Psychiatre, psychologue clinicien·ne, psychologue du travail, psychosociologue, coach de vie, thérapeute holistique… Qui fait quoi ? Qui soigne ? Qui évalue ? Et surtout : qui est formé pour quoi ?
Dans cet épisode, on débroussaille un paysage de plus en plus flou, où le mot “psy” recouvre parfois des pratiques rigoureuses, parfois… beaucoup moins.
Avec mes invitées :
On parle :
des formations, des cadres, des titres (protégés ou pas)
des glissements de posture et des confusions entretenues
des “patatothérapeutes”, de l’EMDR à la mode, du yoga du rire et de la guitare post-suicide
et des conséquences d’un soin mal orienté, mal encadré, ou mal nommé
Un épisode pour y voir un peu plus clair, défendre les métiers ancrés dans un cadre solide — et ne pas laisser les promesses fumeuses occuper tout l’espace.
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Le saviez-vous ? de temps en temps je me fends d'une petite note de blog. Si vous voulez jeter un œil c'est ici : https://www.lepsydutravail.fr/blog
Si ce n'est déjà fait, pensez à écouter mes petites chansons qui devraient vous faire sourire.
(https://www.youtube.com/watch?v=UStBTfk6lKY&list=PLUi3oEcZZdoqH-c0yOyjfvBrBaExRXhSq)
Et si on arrêtait de fantasmer le futur du travail ?
On entend en effet souvent des tas de choses sur l’avenir.
- L’IA supprimera les tâches ingrates… Ok, mais Que fait-on du risque d’intensifier le travail qualifié ?
- La transition écologique créera des emplois verts… Oui, mais combien ?
- La frontière entre travail et non-travail va s’effacer (oui, j’ai lu ça ! ils appellent ça le « bluring »)… OK… mais À condition de ne pas avoir d’obligations familiales inconciliables.
Le travail c’est un contenu, qui est quand même sacrément dépendant de son contenant, c’est-à-dire de l’emploi.
On ne peut donc pas envisager le travail du futur sans regarder d’un peu plus près le futur de l’emploi.
Et si y’a bien une institution que ça intéresse, cette question, c’est l’Unédic, organisme en charge de de la gestion de l’assurance chômage en France.
Mon invité, Adrien Gaboulaud, data-journaliste à l’Unédic, suit de près les études réalisées en interne, comme celles réalisées par d’autres institutions. Etudes qu’il compile, compare et scrute de près, sur toutes les questions d’emploi. Il a accepté de nous éclairer aujourd’hui sur les 3 grandes transitions qui font l’actualité.
On va essayer de comprendre ce que ça change, pour être mieux armé.es dans nos tentatives de deviner ce qu’il va se passer, dans un futur proche, pour les personnes qui travaillent.
Ressources :
- Emploi et décarbonation : panorama des travaux existants : https://www.unedic.org/publications/emploi-et-decarbonation-panorama-des-travaux-existants
Et si le vrai sujet de l'absentéisme, c’était le travail ?
On en parle avec Thierry Rousseau, sociologue, chargé de projet à l’ANACT, et auteur de Absentéisme et conditions de travail : l’énigme de la présence (ANACT, 2012).
Trouver le livre : https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/2913488670
En 2024, la moitié des moins de 30 ans ont connu au moins un arrêt maladie – un chiffre en hausse constante, qui interroge autant qu’il inquiète. Mais s’agit-il d’un désengagement générationnel ? Ou plutôt d’un signal que l’organisation du travail ne permet plus d’absorber certaines tensions ?
Car ce que révèlent les jeunes aujourd’hui concerne, en réalité, l’ensemble du monde du travail. Santé fragilisée par les TMS, surcharge, sale boulot : les mécanismes à l’œuvre ne se limitent pas à une tranche d’âge. Ils dessinent des lignes de faille plus larges, dans la manière dont le travail est organisé et vécu.
