Cette semaine, le 11 novembre, on a fêté l’armistice de 1918, fin de la Première Guerre mondiale. Mais les choses ne sont jamais aussi simples : le 11 novembre, tout ne s’arrête pas d’un bloc et l’occupant ne disparaît pas dans la journée.

Et vous le savez, l’armée belge ne s’est jamais rendue depuis l’invasion en 1914, elle a tenu, avec ses alliés, pendant 4 ans, 100 km2 de la Belgique, à l’intérieur de l’Yser, avec le Roi Albert qui dirige les troupes depuis son QG à La Panne.

Mais ce qu’on ne raconte quasiment jamais c’est que depuis le mois de septembre, fini les tranchées, on avait douze divisions belges qui avaient enfin percé les lignes allemandes avec les fameux Tank Renault, les premiers chars d’assaut de l’histoire. Et donc, ce 14 novembre, les voilà à Ostende.

C’est la libération d’Ostende, trois jours après l’armistice. Ostende est important parce que c’est un port, c’est là que les Allemands stationnent leurs fameux U-Boot, leurs sous-marins ils étaient encore 30.000 quelques jours plus tôt. Mais les derniers sont partis la veille, 2000 hommes avec 500 canons et 200 wagons de munitions, donc pas de combats. Ils ont miné le port mais ils n’ont rien fait sauter.

Je vous laisse imaginer la joie des habitants d’Ostende qui chantent et qui crient, ils ne sont plus que 20.000 sur les 50.000 que la ville comptait au début de la guerre. L’occupation a été brutale, je ne sais pas si vos grands-parents ou arrière-grands-parents vous en ont parlé. C’est un soulagement indescriptible, on imagine les orchestres improvisés et les bouteilles de Bols qui sortent des caves. Tout de suite, la Croix-Rouge arrive, les repas, la solidarité, les démineurs aussi, mais il va quand même falloir 20 ans avant que la reine des plages qui a accueilli Victor Hugo, James Ensor, ne soit totalement reconstruite. Et ça a commencé un 14 novembre 1918, trois jours plus tard, le Roi Albert, le roi soldat, viendra en visite, ce sera la fête ; la Malle Ostende - Douvres ne va pas tarder à reprendre ses traversées.

Ce matin, on va se rendre à un truc sympa, une inauguration. D’autant plus que c’est une œuvre incroyable, un chantier qu’on pensait impossible et pourtant, ce 13 novembre 1927, les New Yorkais l’ont fait ! Quoi ?

Le tunnel Holland. Ça fait plus de vingt ans qu’on parle de relier le sud de Manhattan à Jersey City. Pourquoi ? Parce qu’on est au bout de la presqu’île la plus peuplée au monde, sa population explose, et ce qui n’arrange rien, la voiture du peuple, la fameuse Ford T est maintenant dans tous les ménages. Et donc ça fait des bouchons de tous les diables avec ces voitures qui, pour quitter Manhattan, doivent remonter toutes les avenues de la ville puis redescendre.

Et si on faisait un pont ? Une évidence. Sauf qu’il devrait faire plus de deux kilomètres de long, on est du grand côté du fleuve, l’Hudson. Mais ce n’est pas tout, la route devrait être suspendue à plus de 60 mètres de hauteur pour laisser passer les bateaux, New York est un port, un grand port. Si vous ajoutez à cela les marées, le risque des tempêtes et les expropriations qu’il faudrait faire, c’est risqué et hors de prix.

Alors, reste la solution du tunnel. Mais on est au début du XX° siècle. On n’a pas encore des tunneliers comme on a utilisé sous la manche. De plus, les ouvriers doivent travailler sous très haute pression pour éviter que l’eau ne s’infiltre dans le chantier souterrain. Ils doivent passer par des sas à l’aller et au retour. Et donc, 21 ans après la première réunion, ça y est, les gouverneurs des deux états sont au milieu de ce tunnel pour se donner la main, à 28 mètres de profondeur. Ils ont été malins, ils ont fait non pas un grand mais deux petits tunnels, un par sens de circulation. Le gouverneur de New York est un certain Franklin Roosevelt, le futur président des Etats-Unis, celui de la seconde guerre mondiale, et ce 13 novembre 1927, 51.694 véhicules vont passer par là. Et 70 ans plus tard, Sylvester Stallone va y tourner un film intitulé Daylight.

Je me vois toujours comme ceux qui étaient en âge, je suppose, ce 9 novembre 1989, debout devant un poste de télévision. J’étais à la mer, en train de regarder un truc improbable : des gens, des civils, debout sur le mur de Berlin.

On n’y croit pas, hein, et on se dit : ils sont fous, le pire va arriver. Car on est né avec ce Mur, on sait qu’il est gardé par des centaines de soldats qui ont depuis 30 ans tué ceux qui essayaient de le traverser.

Bowie a même écrit une chanson pour ceux qui sont morts en voulant trouver la liberté, elle s’appelle Heroes. Ce mur, c’est la terreur, avec ses tours et ses tireurs.

