
Le 15 juillet 2025, François Bayrou a présenté les grandes lignes du budget 2026, marquant un tournant net vers la rigueur budgétaire. Dans un contexte de déficit public persistant (entre 5,4 % et 5,8 % du PIB en 2024) et d’une dette atteignant près de 3 300 milliards d’euros (environ 114 % du PIB), le gouvernement vise une réduction du déficit à 4,6 % en 2026, pour atteindre le seuil européen des 3 % à l’horizon 2029. Un effort d’économies de 43,8 milliards d’euros est annoncé.
Contexte macroéconomique
La stratégie budgétaire s’appuie sur une prévision de croissance modérée (+1,3 % en 2026) et une inflation contenue autour de 1 %. Cette orientation est portée par une forte pression des institutions européennes et des agences de notation, dans un contexte post-Covid marqué par un retour des exigences de discipline. En interne, les défis restent nombreux : un chômage élevé (environ 8 %) et des charges d’intérêts de la dette qui pourraient dépasser 60 milliards d’euros par an dès 2029.
Maîtrise des dépenses publiques
2026 est qualifiée d’« année blanche » budgétaire, avec un gel généralisé des dépenses de l’État au niveau de 2025, à l’exception de quelques secteurs :
Défense : augmentation de 3,5 Md€ liée aux tensions géopolitiques.
Charges d’intérêts de la dette : non compressibles.
Les secteurs impactés par le gel ou des réductions spécifiques incluent :
Santé et action sociale : hausse limitée à 5 Md€ (au lieu de 10 Md€ anticipés), compensée par 5 Md€ d’économies (doublement des franchises médicales à 100 €/an, restrictions de remboursement, gestion plus stricte des arrêts maladie).
Prestations sociales : non indexées, générant 7 Md€ d’économies.
Fonction publique : aucune revalorisation générale des salaires.
Éducation et recherche : budgets figés.
Transition énergétique : baisses ciblées, fusions/suppressions d’agences.
Autres secteurs (sécurité, transport, culture) : soumis au même gel.
Jours fériés : proposition de suppression de deux jours fériés (Pâques et 8 mai) pour stimuler la productivité.
Mesures fiscales ciblées
Le budget 2026 n’inclut pas de hausse générale des impôts, mais repose sur une "année blanche fiscale" : les barèmes de l’impôt sur le revenu et des prestations sociales sont figés, entraînant une hausse d’imposition mécanique pour une partie des contribuables (7 Md€ d’économies).
Autres mesures fiscales :
Contribution de solidarité sur les hauts revenus et remplacement de l’abattement de 10 % sur les pensions par un forfait fixe, défavorisant les retraités aisés.
Réduction des niches fiscales et sociales jugées inefficaces ou injustes.
Renforcement de la lutte contre la fraude : un projet de loi prévoit d’intensifier les contrôles pour récupérer jusqu’à 15 Md€ de fraudes estimées.
Ce plan budgétaire est pensé comme un signal de retour à la discipline à destination de Bruxelles et des marchés, en rompant avec la dépendance française aux dépenses publiques. Il marque une inflexion vers une politique plus libérale et vise à fiscaliser la sobriété, tout en affirmant préserver les classes moyennes et populaires.
Sur le plan politique, le gouvernement minoritaire présente ce budget comme un effort partagé. Les catégories les plus aisées sont particulièrement sollicitées, alors que les autres sont partiellement épargnées, du moins en apparence. Le message central : stimuler l’offre, restaurer la crédibilité financière du pays et préparer un rebond de la productivité et de l’emploi.
Le budget 2026 représente la réponse du gouvernement à un triple défi : une dette historique, des exigences européennes strictes et un environnement économique incertain. À travers une maîtrise stricte des dépenses, des mesures fiscales ciblées et une stratégie d’affichage de rigueur, l’exécutif espère restaurer la confiance sans casser la cohésion sociale.