
« Aller au tribunal, c’était aller au feu. »Valentine se présente comme une femme libre, féministe et résistante, marquée depuis toujours par le rejet de l’injustice. Son engagement féministe s’est affirmé il y a cinq ans, à la suite du mouvement MeToo. Déçue par le manque de changement, elle a trouvé dans les collages féministes d’Avignon une voie d’action concrète et a rejoint les Amazones.Lorsqu’elle découvre l’affaire Pélicot, elle est d’abord horrifiée, puis profondément en colère. Ce qui la choque le plus, c’est l’ampleur du système : un mari droguant sa femme, des centaines de violeurs autour, et une soumission chimique organisée à domicile. Elle comprend que ces violences ne sont pas des faits isolés mais le produit d’une culture patriarcale enracinée.Pendant le procès, Valentine s’implique sur tous les fronts : collages, banderoles, soutien à Gisèle Pélicot, accueil des femmes venues témoigner et accompagnement de deux ex-compagnes de violeurs. Elle se souvient du climat oppressant du tribunal, où les violeurs circulaient librement, parfois au contact des militantes, et de la bataille menée pour obtenir ne serait-ce que des toilettes non mixtes.Valentine décrit le procès comme une tempête : un mélange de colère, de solidarité et de courage collectif. Elle souligne la force de la sororité née entre les militantes — une énergie vitale, politique et protectrice qui leur a permis de tenir. Pour elle, c’est cette union des femmes qui a donné au procès sa portée médiatique et symbolique. Sans les Amazones, dit-elle, la levée du huis clos et la visibilité du procès n’auraient jamais eu lieu.Elle reste très critique envers la justice patriarcale et le traitement médiatique, jugé sensationnaliste et incapable d’aborder les causes systémiques — pornographie, culture du viol, complicité institutionnelle. Les peines dérisoires prononcées l’ont révoltée.Mais Valentine retient surtout la puissance collective de leur action : “Si nous avons pu faire cela à si peu, imaginez ce que toutes les femmes du monde peuvent faire ensemble.” Pour elle, la sororité est la clé : la seule force capable de renverser le patriarcat. “Nous ne sommes pas une minorité, nous sommes largement assez nombreuses pour tout faire basculer.”