Et donc à tout moment, on s’attend à entendre un coup de feu, une rafale de mitraillette, puis une scène de panique, ils sont maintenant des dizaines dessus, sous les projecteurs. Il y en a même qui se laissent glisser de l’autre côté du mur et sont rattrapés par des gens à l’ouest. Ces gens s’embrassent, on lit l’expression de joie intense sur leur visage, comment est-ce possible ? Que se passe-t-il ? C’est de la folie.

Et puis, encore plus impensable, un type monte sur le mur avec une masse et commence à faire voler des morceaux de béton sous les cris de joie. De la joie, oui, car si pour nous le Mur de Berlin, on sait qu’il existe, qu’il est terrifiant, on l’a vu au JT et dans des films, pour les Berlinois, c’est une réalité au-delà des mots.

Imaginez que comme eux, le treize août 1961, vous vous levez et que vous voyez qu’on construit un immense mur au milieu de votre rue, dans votre jardin et que vous soyez pour toujours séparés de vos amis, d’une partie de votre famille sans aucune nouvelle d’eux. Et puis là, tout-à-coup, le miracle auquel on avait fini par croire ne jamais voir de nos yeux. C’était un 9 novembre 1989 et je peux vous dire qu’on était plein d’espoir, vers un monde nouveau : comme disait la chanson : On prend Manhattan pour commencer, puis Berlin.

Ca fait des mois qu’on parle des élections américaines, et bien justement, ce 8 novembre 1960 est élu un président que l’histoire n’est pas près d’oublier : John Fitzgerald Kennedy.

Une campagne électorale très serrée. Il y a eu 4 débats télévisés, vous vous rendez compte ? Et finalement, un vote qui l’es tout autant. Durant toute la soirée électorale, impossible de dire qui va gagner car Nixon semble remporter plus d’états que Kennedy mais Kennedy remporte des Etats plus peuplés. Ce n’est qu’à deux heures du matin que les supporters de Nixon se disent, aïe, ça ne se présente pas bien. Et ce n’est qu’au petit matin que Kennedy reçoit l’appel comme quoi il est élu président des Etats-Unis.

49,7% des voix pour le Démocrate John Kennedy, et 49,5% pour Richard Nixon. Et oui, c’est déjà lui, le candidat des Républicains. Ca s’est joué, en fait, à 112.000 voix sur près sur 68 millions d’électeurs. Les partisans de Nixon le poussent à contester les élections.

Mais Nixon, en pleine guerre froide, dit : « non, notre pays ne survivrait pas à une crise de ce genre » et il reconnaît sa défaite publiquement. Il va même demander à un journaliste d’arrêter d’écrire des articles sur des suspicions de fraude électorale. Et oui, on a dit beaucoup de choses sur lui mais Nixon est un type responsable.

Qui a parmi ses supporters, en Californie, un homme très influent qui jusque-là avait toujours supporté le clan démocrate mais qui à présent qu’il est sponsorisé par une grande compagnie d’électricité adhère au même parti qu’elle : il se nomme Ronald Reagan et élu gouverneur six ans plus tard, jour pour jour.

Car le programme de Nixon est très différent de Kennedy qui est pour le désarmement, la détente avec l’URSS, la lutte contre la mafia et le premier homme sur la Lune. C’est cet homme-là qui est élu président des Etats-Unis ce 8 novembre 1960.

Je ne vous demande pas si vous étiez né le 7 novembre 2000 ? Ni si vous vous souvenez de l’élection du président des Etats-Unis ? On en a parlé pendant des semaines, c’était du jamais vu, quel suspense !

C’est vrai que vu de chez nous, les Ricains se disputaient un État pour 537 voix d'écart. Et si on voit aujourd’hui à la télé qu’ils se bourrent dedans comme des coqs de combat entre républicains et démocrates, en 2000, c'est déjà le clash entre George W. Bush, Junior, le fils du père qui a déjà été président, et Al Gore, le vice-président de Clinton, le sortant.

Et aux États-Unis, vous le savez, l'élection présidentielle ne se joue pas sur une simple majorité nationale, mais sur un système de "grands électeurs" par État : 538 en tout, donc il en faut 270 pour gagner. Et donc l’état de Floride, avec ses 25 électeurs, est souvent la clé du scrutin car il balance régulièrement une fois démocrate, une fois républicain.

Les premiers résultats tombent dans la soirée du 7 novembre, et là, ça va être le chaos télévisé : vers 20h, NBC annonce que la Floride va être pour Gore, puis à cause d'écarts minuscules, elle dit que c’est Bush, avant de se changer encore deux heures plus tard. Au final, Gore gagne le vote populaire de justesse (48,4% contre 47,9%, 543 000 voix d'avance sur tout le pays), mais en Floride, c'est les 537 voix d'écart entre les deux candidats sur 6 millions d’électeurs qui coincent. Car ça veut dire que tout se joue sur ces 537 voix. Donc on compte et on recompte, à la main, on conteste à chaque fois, jusqu’à ce que la Cour suprême le 12 décembre, arrête tout et couronne Bush.

Un George Bush qui sera le président du 11 septembre un an plus tard, on y pense tout de suite, mais surtout un Al Gore qui n’a pas passé son temps à crier qu’on lui avait volé l’élection et hurlé au complot. On a vraiment beaucoup perdu en classe, honnêteté et crédibilité, en moins de 20 ans.

