
J'avais commencé la lecture de ce roman plusieurs fois, et chaque fois j'avais été convaincu par le style : à la fois son rythme vif, qui courait comme une vague avant la tempête et qu'on suit des yeux sans croire qu'elle soit si longue avant de s'écumer avec la grâce qu'on reconnaît à ceux dont la force ne fait jamais douter de rien ; et la précision des analyses, l'acuité des portraits, la façon tendue dont il amenait les choses. Philip Roth ne lâche rien, et non seulement il ne lâche rien mais en plus cette ténacité est un élan.
Mais allez comprendre : un autre livre, une soirée avec des potes, le coup de téléphone d'une femme ou que sais-je encore : j'ai toujours interrompu ma lecture et n'ai jamais terminé La Tâche.
Je l'ai repris hier. Et toujours, ce goût pour ce style éminemment adulte, mûr, comme un phare.
Un extrait à lire en sirotant un bourbon Woodford Reserve avec un peu de sucre, d'angustura et de citron, pour la forme, et en écoutant Benny Goodman, bien sûr.
Cheers