Thierry Rousseau propose un changement de regard et nous invite à penser l’absentéisme :
comme un indicateur organisationnel,
comme une ressource pour les salariés,
et comme une clé pour comprendre ce que produit — ou empêche — l’activité réelle.
De la matière pour dépasser les tableaux de bord, interroger les conditions de travail, et remettre la prévention là où elle a du sens : au plus près du terrain.
-- infos diverses --
* Copinages à écouter si le cœur vous en dit :
- Mon passage dans le podcast "Deux connards dans un bibliobus"
"Deux connards sur le divan"
https://deux-connards-dans-un-bibliobus.lepodcast.fr/tous-les-ans-cest-le-bilan-deux-connards-sur-le-divan
- Mon entretien avec Martin Eden Podcast autour du livre "Les managers de l’âme" de Valérie Brunel
https://podcastaddict.com/episode/https%3A%2F%2Faudio.ausha.co%2Fn5ePaIE7kl4N.mp3%3Ft%3D1748359507&podcastId=5541684
* 2025, année de la santé mentale ?
Les PSE se multiplient, mais leurs impacts psychiques restent trop souvent invisibilisés.
Les psychologues du travail doivent se mobiliser.
- Lire l’appel à mobilisation des psychologues du travail sur le blog :
https://www.lepsydutravail.fr/post/2025-ann%C3%A9e-des-plans-sociaux-une-mobilisation-des-psys-du-travail
- Partager l’appel sur LinkedIn :
https://www.linkedin.com/feed/?linkOrigin=LI_BADGE&shareActive=true&shareUrl=https%3A%2F%2Fwww.lepsydutravail.fr%2Fpost%2F2025-ann%C3%A9e-des-plans-sociaux-une-mobilisation-des-psys-du-travail
Merci pour votre soutien et vos partages
On le sait : il Faut adapter le travail à l'homme. Mais... à la femme aussi ?
Attention ! Ceci n’est pas un épisode sur "la santé des femmes".
C’est un épisode sur la souffrance provoquée par un travail inégalitaire, historiquement pensé pour des hommes standards : sans cycles, sans interruptions, sans charge mentale.
Et c’est un épisode sur ce qu’on peut faire pour commencer à en sortir, notamment au travers de l’évaluation des risques sexuée / genrée.
Deuxième point d’attention : pour rendre audibles certaines réalités structurelles, cet épisode adopte un cadrage "binaire", femmes / hommes. Ce choix assumé vise à nommer clairement des inégalités de genre au travail — sans invisibiliser la diversité des vécus ou des identités.
Mon invitée, Annabel — ergonome et psychologue du travail — démonte les angles morts de la prévention, des politiques RH et de la conception même du travail. Elle nous invite à regarder autrement :
- les troubles musculo-squelettiques sous-déclarés,
- les charges cognitives invisibles,
- les risques liés à la vie hormonale, menstruelle, procréative,
- et les résistances actives ou passives qui freinent encore l’égalité réelle dans les entreprises.
Elle plaide pour une prévention sincère, structurée, documentée — et surtout, lucide sur le fait que les femmes ne sont pas "des hommes comme les autres".
Et si le travail, au lieu de les ignorer ou de les "accompagner", commençait par les écouter ?
Quelques ressources pour aller plus loin avec Annabel :
– Adapter le travail aux cycles des femmes (Silence, nov. 2023)
https://www.revuesilence.net/numeros/526-Alternatives-en-Catalogne/decroissance-adapter-le-travail-aux-cycles-des-femmes
– Danse avec les luttes – Élargir les frontières de l’écologie (recueil, 2024)
https://www.revuesilence.net/livres-affiches/danse-avec-les-luttes-elargir-les-frontieres-de-l-ecologie
– Blog Mediapart :
https://blogs.mediapart.fr/annabel-b
(parmi les articles à lire : Faut le dire si on vous oestrogêne, Le congé de cycle hormonal, est-ce super-flux ?, Les protections périodiques sont des outils de travail...)