Vous avez déjà regardé un journal télévisé ! Vous avez déjà entendu parler du Pacte Scolaire ! Alors, les mecs au Journal, ils sont marrants mais le pacte scolaire, c’est quoi ? On nous cache tout, on nous dit rien !

Et ben déjà, ce fameux pacte a été conclu un 6 novembre 1958.

Ah quand on dit 1958, on voit tout de suite les boules de l’Atomium sous un ciel bleu, et l’exposition universelle. Mais croyez-moi, on n’a pas parlé que de ça dans les journaux en 1958, non. On a beaucoup parlé de la guerre scolaire qui dure depuis maintenant huit ans.

Ah je peux vous dire que ça rigole pas. Le premier juin, en pleine expo universelle, le CDLD, le Comité pour la défense de la Liberté et de la Démocratie, z’avez jamais entendu parler, hein, et ben, il réunit 200.000 manifestants dans les rues. On n’a pas vu ça souvent dans notre Histoire !

Que se passe-t-il ? Et bien en Belgique, grâce au roi hollandais Guillaume d’Orange, y a deux réseaux : un officiel, gratuit, financé par l’Etat et un financé par l’Eglise, qu’on a appelé du coup « libre ». Et donc les Libéraux et les Socialistes qui soutiennent l’officiel disent : pas un sou de l’Etat pour le Libre. Sauf que ça ne tient pas, vous ne pouvez pas dire “Liberté, égalité, fraternité” et son contraire.

Et sauf qu’en 1950, le Parti Catholique remporte tellement de voix aux élections qu’il gouverne seul et instaure notamment que les subsides sont proportionnels au nombre d’élèves et d’étudiants. Et ça, c’est le début de la guerre car le libre en compte beaucoup plus que l’officiel.

Alors, en juin 1958, le nouveau premier ministre dit : “vous allez arrêter, oui ! Allez, tous autour de la table et on se met d’accord sur, grosso modo : le mêmepactole pour les deux réseaux, l’école est gratuite et la liberté de choix du réseau pour les parents. Maintenant quand un mec dira encore « pacte scolaire », vous aurez une petite idée, vous pourrez même lui dire qu’il a été signé un 6 novembre 1958.

Vous connaissez mai 68, on en a tellement parlé, c’est un grand mythe français.

Et on a beaucoup dit qu’en Belgique, y avait rien eu de pareil.

C’est vrai. Faut dire que chez nous, en 1968, l’ambiance dans l’enseignement est tendue comme un string depuis des années déjà. En effet, depuis 1962, nos brillants responsables ont commis cette aberration de tracer une frontière linguistique dans notre pays. C’est magnifique et intelligent, ça ! Dire : bon, à partir d’ici on parle français, hein ? Et là flamand ! C’est une évidence pour nous tous qui sommes nés avec ça mais regardez le bordel que ça a mis dans notre pays, depuis.

Bref, en traçant cette ligne, la plus grande université du pays, celle de Louvain, Leuven, se retrouve en territoire linguistique flamande. Mais les évêques, flamands comme wallons, pas fous, se disent : couper en deux l’Université de Louvain, c’est non seulement la condamner à ne plus être la plus grande, mais surtout quel appauvrissement au niveau du savoir. Donc, c’est non. Du coup, y a des mecs qui gueulent, alors ils disent OK, on divise les cours en deux groupes linguistiques, ça vous va ? Ouaiis, enfin, yaaa.

Sauf que dans les années 60, les jeunes commencent massivement à faire de plus longues études et le nombre d’étudiants à Louvain explose. Et voilà un nombre incroyable de francophones dans la ville, et ça, les défenseurs de la cause flamande refusent d’entendre parler français partout. Les bagarres commencent entre étudiants francophones et provocateurs flamands, des voix issues de milieux pas fréquentables commencent à se faire entendre, et donc, ce 5 novembre 1967, elles organisent à Anvers une manifestation pour exiger que l’université de Leuven soit uniquement flamande. Ils sont entre 25 et 30.000, il n’y aura pas de grabuge, mais ils sont agressifs et surtout sur leurs panneaux, on va lire une expression qui va faire le tour du pays et qui va rester : Walen buiten. C’était un 5 novembre.

Je vais vous parler d’un Belge qui a compté dans la vie de centaines de millions d’hommes et femmes mais qui est oublié aujourd’hui parce que son nom n’a jamais été connu, il s’appelle Georges Papy. Oui, P A P Y, on choisit pas sa famille, donc son nom. Qui n’a pas dû être facile à porter à l’école, on le devine, dans les années 20 et 30 puisqu’il est né, ce 4 novembre 1920, à Anderlecht.

Et même s’il s’est sûrement fait harceler en primaire et moquer en secondaire dans la cour de récréation, ça ne l’a apparemment pas traumatisé ce bon Papy car, à l’âge de 39 ans, alors qu’il est Professeur d’algèbre à l’Université Libre de Bruxelles, il répond à une invitation de la Société Belge des Profs de Maths qui se réunit à Arlon. Et là, il prononce un discours qui enthousiasme tous les participants, il dit que son grand rêve est d’enseigner les maths modernes aux enfants dès le plus jeune âge. Tout le monde l’applaudit, la dame qui l’a invité est tellement émue qu’elle va devenir sa femme.

