
La semaine du 21 au 27 juillet 2025 a été marquée par les premières tensions politiques autour des orientations du Projet de Loi de Finances (PLF) pour 2026. Au cœur des débats : la politique publique d’innovation, les dispositifs fiscaux comme le Crédit d’Impôt Recherche (CIR), et la nécessité de concilier rigueur budgétaire et ambitions industrielles dans un contexte de déficit public élevé (5,8 % du PIB en 2024) et d’une dette publique atteignant 116,4 % du PIB fin 2025.
Le CIR, principal outil de soutien à la R&D privée (environ 7 Md€/an), est ciblé par le gouvernement pour d’éventuelles économies. Les réformes déjà opérées dans le PLF 2025 ont réduit son assiette (exclusion des frais de brevets, veille technologique, suppression du régime “jeune docteur”) et modifié le taux de prise en compte des frais de fonctionnement. Ces changements ont provoqué une crise de confiance parmi les acteurs économiques, notamment le MEDEF, qui milite pour éviter de nouvelles coupes et restaurer la crédibilité du dispositif.
Au-delà du CIR, les débats révèlent des visions divergentes de l’innovation :
Innovation infrastructurelle : Philippe Bolo (majorité) demande une hausse du budget CAS Facé (électrification rurale), qu’il relie à la transition énergétique et aux énergies renouvelables. Cette approche étend la notion d’innovation aux dépenses d’infrastructure stratégique.
Innovation sociale et écologique : Sylvain Carrière (opposition – LFI) propose de baisser la TVA sur les transports collectifs, défendant une innovation axée sur le progrès social et organisationnel. Ces deux propositions parlementaires sont restées sans réponse.
Parallèlement, une mobilisation croissante des acteurs économiques et scientifiques se dessine :
Le patronat (MEDEF, CPME) soutient publiquement l’effort de redressement budgétaire, tout en plaidant discrètement pour le maintien des dispositifs R&D.
Le monde de la recherche (ANDès, CNRS) alerte sur la suppression du régime “jeune docteur” et sur le non-respect des engagements de la Loi de Programmation de la Recherche (LPR), pointant un risque de perte d’attractivité pour la recherche publique.
La Cour des Comptes, quant à elle, joue un rôle d’influence important. Ses rapports soulignent la dégradation des finances publiques et appellent à une évaluation plus rigoureuse de l’efficacité des dépenses, notamment en matière d’innovation. Ses recommandations thématiques, comme celles sur l’innovation agricole, encouragent une meilleure cohérence stratégique.
Face à ces tensions, trois scénarios principaux se dessinent pour le PLF 2026 :
Scénario de l’Austérité : priorité au redressement des finances publiques, avec réduction des dépenses fiscales liées à l’innovation (CIR) et gel des crédits pour la recherche.
Scénario du Compromis Stratégique : maintien partiel des réformes, couplé à des concessions ciblées comme la réintégration du dispositif “jeune docteur” ou des subventions sectorielles (jugé le plus probable).
Scénario du Recadrage : redéfinition de la politique d’innovation via un repositionnement narratif (plan infrastructures d’innovation, fiscalité écologique) permettant de réduire la pression budgétaire tout en affichant une ambition réformée.
En conclusion, le PLF 2026 s’annonce comme un moment charnière. Il devra arbitrer entre une nécessité de consolidation budgétaire stricte et une volonté affirmée de faire de l’innovation un moteur de transformation économique. Le CIR, symbole des politiques de soutien à la R&D, est au centre de ces choix, qui détermineront l’orientation stratégique de la France en matière d’innovation pour les années à venir.