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« De la puissance d’évocation de certains mots, le créole qui a séjourné en France peut facilement se rendre compte. Vient-on à savoir ou à s’apercevoir que vous êtes « exotique », vous suscitez un vif intérêt, des questions saugrenues, les rêves et les regrets de ceux qui n’ont jamais voyagé : « Ah ! Les Iles d’Or ! les pays merveilleux ! aux heureux, aux naïfs, aux insouciants habitants ! En vain, vous efforcerez-vous de détruire maintes légendes l’on ne vous croit guère : si bien que vous vous reprochez d’essayer de détruire des illusions profondément ancrées dans l’esprit français et tombées de la littérature dans le domaine public.
Tel Léon Werth, lorsqu’il écrit dans Danses, Danseurs et Dancings : « C’est alors que j’aperçus la femme noire. Je ne suis pas sûre qu’elle ne fut point parée tout d’abord d’une poésie livresque. Peut-être fut-elle d’abord une négresse littéraire, princesse et sultane. Romans des Iles et Contes des Mille et une nuit. Mais ce n’est point de ma faute, si cette grâce flexible a passé jusque dans la littérature ou plutôt si elle est devenue une sorte de poésie sexuelle, innée en nous ».
Aurions-nous le courage de nous dépouiller du prestige que nous confère la littérature exotique et de détonner, modernes, sur le décor passé, rococo des hamacs, palmiers, forêts vierges, etc.
Quelle déception pour celui qui évoque en notre honneur des princesses exotiques, si vous alliez lui dire que, tout comme une petite bourgeoise française, vous poursuivez à Paris des études commencées là-bas, sous les tropiques, au Lycée ? Non, les droits de l’imagination étant imprescriptibles, vous vous résignez à usurper ce rôle, à venir de ces pays lointains où tout est vibrant et enflammé : l’air, les cœurs, les corps. »
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