Et donc, cochon qui s’en dédit, ils vont tous les deux concevoir des manuels de maths modernes pour les jeunes écoliers, inventer des méthodes, des jeux pour rendre l’apprentissage des maths amusant. Bon, je suis sûr que pas mal d’entre vous doivent à présent les haïr parce que bon, les maths ne leur ont pas laissé un bon souvenir. Mais le mouvement créé par Georges et Frédérique Papy a fait des petits en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, dans le monde entier. Georges Papy est celui qui a fait comprendre à ses semblables que les enfants pouvaient comprendre les mathématiques très jeunes.

En tout cas, qu’on aime les maths ou pas, c’est encore un Belge qui s’est illustré dans le Monde grâce à une idée et à une passion, il y en a bien plus de ces Belges, qu’on voudrait nous le faire croire, par ignorance, le plus souvent. C’est pas demain qu’on arrêtera de faire cocorico, ou de rugir, c’est plus exact.

On parle beaucoup dans les films des Pères de la nation américaine, c’est vrai. Et à nouveau, en Belgique, rien. Et pourtant, on a vécu le même type d’événement. Des mecs d’un autre pays qu’on met dehors fermement parce qu’ils ne nous respectent pas, ce sont les émeutes du mois d’août 1830 à Bruxelles, à la sortie du Théâtre Royal de la Monnaie. Puis les combats dans les rues de la ville contre l’armée hollandaise et en province le mois suivant.

Et on a aussi de très grands hommes qui se sont illustrés comme Washington, Jefferson, Adams, Franklin tout ça : nous on a Gendebien, De Potter, de Mérode, Rogier, ça sonne plus local, hein. Et justement, comme leurs homologues amerloques, les pères de la nation belge se disent très vite : on ne peut pas diriger comme ça, rien que nous, on va faire appel au peuple. Et ils convoquent des élections pour voter une constitution.

Et bien ce premier vote en Belgique, les amis, il a lieu un 3 novembre 1830, vous vous rendez compte, on n’est pas encore à l’abri d’un retour de l’armée hollandaise que déjà, allez on vote ! Et justement, ce 3 novembre 1830, les élections pour élire nos 200 premiers parlementaires vont se dérouler très … bien. Tellement bien qu’on n’en a gardé aucun souvenir, les seuls écrits qu’on ait c’est que tout s’est déroulé dans le plus grand calme.

Bon, il faut dire qu’il n’y a que 46.000 électeurs recensés et qu’une trentaine de milliers va se déplacer. Pourquoi ? Parce qu'à l’époque, le vote est censitaire et capacitaire. Qu’est-ce que ça veut dire ? Et bien que voter n’est pas un devoir mais un droit, et pour avoir ce droit, il faut soit payer un certain montant d’impôt, suffrage censitaire, et capacitaire : avoir un diplôme universitaire ou exercer une certaine fonction : officier, ecclésiastique, banquier, commerçant.

Mais faut le faire, hein ? Fortiches quand même ces Belges, quand on pense au carnage en France, et ailleurs. Nous, est-ce un signe, c’est cool qu’on est allé élire nos premiers représentants. Et ne croyez pas qu’il n’y avait pas de confrontation d’idées, ça chauffait grave dans les confrontations d’idées.

Ce 2 novembre 1886, je vous invite à aller faire un tour dans le centre de l’Allemagne, à Mannheim. A cette époque, se promener l’après-midi est une activité de loisir et justement sur la Ringstrasse, il y a un attroupement d’une centaine de messieurs avec leurs manteaux et leurs cannes autour d’un étonnant engin.

En effet, Herr Carl Benz va faire un tour pour qu’on parle de sa trouvaille, un attelage classique quoique sur trois roues mais sans chevaux. Oui, il est propulsé par un petit moteur à explosion qui prend la place de la malle arrière. On le met en route, il fait pas mal de bruit, presque 1000 cm³ quand même. Deux trois personnes le poussent un petit peu et le voilà parti à bord de ce qui est … la première automobile.

Vous avez retenu le nom du gars ? Benz, ça vous dit quelque chose. Oui, Benz, l’homme de la Mercedes, est l’inventeur de l’automobile. Disons qu’il est le premier à déposer le brevet et disons qu’il est le premier à adopter le moteur à explosion, les autres véhicules de l’époque qu’on pourrait aussi qualifier d’ancêtres de la voiture ont des moteurs à vapeur.

A noter que c’est sa femme Bertha qui va la rendre populaire et faire sa fortune en partant quelques jours plus tard et sans l’en avertir, faire une excursion de plus de cent kilomètres en un jour. Et Benz qui a inventé ce véhicule en pensant aux médecins, pour se passer de chevaux dans les petites rues des villes, voit tout à coup la portée de son véhicule. Il va ensuite s’associer avec Daimler, l’inventeur de la moto, puis quarante ans plus tard avec Emile Jenilek qui a donné au modèle de son automobile le prénom de sa fille : Mercedes, créant la Daimler-Mercedes-Benz.

