
Il a fallu que Rémi Fraisse meure en 2014 pour que Morgan prenne conscience de l'ampleur des violences policières. Il s'interroge : est-ce la mort d'un blanc qui lui a permis de conscientiser la violence policière exercée sur les corps non blancs ?
"J'ai réalisé d'un coup que ce truc qui me semblait grave et inquiétant depuis basiquement 6 mois était en fait grave et inquiétant potentiellement dans la vie de certaines personnes depuis toujours". Les militants antifa sont pourchassés par la police pour ce qu'ils font tandis que les personnes racisées sont maltraitées pour ce qu'elles sont.
La différence, l'injustice, elles sautent aux yeux.
"J'ai mesuré la quantité de violences auxquelles les personnes racisées s'étaient habituées le jour où je me suis retrouvé à regarder le premier film d'Amandine Gay Ouvrir la voix avec une amie racisée. Des femmes dans le film commencent à raconter des trucs qui me semblaient atroces, tellement tristes. Du coup je commence à me mettre à chialer dans le cinéma. Et t'avais mon amie qui est à côté de moi, ça ne la surprenait pas ces choses-là. Elle était en train d'envoyer des SMS qui étaient du type "mon chéri, tu penseras à acheter des bananes ce soir parce que j'aimerais bien manger un banana bread" et donc ça faisait à ce point partie de son quotidien ces histoires de violences policières, de frères tués par la police, que tout ça pouvait se conjuguer avec un banana bread".