
Tout ce qui existe a une mémoire, c’est ce qui explique que tout recommence indéfiniment. Tout commencement est bâti pour ainsi dire sur la mémoire d’une fin, et toute fin survient comme mémoire thésaurisée d’un commencement, en vu du prochain, et ainsi de suite… sans cela rien arriverait, parce que rien ne nait de rien. Lorsqu’une chose ou personne arrive au terme d’un cycle donné, toute son expérience de ce cycle est thésaurisée pour supporter le prochain. La terre a une mémoire, l’eau a une mémoire, l’air a une mémoire, le feu a une mémoire, et tout ce qui dérive de ces quatre éléments de la sagesse a une mémoire. Lorsque les hébreux sont arrivés sur les territoires cananéens, et qu’ils eurent commencé à leur conquérir, Dieu leur fit dire par la bouche de Moïse : « Vous ne ferez pas ce qui se fait en terre d'Égypte où vous avez habité, ni ce qui se fait en terre de Kena'ân, où je vous conduis. Vous ne marcherez pas selon leurs statuts. Ne vous rendez pas impurs par aucune de ces choses, car les nations que je vais chasser de devant vous se sont rendues impures par toutes ces choses. La terre a été rendue impure et je punirai sur elle son iniquité, et la terre vomira ses habitants. Mais vous, vous garderez mes ordonnances et mes statuts, et vous ne ferez aucune de toutes ces abominations, tant l'autochtone, que l'étranger qui séjourne parmi vous. Car les hommes de la terre, qui y ont été avant vous, ont fait toutes ces abominations et la terre en a été rendue impure. Prenez garde que la terre ne vous vomisse, si vous la rendez impure, comme elle a vomi la nation qui était là avant vous » (Lev 18 : 3,28). Parce que la terre a une mémoire, et peut donc leur rappeler la fin de ceux qu’ils ont chassé de sorte qu’ils finissent comme eux.
Lorsque Jéricho a été conquis par les hébreux, à la suite de la chute de la muraille, et que le juge Josué maudit la reconstruction de la ville en disant « Maudit soit devant YHWH l’homme qui se lèvera et rebâtira cette ville de Yeriycho ! Il la fondera sur son premier-né et il en posera les portes sur son cadet » (Josué 6 :26) la terre a vu, entendu, thésaurisée ce cycle, si bien que lorsque des siècles plus tard Hiel de Beth-El vint batir bâtir Jéricho, il le fit au prix de son fils ainé et de son fils cadet, parce que la terre a une mémoire.