Et si nos petits choix réflexes, nos caprices momentanés, ou nos instincts de consommateur n'étaient que des exemples d'anti-décisions ? La véritable décision réclame une délibération comme condition de l'engagement, comme condition de la responsabilité. Peut-être pourrions-nous mieux nous connaître pour distinguer ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous, ce qui vient de notre volonté de ce qui vient de nos déterminismes ?

Tout se passe comme si nous n'avions plus qu'à décider ! Lavage à 50 ou Big Mac double cheese ? Vaccin ou avion ? Piscine ou SUV ? La profusion de choix que nous avons à faire dans notre société de nantis est-elle la marque de notre liberté ou de notre impuissance ?

Et si le mérite produisait et amplifiait l'injustice ?

Et s'il n'était pas juste de couper le gâteau en parts égales ?

Et si la justice n'était pas une vertu comme les autres ?

Et si la loi ne protégeait pas les individus ?

Et si "faire justice soi-même" ne voulait rien dire ?

Et si la justice n'était pas une question de loi ?

Et si nous n'étions pas si libres de penser ?

Et si notre conscience suivait des règles de fonctionnement objectives ?

Et si nous n'avions pas la mesure de notre activité psychique ? Si ce dont nous avons conscience n'était que la partie émergée de l'iceberg ?