Et donc, ce 2 novembre 1886, Monsieur Benz est heureux de la performance de son véhicule qui atteint la vitesse vertigineuse de 18 km/h en consommant 10 litres aux cent. Ce n’est pas un problème sauf la capacité de son réservoir qui est de cinq litres.

Ce premier novembre, comme tout le monde le sait, c’est la Toussaint, et donc nous allons …

Et bien nous nous trompons, si nous allons au cimetière pour fêter nos disparus car le Jour des Morts, c’est le 2 novembre. Non, la Toussaint, comme son nom l’indique, c’est la fête de Tous les Saints. Enfin, pas tout-à-fait tous les saints, du moins au départ. Allez, je vous emmène dans la France et la Belgique carolingienne, nous sommes en 835.

Cela fait une bonne vingtaine d’années que Charlemagne est mort, il a laissé un immense empire à son fils Louis. Oui, LE Louis Ier, bien avant les numéros XIV, XV et XVI qu’on connaît bien, le premier c’est lui, le fils de Charlemagne.

Ah, il a un territoire beaucoup plus grand que les autres Louis. Et, à la différence de son père, il est très impressionné par la religion catholique, il paraît qu’il fond en larmes quand il entre dans une église, certains historiens vont ainsi le surnommer “Louis le Pieux” ou encore “Louis le débonnaire”.

Et donc, il sait tout sur la vie religieuse. Et notamment qu’il y a une chapelle à Saint Pierre à Rome dédiée à TOUS les saints.

Là-dessus, le pape Grégoire IV, qui fait le ménage dans le calendrier, décide de changer la date de la fête des martyrs qui intervient juste après Pâques, pour la placer le 1er novembre afin de concurrencer une vieille fête celte, Samain. Il se dit, comme ça, on va en finir avec ces trucs de païens.

Et donc, ce bon Louis ordonne qu’on fête le 1er novembre, non pas les martyrs, mais tous les saints, en l’an de grâce 835.

Ce 31 octobre 1941, nous allons assister à l’inauguration de la plus grande sculpture de l’histoire. Vous voyez ce que c’est ?

Les quatre présidents américains du Mont Rushmore.

C’est l'œuvre du sculpteur Gutzon Borglum, il était alors très célèbre et venait d’entamer un bas-relief gigantesque à flanc de montagne en Géorgie pour commémorer la guerre de sécession. Il faut le savoir, c’est un gars du Ku Klux Klan, Borglum, mais il va un peu se racheter, vous allez voir.

En 1923, un historien imagine donc lui demander une sculpture monumentale dans les montagnes noires, les Black Hills du Dakota du Sud dont il est originaire, pour commémorer les 150 ans des Etats-Unis et doper le tourisme dans la région. Vous l’avez compris, ça va mettre du temps, coûter de l’énergie et de l’argent puisque les visages sculptés des 4 présidents vont coûter 22 millions de dollars d’aujourd’hui.

Des visages qui font 18 mètres de hauteur, les 400 ouvriers vont faire tomber 450.000 tonnes de roche au bas de la montagne. Et il n’y aura en 14 ans de travaux, aucun accident mortel, il faut le souligner, avec quand même un vide de 160 mètres en dessous d’eux.

Ce qu’il faut savoir c’est que l’oeuvre est inachevée car on devait voir les présidents en buste mais faute d’argent, seul celui de Washington est esquissé, Jefferson et Roosevelt n’ont que leur tête, tandis que celle du dernier, Lincoln, est encore prise dans la roche. Lincoln, défenseur de l’égalité entre les noirs et les blancs, je vous disais que le sculpteur se rachète malgré tout, mais n’assiste pas à l’inauguration de l'œuvre la plus monumentale de tous les temps, il est décédé six mois plus tôt. Objectif atteint en tout cas, car le Mont Rushmore attire chaque année 3 millions de touristes.

Ce 30 octobre 1980 a lieu une conférence de presse pas comme les autres, puisqu’elle est donnée par Coluche au Théâtre du gymnase à Paris. Il y a du monde car le communiqué qui a été envoyé signale qu’il va annoncer sa candidature à l’élection présidentielle qui aura lieu au printemps 1981.

 Il faut le dire, c’est une époque où la politique est le meilleur sujet des spectacles d’humoristes et imitateurs car les quatre ténors sont des personnages caricaturaux : Giscard d’Estaing, Raymond Barre, François Mitterrand et Georges Marchais, le plus imité de tous.

 Coluche, lui, est devenu le plus grand des artistes français : il remplit le Gymnase tous les soirs depuis un an et son dernier album s’est vendu à 430.000 exemplaires, c’est plus que Johnny Hallyday.

 Mais là, il jette un pavé dans la marre puisqu’il se déclare en tant que candidat nul : "Comme on a voté pendant 30 ans pour des gens compétents et intelligents, je propose aujourd'hui qu'on vote pour un imbécile qui n'y connaît rien, c'est à dire moi".

Bref, il appelle tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour lui. Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche, le seul candidat qui n'a aucune raison de vous mentir !

Evidemment, les premiers à rallier son comité de soutien sont ses potes Eddy Mitchell, Renaud et Michel Sardou, du lourd quand même.

