
Bien sûr on connaît surtout le film de Verneuil avec Gabin et Belmondo. Mais sait-on qui ils sont à l'origine ? Blondin est l'un de mes héros préférés, pour sa nonchalance comme art de vivre, la fluidité de son écriture qui se joue des enchevêtrements comme un ruisseau des caprices du sol, entraînant la lecture toujours vers la légèreté d'une bulle de mousseux. Son humour, élégant et jamais méchant. Si l'on ne prend pas de plaisir à écrire, impossible de transmettre le plaisir de lire, et le plaisir de Blondin s'entend comme on s'entend entre copains. Pas besoin de trop en faire pour se comprendre. C'est une majesté dont ne se couronne que l'amitié.
Quelques phrases que je trouve merveilleuses : "Les nuits, modestes, s'ingéniaient à raccourcir pour laisser toute la scène aux journées historiques" ; "Les événements semblaient décidés à ne pas le consulter" ; "La lueur des incendies où s'abîmaient les paillotes se confondait alors avec le reflet des zèbres flamboyants que les phares des voitures, filant vers Paris, faisaient cavaler par intermittence sur les murs de la chambre" (on étudiera un jour, j'espère, le rythme parfait de cette phrase magique, et la façon magistrale avec la laquelle Blondin boucle la géographie de Quentin, entre l'Indochine et la Normandie. Nous sommes face, les amis, à un pur joyau.)
Un texte à siroter avec un petit jaune sur le zinc, pourquoi pas un Henri Bardouin trempé d'un unique glaçon, en écoutant une chanson française, du Piaf, par exemple.
Cheers!