
Extrait de Histoires du soir, un livre de Benoît Broyart illustrépar Laurent Richard, en vente dans La Librairie de Benoît :
https://www.lalibrairiedebenoit.fr/shop/histoires-du-soir-201
Lili n’aime pas la montagne. Et surtout, elle déteste lesrandonnées. Pour les vacances d’été, elle voulait aller à lamer. Mais on ne l’a pas écoutée, bien sûr. Alors ce matin, aumoment de mettre ses chaussures, elle traîne les pieds.
– Dépêche-toi, Lili. C’est le matin que la montagne est la plusjolie. Et arrête de faire cette tête, veux-tu ?!
– Je n’ai pas envie de marcher.
Derrière le chalet, le chemin étroit monte en tournant. Il tourne,tourne, c’est fatigant. Et comme Lili n’a pas envie de grimper,elle traîne les pieds. Son papa ralentit souvent pour l’attendreet lui montrer de jolies fleurs ou des paysages grandioses.
– Tu vois, là haut, on aperçoit même le Mont Blanc.
– Mouais.
Un peu plus loin, le papa de Lili s’arrête et pose son sac.
– Tu seras peut-être plus motivée après une barre de céréales.Je crois que tu as besoin d’énergie, ma chérie.
Pour la première fois de la journée, Lili sourit. Assise dansl’herbe, au soleil, elle se sent bien. Elle avait faim. Pendant queson papa regarde la carte, elle prend les jumelles dans le sac. Oh !Mais ça remue là-bas !
Au pied d’un gros rocher, une famille de marmottes sort en effet deson terrier. Un, deux, trois, quatre, cinq, les petits pointent leursnez. Lili ne dit rien. Elle ne bouge plus. Elle regarde, en souriant.
Dressée sur ses pattes arrière, la maman marmotte surveille lesalentours. Pendant ce temps, les marmottons chahutent. Ils courent,jouent avec des petits cailloux, se chamaillent. Lili voit aussi lamaman grignoter une fleur de pissenlit. Un vrai régal, apparemment.
Finalement, la montagne c’est joli ! Oui, mais Lili n’aimepas la randonnée. Marcher, ça fait mal aux pieds. Et la voilà quirecommence à bouder.
Son papa était parti remplir sa gourde au ruisseau qui serpente, unpeu plus bas. De retour, il s’assoit à côté de Lili.
– Alors, ma chérie, tu as vu quelque chose ?
La montagne, ça résonne, et la voix grave de papa est arrivéejusqu’au terrier. En un instant, les marmottes sont rentrées secacher. Décidément, ce papa est très fort pour tout gâcher.
– C’est malin, tu as fait peur aux marmottes. Et puis… j’aiencore faim.
Le papa de Lili ne sait plus quoi faire. Il aurait aimé continuer larandonnée, mais si c’est pour supporter la soupe à la grimace desa Lili préférée, mieux vaut rentrer.
Le chemin étroit descend en tournant. Il tourne, tourne, mais Liline traîne plus les pieds. Lili a arrêté de bouder. Elle estpressée.
À peine arrivée au chalet, Lili file dans le jardin. Elle cueilletoutes les fleurs de pissenlits du terrain et fait un gros bouquetqu’elle dépose près de la clôture, dans un coin un peu caché.Avec de la chance, ses amies viendront le grignoter. Lili n’aimepas trop marcher mais sait observer. Et tout à l’heure, elle abien vu la marmotte se régaler.
Un plat de pissenlits aussi copieux, aussi joli que celui-là, quandon est une marmotte, ça ne se refuse pas.