 Alors on ne va pas revenir sur ce qui s’est passé par après, les 12,5% d’intentions de vote, 5% de plus que pour Chirac, la polémique violente, etc. pour ne garder que le souvenir de ce jour du 30 octobre et de ces soirs au Gymnase, où la salle attend le rappel avec un Coluche qui revient avec l’écharpe tricolore et fait son appel à voter pour lui avec ce slogan : Avant moi, la France était coupée en deux, maintenant elle va être pliée en quatre.

On va remonter ce 29 octobre, en 1969, on est aux Etats-Unis, en Californie, l’Homme vient de mettre le pied sur la Lune mais à l’Université de Los Angeles, il va se passer quelque chose de bien plus important pour notre quotidien en 2025 …

des mecs vont envoyer le premier message internet. Y a deux gars d’un côté et de l’autre d’une ligne téléphonique de 550 km, de Los Angeles à Stanford, près de San Francisco, ça s’appelle Menlo Park.

Le but est d’envoyer un message simple par téléphone grâce à ce qu’ils appellent des communications par paquets. Ca veut dire, en l’envoyant par petits morceaux.

Bon à l’époque, pour vous situer, l’ordinateur d’Apollo XI qui s’est posé sur la Lune avait une capacité inférieure à une photo sur votre GSM aujourd’hui. Donc, le message c’est juste le mot LOGIN par paquets, c’est-à-dire, lettre par lettre.

Alors, imaginez la scène, c’est vraiment comme ça que ça s’est passé : après beaucoup de tests, ils travaillent depuis le matin sur les routeurs, etc, à 22.30, le gars à Los Angeles envoie la première lettre de Login et l’autre à San Francisco lui répond par téléphone, j’ai reçu le « L ». C’est la première communication internet ! Il envoie le « O », reçu le « O », puis le « G » et là, plantage ! Le premier plantage internet, mon vieux, est arrivé quelques secondes après le début de la première communication.

Y a un blème mais on le résout : J’ai compris, on n’a pas assez de puissance pour 5 lettres. Et donc à 23.30, ça y est, c’est fait, le premier mot vient d’être envoyé par internet, Arpanet, comme on l’appelle alors, après avoir résolu le premier bug. La preuve est faite qu’en décortiquant un fichier, on peut l’envoyer à travers une ligne téléphonique pour qu’il se reconstitue de l’autre côté. C’était un 29 octobre 1969, et ils n’ont pas fait la fête, ne se doutant pas, probablement, de l’importance phénoménale de ce premier pas dans une nouvelle ère.

Ce 28 octobre 1886, c’est un jour de fête à New York car on va inaugurer la statue de la Liberté.

C’est une évidence aujourd’hui, c’est le symbole de l’Amérique. Et ben justement, elle ne l’est pas. Pour les Américains, c’est un cadeau des Français, elle a été construite en France, une sculpture de Bartholdi et une ingénierie de Gustav Eiffel, en plus placée dans le port où elle est d'ailleurs arrivée par bateau. C’est leur statue, pas la nôtre !

C’est d’ailleurs ce que pense Grover Cleveland, le président des Etats-Unis qui s’est opposé au financement du socle sur lequel elle doit être posée. Les Français n’ont qu’à payer ! Jusqu’au dernier moment, il n’est même pas censé être là. Ça rappelle quelqu’un, hein ?

Donc ce 28 octobre, est-ce un signe, il ne fait vraiment pas beau, le ciel est très bas mais la ville de New York a décrété un jour férié et un million de personnes assistent au défilé dans Manhattan, puis les 600 invités montent en bateau avec le président américain et le sculpteur Bartholdi.

Et là, en s’approchant, les gens sont impressionnés par cet ensemble de près de 50 mètres de haut dont le visage est recouvert par un drapeau tricolore. On s’installe, le président s’apprête à faire son discours quand ça se met à gueuler depuis un bateau, ce sont les suffragettes qui protestent : et oui, la Liberté, c’est une femme et il n’y en a que 3 sur les 600 invités. Et ce droit de vote qu’on nous promet ?

Bref, il reprend et au bout de cinq minutes, Bartholdi qui s’est éclipsé pour monter dans la main de sa statue, lâche la corde inaugurale trop tôt, le drapeau tombe et là, le public se lève, on entend un immense ooooh, Cleveland s’arrête se retourne et voit tomber le drapeau. Tonnerre d'applaudissements ininterrompus durant un quart d’heure, d’après les témoins, avant que le président ne reprenne dans la quasi indifférence générale. Oserait-on dire qu’il a été bien puni par la Liberté, ce 28 octobre 1886 ?

Ce matin, nous allons vivre un nouvel épisode de la Révolution belge qu’on ne raconte pas assez, je l’ai déjà dit. Et c’est vrai qu’on garde tous l’idée que cela a été une petite révolution vite faite, une revolutionke. Alors écoutez car ce n’est pas exact. C’est pas une révolution de palais. Déjà, après les hauts faits de batailles en septembre dans le centre de Bruxelles que je vous ai aussi racontés, ce 27 octobre, c’est au tour d’Anvers où les Hollandais sont bien implantés, et pour cause, le port !

