
« Aucune femme ne doit plus être laissée seule face à la violence masculine. »
Stéphanie a grandi dans un environnement où la place des femmes était souvent reléguée au second plan, mais elle a très tôt ressenti une révolte sourde face aux injustices. Son parcours personnel l’a amenée à s’interroger sur les violences sexistes et à chercher des espaces de parole et d’action.
C’est dans ce contexte qu’elle rejoint les Amazones d’Avignon, attirée par la force collective et la détermination des militantes. Son engagement se renforce au moment du procès Pélicot. Elle y participe intensément, aux côtés des autres femmes, partageant l’émotion, la colère et la fatigue des longues journées d’audience. Elle raconte combien il était éprouvant d’entendre les récits, de voir la stratégie de la défense, et surtout de constater à quel point la parole des victimes pouvait être mise en doute. Pourtant, malgré cette violence institutionnelle, elle a ressenti une énergie puissante dans le groupe.
Ce qui marque Stéphanie, c’est la capacité des Amazones à transformer la colère en action. Les collages, les banderoles, les prises de parole publiques : autant de manières d’occuper l’espace, de refuser le silence, de rendre visibles les violences faites aux femmes. Pour elle, ces gestes, parfois simples, portent un poids immense.Elle insiste aussi sur la sororité vécue au quotidien. Le soutien mutuel, les discussions après les actions, les rires partagés au milieu de la lutte : tout cela lui a permis de tenir et de trouver une forme de force intérieure. Cette expérience lui a montré qu’il est possible de faire face à des institutions hostiles quand on n’est pas seule.
Comme pour d’autres militantes, ce procès a laissé en elle une trace ambivalente : à la fois le traumatisme d’avoir entendu tant de misogynie et de violence, mais aussi la fierté d’avoir participé à une mobilisation historique. Elle sait désormais que son engagement féministe ne pourra que s’approfondir, car il est lié à une conviction intime : aucune femme ne doit plus être laissée seule face à la violence masculine.
Pour Stéphanie, l’avenir passe par la transmission de cette sororité et par la poursuite d’actions radicales. Elle affirme avec clarté que le féminisme n’est pas seulement une idée, mais une pratique collective, une façon de vivre et de résister.