– Émission Femmes libres sur Radio Libertaire (mars 2024)
https://radio-libertaire.org/podcast/z_commun/emission_aff.php?id_e=30&id_c=24&bout=alpha
– Intervention à la Fête de l’Huma 2024 avec Solidaires et CGT
https://www.youtube.com/watch?v=PGShzIxlmHM
– Tribune dans Les invitées de Mediapart (sept. 2024)
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/260924/pour-une-veritable-securite-sociale-de-la-menstruation
- Lien Mastodon : https://pouet.chapril.org/@AnnabelB
En conclusion....
Et si on arrêtait d’adapter les femmes au travail — pour commencer à adapter le travail aux femmes ?
Ou, plus précisément : pour qu’il prenne enfin en compte la moitié des personnes qui le font.
Dans cette épisode, on commence par explorer la réalité du travail et du management au sein des bibliothèques, en compagnie de Julien et Quentin, créateurs du podcast « 2 c… dans un bibliobus ».
Leur site est ici : https://deux-connards-dans-un-bibliobus.lepodcast.fr/
À travers leur expérience de terrain, nous abordons quelques spécificités du métier de bibliothécaire, les évolutions des missions, la gestion des publics et les tensions organisationnelles qui traversent ce secteur.
Les enjeux de psychologie du travail sont nombreux dans un contexte marqué par la diversification des attentes, la précarisation de certains publics et la multiplication des injonctions contradictoires adressées aux professionnels. La discussion met en lumière la question de la légitimité à parler de son métier, la difficulté à définir collectivement les contours de la profession, ainsi que des risques psychosociaux (RPS) spécifiques à ce secteur.
Puis, vers la minute 28, on se penche sur la communication non violente (CNV), de plus en plus présente dans les formations managériales, notamment au sein de la fonction publique territoriale. Nous discutons de ses limites et de la manière dont elle est reçue et appliquée dans les équipes (spoil : mal).
Finalement, on interroge la tendance à psychologiser des besoins plus ou moins fondamentaux au détriment des réalités matérielles et organisationnelles ; on questionne la pertinence des outils proposés face à la complexité du travail réel.
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Lien vers le podcast de Méta de Choc sur la CNV : https://metadechoc.fr/podcast/cnv-une-communication-sans-violence/
Générique sur une musique de Leonell Cassio https://soundcloud.com/leonellcassio
Un petit épisode "sur le pouce", sans chichi, histoire de répondre à une question que vous vous posez (je le sais !) : pourquoi toutes ces théories managériales ?
Leadership inspiré, pyramide des besoins, résistance au changement, génération Z, agilité, entreprise libérée, bienveillance.... pourquoi ça marche ?
Je vous propose quelques éléments de réponse, en attendant de trouver un peu de disponibilité pour programmer les entretiens qui sont prévus avec de super invités.
N'hésitez pas à réagir :)
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La conférence de Barbara Stiegler est ici : https://www.youtube.com/watch?v=Z71oV00aqxk&t=2766s
La musique est de Leonell Cassiohttps://soundcloud.com/leonellcassio ... et ^^mlb^^
Vincent de Gaulejac, Professeur émérite à l'université Paris 7, est fondateur du courant de la Sociologie Clinique et, il y a 10 ans, du RISC (Réseau International de Sociologie Clinique : https://www.sociologie-clinique.org/).
J’ai immédiatement pensé à son travail lorsque j’ai pris connaissance de la nouvelle norme AFNOR « Habiletés sociocognitives (soft skills) - classification, terminologie et utilisation » (XP X50-766).
La société ne serait-elle pas en train, en voulant à ce point décrire et prescrire les attitudes et comportements en entreprise, d’aggraver son intoxication gestionnaire ? Peut-on lier cette initiative à l’idéologie des « ressources humaines » ? Autant de questions que j’ai pu poser à notre invité.
