
Après avoir reçu le diagnostic d’adénomyose, je pensais être prête à affronter les prochaines étapes. Ma gynécologue m’a demandé de faire une prise de sang pour mesurer mon taux d’AMH (Hormone Anti-Müllerienne), un indicateur de ma réserve ovarienne. Elle a également réalisé une nouvelle échographie endo-pelvienne pour évaluer mes ovaires afin de connaître le nombre de follicules restants.
À ce moment-là, je ne savais pas vraiment ce que cet examen impliquait. C’était flou pour moi, les termes médicaux se succédaient, et je me sentais perdue dans un univers qui m’était étranger. Après cette échographie, ma gynécologue m’a annoncé que ce qu’elle voyait correspondait bien aux résultats de la prise de sang. Mon taux d’AMH était faible pour mon âge, et elle ne voyait que quatre follicules à droite et six à gauche.
Avec cette annonce, une série de questions et de remarques sont tombées comme un couperet :
« Est-ce que vous souhaitez des enfants ? »
« Ça serait pas mal de ne pas différer le projet ! »
« Malheureusement, je ne peux pas vous dire si vous allez avoir du mal à en avoir. »
« Si vous ne souhaitez pas en avoir cette année, ça serait bien de congeler vos ovocytes ! »
Chaque phrase m’a plongée un peu plus dans l’angoisse. Ces mots, jetés de manière presque mécanique, résonnaient en moi comme autant de coups de poing. Je ne comprenais pas vraiment ce que tout cela signifiait. Je n’étais pas préparée à ce genre de conversation, encore moins à devoir réfléchir à ces questions si importantes, si rapidement.
Je suis rentrée chez moi avec une multitude d’informations que je ne savais pas comment traiter. Comment pouvais-je digérer tout cela ? Je n’avais jamais vraiment réfléchi au fait d’avoir des enfants, et encore moins à la possibilité que ce choix pourrait m’être en partie retiré.
J’ai alors commencé à investiguer, à chercher des réponses sur Internet. J’ai voulu comprendre ce que signifiait réellement ce faible taux d’AMH, ce que cela impliquait pour moi, et surtout, ce que cela voulait dire pour mon futur en tant que femme. J’ai exploré des sites, lu des articles sur l’endométriose, l’infertilité, la FIV (Fécondation In Vitro), les ovaires… J’étais en quête de réponses.
Puis, je suis tombée sur un site spécialisé, FIV.fr, où j’ai trouvé un test basé sur mon taux d’AMH. Curieuse et anxieuse, j’ai saisi mes résultats.
Le résultat du test a été un choc : « L’âge réel de vos ovaires est de 45 ans ». Ce chiffre, cet âge, ont résonné en moi avec une violence inattendue. Je n’avais jamais envisagé que mes ovaires puissent être « plus âgés » que moi. Cette phrase, à elle seule, a cristallisé toutes mes peurs et mes incertitudes. Elle m’a fait prendre conscience d’une réalité que je n’étais pas prête à affronter.
Les mots du corps médical peuvent être d’une violence insoupçonnée. Lorsqu’ils sont prononcés sans véritable considération pour la personne qui les reçoit, ils peuvent laisser des marques profondes. Des phrases comme « l’âge réel de vos ovaires est de 45 ans » ne sont pas juste des informations médicales ; elles touchent à l’intime, au plus profond de soi, remettant en question des aspects essentiels de l’identité, du futur.
Aujourd’hui, je comprends que ces mots, aussi durs soient-ils, ne sont qu’une partie de mon parcours. Il est essentiel de parler de ces moments, de partager ces expériences pour que, peut-être, d’autres femmes ne se sentent pas aussi seules et démunies face à la violence de certaines annonces médicales.
Je suis toujours en quête de réponses, de solutions, mais surtout d’un chemin qui me permette de faire face à ces défis avec sérénité. Ce journal intime est une façon pour moi de poser des mots sur des maux, et d’avancer, pas à pas, vers une meilleure compréhension de moi-même et de ce que je souhaite pour mon avenir.