Pour les Tchouktches des rives de la mer de Béring, même les ombres sur les murs ont une âme.



Elles ont leur tribu, elles vivent dans leur propre pays. Elles habitent dans leur hutte d’ombre et subsistent comme les hommes, en chassant.



Au XXe siècle, une longue acculturation ainsi que le goût pour l’alcool qu’on a su leur instiller ont fait perdre à la plupart d’entre eux quelques-unes de leurs croyances et cet avantage sur nous – car nos ombres à nous vivent effectivement, mangent et dorment comme nous, et elles apparaissent parfois aux journaux d’actualités, quand un drame en mer ou une opération de police pour les déloger vient d’avoir lieu. Et nous les reléguons à l’état de décor historique, de paysage, sans vouloir imaginer un seul instant la profondeur d’existence qu’une seule de ces ombres peut contenir.



Par certains de nos dispositifs, voir ne nous permet plus d’imaginer, même le fait avéré.





Faut-il encore présenter Ignatus ? Le promoteur de Chansons primeurs, le conférencier-chanteur aux quatre disques solo, et qui a sorti récemment un disque hommage à Jean-Luc Le Ténia à la Souterraine...