
Extraitde Histoires du soir, un livre de Benoît Broyart illustrépar Laurent Richard, en vente dans La Librairie de Benoît :
https://www.lalibrairiedebenoit.fr/shop/histoires-du-soir-201
Valentin fait la grimace. Une promenade, ça ne lui plaît pas. Ilpréfèrerait regarder son dessin animé préféré. Dehors, le cielest gris et la pluie vient juste de s’arrêter. Mais son papainsiste ...
– Valentin, mets tes bottes et ton ciré. Tu verras, la forêt estmagnifique en automne.
… et sa maman insiste aussi…
– On trouvera peut-être des champignons ou des châtaignes. Arrêtede faire cette tête, veux-tu ?
La famille habite depuis trois jours seulement en bordure de laforêt. En quelques enjambées, les voilà arrivés sur un chemin quis’enfonce dans les bois.
Valentin oublie vite la télé. Les feuilles des grands arbres ontcommencé à tomber. Quand il court dedans, ça fait un bruit trèsamusant.
La maman de Valentin lui montre bientôt un arbre du doigt.
– Viens voir, certains de ses fruits sont tombés. Tu sais ce quec’est ?
– Facile. Des marrons. J’adore ça.
– Non, Valentin, ce sont des châtaignes. Regarde, la bogue a despiquants très pointus et il y a plusieurs fruits à l’intérieur.C’est la châtaigne que l’on mange.
– Ah oui.
– Si tu mangeais un marron, tu aurais très mal au ventre.
Cette sortie en forêt est si agréable que personne ne voit le tempspasser. La nuit sera bientôt là. Il est l’heure de rentrer.
Mais au moment de faire demi-tour, petit problème. Les adultessemblent perdus. En tout cas, ils sont plutôt inquiets.
Le papa de Valentin chuchote pour que son fils n’entende pas...
– Je ne suis plus très sûr de moi, en fait. Je prendrais bien àgauche mais je peux me tromper.
…et sa maman lui répond à voix basse.
– Mais c’est toi qui devais t’occuper de l’itinéraire. Dansune demi-heure, il fera nuit. On n’a même pas de lampe-torche. Tusais que j’ai peur du noir, en plus !
Valentin est intrigué.
– Pourquoi vous vous parlez à l’oreille ? C’est unsecret ? Et quand est-ce qu’on rentre ? J’ai faim, moi.
Les adultes ont l’air embarrassé mais Papa rassure Valentin.
– Ne t’inquiète pas. On va prendre par ici et on sera chez nousdans moins d’un quart d’heure.
Valentin entend sa maman soupirer. La nuit arrive. Ils sont au milieude la forêt. Ce n’est pas normal. C’est même inquiétant.
– Tu es sûr que c’est par là, Papa ?
Soudain, un bruit grave et très puissant retentit. La maman deValentin pousse un grand cri. Elle se serre contre son mari qui n’apas l’air plus rassuré qu’elle.
– Mais qu’est-ce que c’est ? Ce cri horrible, là…
Valentin regarde ses parents, étonné. Il a sursauté mais il aaussi reconnu ce bruit impressionnant.
– Ne t’inquiète pas, Maman. C’est juste le brame du cerf.
– Le brame du cerf ?
– Ben oui. C’est la maîtresse qui nous l’a expliqué. Il nefaut pas avoir peur. Il appelle les biches pour leur dire qu’il lesaime !
Les parents de Valentin sont étonnés d’entendre l’explicationsortir de la bouche de leur garçon. Et ce n’est pas fini carValentin vient aussi de retrouver le bon chemin !
– Regarde maman, je reconnais le châtaignier. Tout droitmaintenant. C’est le sentier qu’on a pris en venant.
Les adultes ont enfin de nouveau leur sourire.
Le papa de Valentin est très fier de son garçon…
– Eh bien, mieux vaut emporter son Valentin en forêt qu’unelampe-torche. Ce petit garçon a un très bon sens de l’orientation !
… et sa maman aussi :
– Oui, c’est sûr. Pour te remercier, mon petit chéri adoré, cesera châtaigne grillée dans la cheminée, ce soir. Tu en pensesquoi ?
– Je pense qu’on va bien se régaler tous les trois !