
Homélie 3ème dimanche du Temps Ordinaire (B) : Jon 3, 1-5.10 - Ps 24 (25) - 1 Co 7, 29-31 - Mc 1, 14-20
Si nous sommes en mesure de rendre compte de la raison d’être de nos institutions, de nos entreprises, de nos cultures ou même de nos nations, il devrait en être de même pour toute personne qui se dit disciple du Christ. Quelle est notre raison d’être comme chrétiens ou comme Église ? Sommes-nous en mesure de rendre compte de cela à quiconque nous pose la question de manière spontanée ?
Pour répondre à cette question une autre pourrait nous mettre sur une piste : qu’est-ce qui dès le commencement était ? Bien évidemment, la réponse se trouve chez saint Jean puisqu’il affirme que la Parole est à l’origine de tout (Jn 1, 1). De plus, ce n’est pas anodin puisque dans la Genèse, c’est par la parole que Dieu crée. Il y a donc une puissance dans la Parole qui effraie le monde actuel, en particulier les personnes qui ne connaissent pas la Parole et la rejettent soit par ignorance soit par peur de ce qu’ils ne connaissent pas ou ne maîtrisent pas. Voilà pourquoi la Parole proclamée dans plusieurs endroits dérange, elle bouscule et beaucoup veulent la faire taire en persécutant celles et ceux qui la proclament ; les personnes qui l’accueillent parce qu’elle provoque des changements radicaux dans leurs vies […] Voilà pourquoi nous sommes appelés, comme Jonas, à aller parcourir nos villes, nos quartiers, pour proclamer le message de l’Évangile pour que les gens de nos milieux croient en Dieu et se convertissent [...].
Partout où la parole proclamée n’est pas reçue ; où le monde résiste, nous pouvons y voir que les gens sont davantage préoccupés par les choses qui passent, c’est-à-dire les choses du monde. Voilà pourquoi saint Paul nous rappelle que le monde tel que nous le voyons passe. Mais, la Parole qui était dès le commencement demeure et demeurera puisqu’en elle est la source et l’accomplissement de toute chose.
Voilà pourquoi nous devons rechercher les choses qui demeurent, le vrai bonheur, c’est-à-dire la vie éternelle. Cela requiert deux attitudes : conversion et acte de foi. La première condition ou attitude pour entrer dans la vie éternelle est la conversion, c’est-à-dire le changement radical de vie. Elle est liée à la seconde condition, croire en l’Évangile, c’est-à-dire à la Parole du Christ, aux enseignements qu’il nous a donnés, aux préceptes évangéliques. La quête du bonheur n’est pas individuelle parce qu’elle nous ouvre nécessairement aux autres ; parce que nous ne pouvons pas être chrétiens seuls, mais avec les autres. La quête du bonheur ou de la vie éternelle nous met nécessairement en rapport avec les autres. Et si nous nous convertissons ; si nous croyons à l’Évangile, alors l’enseignement d’amour du Christ ne peut que nous conduire à la recherche d’unité avec nos frères et nos sœurs. C’est d’ailleurs la prière du Christ à Gethsémani : « je te prie pour […] qu’ils soient un comme toi et moi, nous sommes un. » (Jn 17, 21)
La Parole proclamée, celle reçue et à laquelle nous nous nourrissons nous pousse à répondre à l’appel à suivre le Christ comme Pierre, André, Jacques et Jean ; à nous laisser enseigner par le Christ ; à aller au cœur du monde lui ramener ses enfants ; à œuvrer pour l’unité qui constitue le vrai bonheur parce que tous, nous serons UN en lui sans distinction de race, de langue, de nations. Alors, réveillons-nous, sortons de notre tiédeur, laissons-nous transformer par la Parole qui est notre seule raison d’être comme chrétiens et comme Église. Croyons en sa Parole en posant des actes concrets, des œuvres visibles et tangibles dont le monde a besoin pour reconnaître le ressuscité comme celui qui était dès le commencement ; comme celui qui procure le vrai bonheur.
© Ab. Léandre Syrieix