A 7 heures du matin, boum, c’est parti, des insurgés anversois rejoints par des louvanistes, liégeois, bruxellois prennent toutes les portes de la ville, les soldats hollandais se réfugiant dans la citadelle et un fort. Leur général hisse le drapeau blanc, il veut négocier. Les révolutionnaires répondent : OK mais on veut la capitulation, le général hollandais, il s’appelle Chassé, je vous jure que c’est vrai, David Chassé, dit : je vous réponds à 15 heures.

Mais voilà, juste après, des révolutionnaires exaltés, et bourrés, attaquent et prennent l’arsenal. Là-dessus, Chassé dit j’ai été trahi, on ne peut pas leur faire confiance. Il fait descendre le drapeau blanc et hisser le drapeau noir, ce qui signifie … le signal du bombardement. Les canons de la citadelle et surtout de l’armada hollandaise, huit navires sur l’Escaut envoient 16.000 obus et plus de 1500 bombes incendiaires sur les quartiers d’Anvers. Ils vont tirer durant près de sept heures, détruisant 230 maisons, en abîmant sérieusement 125 autres, et surtout tuant 85 personnes dont 68 civils.

Nos révolutionnaires répliquent, évidemment, et finalement, ils vont signer un cessez-le-feu le lendemain. En attendant, ce bombardement va choquer les Belges quand ils vont l’apprendre dans les journaux, dès le lendemain, c’est vraiment l’épisode qui va créer la rupture totale avec les Hollandais, la Maison d’Orange, car n’oublions pas que jusque-là, Belgique, ça ne voulait rien dire. C’était un 27 octobre 1830.

Ce 26 octobre 1981, je m’en souviens comme si c’était hier. J’allais avoir 19 ans, je me promenais dans Bruxelles et là, dans la vitrine d’un disquaire, qu’est-ce que je vois : un maxi 45 Tours tout noir avec deux noms : Queen + David Bowie.

A l’époque, on est peu de jeunes à aimer les deux, car Queen et David Bowie, c’est deux univers radicalement différents, on ne les imagine pas faire un disque ensemble. Et puis, David Bowie et Freddie Mercury, c’est deux gars qui prennent à eux seuls toute la place quand ils sont quelque part, c’est inimaginable qu’ils acceptent de partager l’affiche : Queen n’a pas besoin d’un autre chanteur star.

En fait, tout est arrivé par accident. Queen possède un studio à Montreux qu’ils ont au départ découvert grâce à Bowie et ils se retrouvent à enregistrer en même temps : David Bowie la chanson du film Cat People avec Giorgio Moroder, un truc génial, et Queen leur prochain album.

C’est là que Mercury dit coincer sur un titre et lui demande conseil. C’est ce titre … Bowie enregistre des chœurs mais ils n’en sont pas contents. Et comme ça arrive souvent, les musiciens jouent pendant qu’ils discutent et là, John Deacon, le bassiste, joue ça … Waouw, c’est génial crie Bowie, je veux enregistrer ça, ça me donne des idées.

Ils partent manger, ça picole beaucoup et quand ils reviennent, Deacon a oublié le truc qu’il jouait. C’est là que Bowie lui dit : tu jouais ça ! Et il change une note.

Mercury sort le texte qu’il a écrit et là Bowie dit : on va chanter chacun notre tour sans que l’autre écoute et on choisira au mixage ce qu’on retient. Bowie improvise carrément son texte, c’est hallucinant, selon les autres membres de Queen, une vraie battle entre les deux chanteurs.

Quand Bowie part, la chanson s’appelle People on street. Pour lui, elle n’est pas finie mais Queen va la sortir telle quelle sous le nom de Under pressure et David Bowie sera sur le coup très fâché … jusqu’à ce que la chanson soit N°1.

Ce 25 octobre 1978, nous sommes à Kansas City où va être projeté un film de série B mais qui va avoir un impact considérable sur le cinéma de genre et même bien plus. Il s’appelle Halloween. En français, on va lui ajouter un sous-titre La nuit des masques.

Ce qu’il y a de fou, c’est qu’aujourd’hui, des décennies plus tard, tout le monde sait ce que c’est, Halloween. Mais à l’époque, en Europe, en dehors des îles britanniques, presque personne ne sait ce qu’est Halloween. C’est la presse et la télé qui vont nous expliquer cette fête qui ne commencera à être célébrée chez nous que vingt ans après.

Ce n’est pas le premier film sur un tueur en série mais c’est celui qui va être copié et recopié par un tas d’autres de Vendredi 13 à Scream, etc.

Ce sont les producteurs qui ont soumis l’idée à un jeune cinéaste qui a déjà commis deux petits films dont un est vachement fortiche, il s’appelle Assault et raconte l’attaque d’un commissariat isolé par une bande armée.

C’est John Carpenter et sa femme qui écrivent le scénario et justement c’est dans ce film qu’on va voir pour la première fois, le méchant se relever alors qu’on le croit mort. Un méchant qui entre parenthèses a été payé 25 dollars par jour, y avait pas de budget. Jamie Lee Curtis, qui a le premier rôle, 19 ans, 8.000 dollars, c’est une débutante, elle n’est même pas le premier choix. Quant à l’acteur anglais, Donald Pleasance, qui lui est très connu, il a joué avec Steve McQueen dans la grande évasion, il a fait le méchant dans le 5ème James Bond avec Sean Connery, il n’a droit au rôle que parce Peter Cushing a monté ses prix à cause de Star Wars dans lequel il vient jouer.

