les avancées, la nécessité d’électrifier les usines françaises pour rester dans la compétition mondiale, le poids de l’Etat-Providence ou des normes qui pèsent sur les entreprises… « Il faut que les gens sachent qu'un jour on n’aura plus que nos larmes pour regretter de ne pas avoir relevé le gant au bon moment », juge-t-il. 

Un épisode passionnant avec un dirigeant à la « libre parole » qui ne mâche pas ses mots à l’heure où les transformations de l’économie n’ont jamais été aussi fortes et rapides, et à un moment où la Chine et les Etats-Unis accélèrent pour reléguer l’Europe, et donc la France, comme des puissances de second rang.

Bonne écoute !

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