
Extrait de Histoires du soir, un livre de Benoît Broyart illustrépar Laurent Richard, en vente dans La Librairie de Benoît :
https://www.lalibrairiedebenoit.fr/shop/histoires-du-soir-201
C’est la fête à Bull-City. Le shérif remettra aujourd’hui leprix du meilleur enfant cavalier.
Toute la famille de Calamity est rassemblée autour de la table. Samère, son père, Johnny et Teddy, mais aussi Mary, Cherry et Lydie.
Les chevaux passionnent leur grande sœur depuis des années. Omerbascule encore au salon. Il fait le bonheur des plus petits depuisque Calamity galope en vrai.
Son père regarde souvent le vieux jouet.
– Tu passais tes journées dessus. Impossible de te faire descendresans que tu piques une colère.
Calamity enfile ses bottes, met son chapeau et se tourne vers lereste de la maisonnée.
– L’heure a sonné, en route !
Dans la rue, la famille marche au complet. Calamity en tête, suiviepar Johnny et Teddy, mais aussi Mary, Cherry et Lydie. Elle tientTabasco, son cheval, par la bride.
Tous les curieux sont sortis. Le passage de Calamity fait grandbruit. Et l’épicier et sa femme ne sont pas du même avis.
– Margaret, la place d’une fille n’est pas sur un cheval.
– Et moi Henry, je dis que si. Retourne à tes haricots au lieu dedire des âneries !
Décorations colorées, foule impatiente. Au centre de Bull-city,tout est prêt pour accueillir les concurrents. Dix enfants sontinscrits. Et Calamity est la seule fille de la liste.
Le shérif s’avance et dit.
– Pour connaître les deux meilleurs cavaliers, qui passerontensuite l’épreuve du chapeau, place à la course de chevaux.
Les candidats sont alignés. Jack est parmi eux. C’est le plushorrible macho de Bull-City. Les filles, il veut les réduire enbouillie. Il fixe Calamity avec son air ahuri.
– Ce n’est pas une femmelette qui va me distancer, tu sais.
Le départ est donné et les chevaux lancés. Tabasco fonce têtebaissée et Calamity arrive la première sans difficulté. Ellefranchit la ligne en criant.
– Yeeep Yeeep Yepiiii !
Jack est éliminé. Démonté, décomposé, il saute à pieds jointssur son chapeau pour se calmer. Mais rien n’y fait. Il finit parpleurer.
– Ouuinnn ! Je ne m’en remettrai jamais. Calamity, jevoulais en faire de la chair à pâté !
Les deux meilleurs cavaliers vont s’affronter. Mais ramasser unchapeau quand on file au galop, ce n’est pas facile. Calamitycommence à douter. Elle doute plus encore quand elle voit le visagede son adversaire. John, son meilleur ami, est arrivé deuxième. Etsavoir que ce sera elle ou lui pose problème à Calamity.
Sur la ligne de départ, Calamity se tourne vers lui.
– Je n’ai aucune envie de gagner contre toi. Combattre un ami,très peu pour moi, cow-boy !
John lui sourit.
– Si tu gagnes, je ne t’en voudrais pas. Mais ce n’est pas sûr.L’épreuve du chapeau est une de mes spécialités.
Le départ est donné et les chevaux lancés. Tabasco fonce têtebaissée. Calamity passe devant John, John passe devant Calamity…Rien n’est joué. La foule retient son souffle. Les cavaliersapprochent de leur cible et l’écart se réduit.
Le chapeau est à deux mètres des chevaux. Calamity et John sepenchent au même instant pour attraper le trophée.
C’est la fête à Bull-City. La foule pousse de grands cris. Qui agagné ? Mais qui ?
Sur la ligne d’arrivée, les deux jeunes cavaliers rient sanspouvoir s’arrêter. Ils tiennent chacun dans une main la moitié duchapeau déchiré.
Le rire gagne bientôt l’assemblée et les champions sont acclamés.Calamity sourit, sa famille aussi. Son père, sa mère, Johnny etTeddy, mais aussi Mary, Cherry et Lydie.
Quel bonheur de partager cette belle victoire avec son meilleur ami !Moitié-moitié, fifty-fifty.
– Yeeep Yeeep Yepiiii !