Bonne idée pour lui d’accepter le rôle, sa carrière va être reboostée, quant à Carpenter, il est payé au pourcentage, 10% des bénéfices, ce qui pour un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma est une véritable rente viagère.

Vous êtes déjà passé sur la place de la Concorde ? Si pas, on voit tous ce qu’il y a au milieu : l’obélisque.

Et bien figurez-vous que cet obélisque s’y trouve depuis le 24 octobre 1836. Presque 190 ans qu’il y est, mais il est beaucoup plus ancien, il a été sculpté dans les années 1200 avant JC, il a déjà, en 1836 plus de 3000 ans.

Qu’est-ce qu’il fout là ?

Il a été offert en 1831 par un sultan en remerciement des campagnes de Napoléon. Napoléon qui, à ce moment, est mort depuis dix ans. Mais bon, c’est bien gentil, hein ? Merci ! Mais comment on va ramener ce truc de 230 tonnes, sans le casser ? C’est vrai, ça a beau être du granit, il est pas tout jeune. Et bien sur un bateau conçu par Jean-Baptiste Cockerill, ça vous dit quelque chose, ce nom ? Un navire à fond plat, qui va être construit à Anvers et être notre fierté nationale, les journaux belges vont en parler quasiment tous les jours de la traversée de la Méditerranée. Bateau qu’on a appelé logiquement, le Louxor. On va oublier qu’on a failli perdre l’obélisque en mer à cause de la vilaine tempête qui a amoché le Louxor. Il a fallu le réparer à Toulon et ça a pris du temps.

Et donc, c’est seulement ce 24 octobre 1836, que 200.000 personnes se massent sur la place de la Concorde, qui est encore en plein travaux, pour assister au spectacle. 200000 ! Paris fait moins d’un million d’habitants à l’époque. Il y a des gens partout pour voir cet obélisque se dresser sur ses 23 mètres de haut. Bon y en a sûrement qui sont là pour le voir tomber, ils disent, mon vieux je l’ai vu à quai, sur la Seine, ils y arriveront pas !

Et ben, est-ce la musique de Mozart jouée par un orchestre, y a pas de DJ à l’époque, mais l’immense machine en bois, un cabestan gigantesque, va y arriver en 4 heures. Et à seize heures, ce 24 octobre 1836, l’obélisque choisi par Champollion lui-même, l’homme qui a déchiffré les hiéroglyphes, offre les siens à la lecture du tout Paris. Après ça, un discours royal, un feu d’artifices et bien sûr un p’tit canon, évidemment. Ca c’est du vernissage !

Savez-vous que ce jour du 23 octobre est TRÈS important ? C’est même le plus important de l’Histoire avec un grand H puisque le premier homme est apparu sur Terre un 23 octobre en 4004 avant Jésus Christ.

Ce n’est pas moi qui le dit mais un savant nommé James Ussher dans un ouvrage très sérieux qu’il publie en 1650 et qui va, vous le comprenez, c’est un scoop, faire beaucoup de bruit. Il donne même l’heure : c’était à 18 heures !

Vous allez me dire : il n’est pas sérieux, ce James. Hé ho, c’est l’archevêque anglican primat d’Irlande, alors poupouille, hein ! Il a obtenu cette date avec un calcul très savant à partir d’un livre dont personne ne peut mettre en doute la véracité : l’Ancien Testament.

Et oui, il fallait y penser. Car tout est écrit dans la Bible.

Bon c’est vrai que dans la Genèse, on ne situe pas bien quand Dieu a dit : Que la lumière soit ni à quelle date, il a fabriqué Adam. Là d’accord, je sais pas ce qui leur a pris aux mecs qui ont écrit ça mais ils ont oublié de noter !

Sauf que plus loin, il est écrit que de Adam au Déluge, il s‘est écoulé 1656 ans. Ah un indice ! Puis 292 ans jusque Abraham, puis 505 ans jusqu’à Moïse, et il continue. Et donc Ussher va croiser ça avec les écrits des civilisations voisines babyloniennes, égyptiennes, etc. Il arrive à 4000 ans jusqu’à la naissance de Jésus, qui est né, en 4 av JC, ça fait donc 4004 ans. Pourquoi le 23 octobre ? Parce que c’est l’équinoxe d’automne, à cause du fruit défendu. Là, j’ai pas bien compris mais bon, il sait de quoi il parle le gars, y a des livres chez lui !

Et comment il obtient l’heure, et bien parce qu’il est écrit que c’est le matin et le jour chez les Juifs commence le soir, et qu’à l’équinoxe le soir tombe à 18 heures. En conséquence, ce 23 octobre 1650, le premier homme est apparu sur Terre 5654 ans plus tôt. Tout le monde va dire : d’accord, on vous croit ! Et on va retrouver ça dans toutes les Bibles de l’époque, jusqu’à ce que ça fasse marrer un certain Charles Darwin, deux cents plus tard !