Jordan vient me consulter suite à une rupture qui l’a laissé...perplexe. Lorsque son amie le quitte, après des semaines de tergiversations, Jordan ressent un soulagement. Soulagement devant l’arrêt de l’incertitude. Soulagement de ne pas perdre Julie, avec qui ils décident de rester amis. Meilleurs amis. Il va bien. Très bien même. Est plein d’énergie. Démarre moult projets passionnants. Emotionnellement, il est plutôt calme. D’un point de vue cognitif, ses pensées ne s’arrêtent pas. Il analyse les paroles et les attitudes de Julie, percevant certains signes qui vont dans le sens de leurs retrouvailles, d’autres avec lesquels il se convainc que Julie s’est très mal comportée et qu’ils n’ont rien à faire ensemble. Il ressent parfois des problèmes à respirer et des nœuds à l’estomac. Mais rien de bien important. Au bout d’un mois, il tombe malade, une angine : son corps lâche. Une fois guéri, ses pensées sont apaisées ; il a pris du recul. Il repart, équilibré, serein cette fois définitivement. Jordan a vécu une dissociation entre son corps, ses pensées et ses émotions. La rupture l’a atteint profondément (il était convaincu que Julie était la femme de sa vie), lui créant des doutes sur lui-même, touchant sa confiance en lui, en l’avenir, en les autres. S’il ne s’était pas ainsi dissocié, Jordan n’aurait pas pu faire face au malström émotionnel qu’il aurait alors vécu ; il aurait probablement fait une dépression. D’émotionnelle, sa tension s’est transférée sur son corps, capable « d’encaisser » mieux les coups. Jusqu’au moment où la charge est devenue telle que ses défenses immunitaires ont diminué et qu’il attrape le premier virus qui passe. Cette dissociation et ce transfert d’énergie, si je peux ainsi dire, lui ont sauvé la vie. C’est un mécanisme extrême mais efficace… pas pour tous cependant.

Sans faire de généralités, je l’ai fréquemment observée dans mon cabinet chez certaines personnes haut potentiel que j’accompagne, celles dont les émotions sont intenses, l’engagement absolu et les aspirations élevées.

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