
Né en 1981, Arttu Tuominen est l’une des voix montantes du polar finlandais. Ingénieur environnemental de formation, il s’est imposé comme un écrivain engagé et rigoureux, explorant les zones d’ombre de la mémoire collective et les silences enfouis d’une nation longtemps restée discrète sur son histoire. Lauréat du Grand Prix du meilleur roman policier finlandais 2020 pour Le Serment, il s’est distingué par une écriture tendue, empathique et profondément humaine.
Publié aux Éditions de La Martinière, Tous les silences s’ouvre sur un double récit glaçant.
En 1941, sur le front de l’Est, deux soldats finlandais enrôlés dans les Waffen-SS retiennent une mère et son enfant.
Près de quatre-vingts ans plus tard, en 2019, un vieil homme est retrouvé grièvement blessé dans une petite ville de Finlande. L’enquête va révéler un lien direct entre ces deux époques : celui d’un pays qui n’a jamais vraiment affronté les zones sombres de son histoire.
Tuominen signe un roman d’une puissance rare, entre drame historique et polar contemporain. Il y questionne la complicité de la Finlande avec l’Allemagne nazie, la culpabilité héréditaire et la manière dont les silences d’hier empoisonnent les générations d’aujourd’hui. Un récit d’autant plus troublant qu’il s’appuie sur des faits réels souvent passés sous silence.
Avec La Honte, paru un an plus tard, l’auteur poursuit son exploration des ténèbres humaines, cette fois dans une Finlande contemporaine.
À Pori, petite station balnéaire, un adolescent disparaît après avoir été manipulé sur les réseaux sociaux par un mystérieux « Peter Pan ». L’enquêtrice Linda Toivonen, de la brigade criminelle, se retrouve confrontée à un réseau d’abus et à ses propres blessures personnelles.
À travers ce récit d’une grande maîtrise, Tuominen interroge la culpabilité, le silence et la peur dans une société où la honte agit comme un poison invisible. Plus qu’un simple thriller, le roman met en lumière la fragilité des adolescents face aux dangers du numérique et la difficulté à dire l’indicible.
Qu’il s’agisse du poids du passé ou des ombres du présent, Arttu Tuominen développe un style d’une grande précision, à la fois introspectif et cinématographique. Il ancre ses intrigues dans une réalité finlandaise rarement décrite : celle d’un pays rural, silencieux, où la nature et la mémoire se mêlent au destin des hommes.
Tous les silences et La Honte ne se contentent pas de raconter des crimes : ils questionnent la responsabilité collective, la culpabilité morale et la part d’ombre que chaque société choisit d’oublier.
🎧 À découvrir prochainement sur Radio 2 L’Hers
Nous avons rencontré Arttu Tuominen dans le cadre du Festival Cadavres Exquis 2025.
Son interview, entre polar, histoire et mémoire, sera disponible en podcast et vidéo sur notre site 👉 radio2lhers.fr
Un passé qui ne passe pas – Tous les silencesLa Honte : le polar psychologique d’une société vulnérableUne écriture qui réconcilie noirceur et humanité