
Bienvenue dans les polyphonies, un podcast où la classe est un petit théâtre, où la parole se fait théâtrale et théâtre de nos représentations.
Nous prêtons l’oreille à une joyeuse valse de discours tout en construction et en déconstruction, où l’autorité du savoir fond sous la douche de l’avant-scène entourée par une troupe d’un chœur composite.
Je m’appelle Anna Colléoc, et je suis fascinée par la polyphonie. J’ai voulu vous parler des bruissements qui ont lieu dans l’espace de la classe, que je fréquente en tant qu’enseignante décidée et passionnée, gardant précieusement le très net souvenir d’y avoir été élève.
La polyphonie, c’est d’abord un terme musical qui désigne un ensemble de plusieurs voix, plusieurs tonalités assemblées. Polyphonies, pour plusieurs voix, plusieurs directions, plusieurs souffles, plusieurs voies d’interprétation…
Dans chaque discours, il y a un feuilletage de ce que le locuteur a voulu dire, ce qu’il a vraiment dit, ce qui a été entendu par un auditoire, et ce qui a été dit avant lui et qui est contenu en puissance dans les paroles prononcées. C’est donc une notion qui permet de réfléchir aux stéréotypes, aux présupposés et aux enjeux des échanges. On parle alors de dialogisme, selon le terme forgé par Mikhaïl Bakhtine. C’est comme un dialogue interne à la langue, qui est en elle-même un échange d’idées, de directions, de relations de pouvoir.
Ici, je raconte une histoire singulière, la mienne, celle d’une enseignante en lettres, humanités et théâtre, et par ricochet mon travail mène à questionner les représentations et la construction des discours. Mon travail est théâtral et les élèves le savent. Tout cela met en jeu les savoirs et les autorités, avec lesquelles il s’agit de savoir jouer pour être libre.
De même que le cours de français est le lieu de l’appropriation des œuvres par les élèves, où on les place en public actif, le théâtre est un espace d’échange et de transmission de discours où la place du public est sans cesse au cœur de questionnements pour penser la vitalité de cet art et sa portée. Comme l’écrit Florence Naugrette, le théâtre, c’est « une représentation de nos représentations », il y a donc beaucoup de notre vie sur les planches.
Pour ne rien rater de tous ces échanges, ces bourdonnements, ces frémissements de la langue, abonnez-vous, partagez et retrouvez ce podcast toutes les deux semaines sur votre plateforme d’écoute et retrouvez-moi sur Instagram @annavidalco.
Générique créé à partir de "Poison" de Ona, et musique dans l’épisode à partir de "Kindness and resonance" de Naoya Sakamata
Titre: Poison Auteur: Ona Source: https://www.youtube.com/channel/UCnnBCffappJ4k2zjnRjLt_w Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr Téléchargement (6MB): https://auboutdufil.com/?id=559
Titre: Kindness and Resonance Auteur: Naoya Sakamata Source: https://soundcloud.com/naoya-sakamata Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr Téléchargement (4MB): https://auboutdufil.com/?id=572
Les citations utilisées dans le générique sont extraites de : L’Art de perdre, d’Alice Zéniter, 2017 ; Nos Cabanes, de Marielle Macé, 2019 ; « Conférence du Herbert Read Memorial » de Salman Rushdie, texte prononcé par Harold Pinter, 1990.