A partir de ce prétexte de la normalisation des « softskills », nous explorons ainsi dans cet épisode quelques matériaux du quotidien des psychologues du travail. Vincent de Gaulejac aborde quelques concepts clés de sociologie clinique, d'idéologie managériale et de souffrance au travail, offrant un regard critique sur les pratiques de gestion du personnel. Il analyse les paradoxes du management moderne, l'impact du culte de la performance sur la santé psychologique des salariés, et propose des pistes de réflexion pour repenser l'organisation du travail (je divulgâche : essentiellement la critique, au sens le plus noble et le plus nécessaire du terme).
Pour aller plus loin, je conseille particulièrement dans l’importante bibliographie de notre invité :
(* disponible au prêt numérique avec l’offre pass lecture de la BnF)
N’hésitez pas par ailleurs à jeter un œil à l’offre de formation du RISC : https://sociologie-clinique-formations.com
La possibilité de pouvoir proposer de telles rencontres est le résultat des partages dans vos réseaux et de vos encouragements (cœurs – pouces – étoiles) sur toutes les plateformes 😉
Musique : Leonell Cassiohttps://soundcloud.com/leonellcassio
... et ^^mlb^^
Marie Pezé est psychologue, docteure en psychologie et psychanalyste. Elle est l’initiatrice de la première consultation Souffrance au travail au Centre d'accueil et de soins hospitaliers de Nanterre en 1997.
Nous sommes tous confrontés à la souffrance au travail : la nôtre ou celle des autres. Les termes de souffrance, RPS, harcèlement, stress, etc. se sont généralisés pour parler des difficultés que nous rencontrons dans le monde du travail et leurs conséquences sur notre santé psychique et physique.
Le site https://www.souffrance-et-travail.com/ , maintenu par le réseau, est fait pour y voir plus clair. « Pour rappeler que si le travail peut faire souffrir, c’est d’abord parce qu’il est porteur de nombreuses promesses : montrer ses savoir-faire, gagner sa vie, apprendre à vivre ensemble, à coopérer. Travailler, c’est se travailler et travailler ensemble » (extrait du site). N’hésitez pas à le consulter et à le faire connaître.
Livres de Marie Pezé :
https://www.souffrance-et-travail.com/magazine/livres/livres-marie-peze/
Musique : Leonell Cassiohttps://soundcloud.com/leonellcassio
Michel Forestier est ingénieur agronome, docteur en philosophie, et il a dirigé l’Agence Régionale d’Amélioration des Conditions de Travail (l’ARACT) de Champagne-Ardenne. Il a publié en 2014 « Le travail contre nature : Essai de philosophie anthropologique pour les temps qui viennent », aux éditions du Panthéon. Il tient un blog que je vous conseille de consulter : https://www.penserletravailautrement.fr/
Michel a été l’un des premiers à pointer cette chose toute simple : avec les crises écologiques, le travail n’est plus uniquement le moyen de produire nos conditions d’existence, il est aussi le moyen par lequel on les détruit. Ce qu’il résume par ce titre d'ouvrage qui est à lui seul tout un programme, et qui interpelle le psychologue du travail.
Il revient dans notre entretien sur l’étymologie du mot « travail » (et casse une légende urbaine), sur le travail pour l’anthropologue, sur le « patron » - c’est-à-dire sur ce qui structure notre rapport au travail.
Alors, travail contre nature : fatalisme, réalisme, lucidité ? à vous de juger. On aurait pu, après avoir échangé avec Michel, se quitter en se demandant s’il y avait encore des raisons d’espérer… mais au moment de lui demander une idée saugrenue, histoire de ne pas déroger à la tradition de fin de podcast, et bien elle est venue, cette raison d’espérer. Et là, j’avoue que je ne m’y attendais pas !
Musique : Leonell Cassio https://soundcloud.com/leonellcassio et Gobus (mlb)