
Homélie 3ème Dimanche de Carême (B) : Ex 20, 1-17 - Ps 18 (19) - 1 Co 1, 22-25 - Jn 2, 13-25
Tu n’auras pas d’autres dieux…
Ce temps est profondément marqué par la négation de Dieu ou de son existence. Quand certains croient en Dieu, c’est généralement une forme de syncrétisme à la mode qui n’est que le reflet d’une perte de sens. Nous qui sommes chrétiens, nous professons une foi en un Dieu trinitaire, pourtant, consciemment ou inconsciemment, nous nous tournons vers d’autres dieux. Voilà un acte contradictoire et récurrent au cœur de nos vies. Voilà un acte sournois très ancré dans la banalité de nos quotidiens.
Le Seigneur donne des préceptes, des commandements à son peuple, à celles et ceux qui l’honorent pour les aider à cheminer au quotidien. Le tout premier des commandements donne tout le sens, la mesure et la profondeur des commandements : tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Ce commandement doit être compris dans son contexte, c’est-à-dire celui du peuple d’Israël dans sa sortie d’exil, d’esclavage où il leur était proposé plusieurs dieux : Osiris, Seth, Râ… ; il en existait une grande multitude [...] ; nous nous adonnons à des pratiques spirituelles ou exotériques liées à de multiples divinités ; nous excellons dans l’idolâtrie sous toutes ses formes se résumant au pouvoir de l’argent, du sexe et de la gloire.
Saint Paul nous rappelle que si nous sommes chrétiens, toute l’exclusivité doit être rendue au Messie crucifié ; à Jésus-Christ mort et ressuscité, même si cela constitue un scandale pour les non-croyants et une folie pour les païens. Saint Paul nous met en garde contre la tentation de nous tourner vers d’autres dieux à cause de notre enquête sans fin de signes miraculeux ; à cause de notre recherche de sagesse ou divinités dans d’autres cultures. Nous sommes, comme chrétiens, invités à donner toute l’exclusivité au Christ qui est sagesse et puissance de l’unique Dieu et Seigneur. Comment cela est-il réalisable de manière concrète dans nos vies aujourd’hui ?
L’Évangile est encore d’actualité et apporte des mises en garde concrètes. En effet, le Christ réagit avec colère face à un système mis en place au sein du temple pour exploiter les plus pauvres ; pour faire du profit ou du business. C’est le reflet du pouvoir de l’argent, une idolâtrie très actuelle. Donner l’exclusivité au Christ revient donc, comme lui, à nos levées contre toute forme d’injustice ou d’instrumentalisation voire de commercialisation des choses religieuses. C’est une interpellation lancée aux ministres ordonnés ou aux personnes prétendant être au service du Seigneur, mais qui servent plutôt leurs propres intérêts. Le Christ réagit avec colère parce que le temple du Seigneur est profané. Comme lui, soyons passionnés par la maison de son Père ; par la personne humaine qui est le temple de l’Esprit-Saint ; par la création qui est notre maison commune et le temple cosmique. Donner l’exclusivité au Christ revient à prendre conscience de la sacralité de nos lieux de culte ; car nous ne devons pas en faire des lieux de médisance, de concurrence ou d’étalement de nos vaines gloires voire de notre pouvoir. Donner l’exclusivité au Christ revient à prendre conscience de la dignité de la personne ; à nous lever contre la profanation de toute personne humaine ; non-violence physique, psychologique ou verbale ; refus de tout abus physique, de tout usage de l’autre pour des fins sexuelles ou commerciales. Donner l’exclusivité au Christ revient à nous lever contre toute exploitation abusive de la création ou toute profanation de notre maison commune pour des fins personnelles, pour des profits ou pour notre propre gloire.
Le Dieu des chrétiens est l’unique qui veut l’exclusivité dans sa relation avec nous. C’est lui qui a les paroles de la vie éternelle ; car sa loi elle est parfaite et ces préceptes sont droits [...]
© Ab. Léandre Syrieix.