
Les 3 premiers chapitres de ce merveilleux roman. Mon exemplaire date de 1948, il est dans un sale état, ses pages ne sont même plus jaunes, elles sont brunes. Mais il a une teinte, une épaisseur, en fait une étoffe. Il a traversé le temps et lui, au moins, est encore vivant, il a encore des choses à donner. On ne lit pas un livre de la même façon selon que ses pages sont blanches, pâles ou brunies, selon que sa couverture est poussiéreuse ou immaculée, selon que ses feuillets sont collés ou tiennent encore à un fil (deux, dans mon cas). Le livre a une vie, il a traversé des événements plus vieux que nous. Il nous rencontre après des péripéties inimaginables mais un jour il est là, il s'impose comme un hasard, évident. On le palpe, on le prend comme un animal, on sent bien que quelque chose se passe entre lui et nous. Et des années plus tard, on le lit et on comprend alors pourquoi. On comprend ce qu'était ce quelque chose sans nom qui nous a convaincu.
Dans ce texte je suis surtout sensible à la façon dont St Ex. évoque la lumière électrique. C'est un élément très important pour moi, qui y vois non pas uniquement une aide pour mieux voir ce que l'on fait dans l'ombre, mais un signal envoyé aux autres êtres humains : un phare.
Un extrait à écouter en sirotant un Mach 2, très fort et très corpulent, mais qui fait tenir bon dans les tempêtes. Et en écoutant le vent, pour y déceler, au creux du silence, un courageux moteur.
Cheers!