Le vol de la mémoire

La colonisation a pour but l’appropriation du bien d’autrui, tandis que l’esclavage dont elle se sert pour asseoir sa domination, consiste à l’appropriation de l’autre. En sorte qu’il existe deux dimensions à la colonisation, une impliquant l’occupation d’un peuple en vu de voler l’économie de son territoire, et l’autre impliquant la chosification du peuple occupé. Ce dernier consiste en un asservissement visant l’altération des plans mentales de l’être. En effet, chosifier un être humain exige de travailler sa subjectivité, conditionner son esprit pour qu’il ne se voit et ne se considère que comme objet, et non un être humain. On brise alors sa force mentale, lui vole la mémoire de soi, et par ce fait sa véritable identité, pour la remplacer par une mémoire et une identité disparate. Le peuple occupé est alors doublement esclave, parce que physiquement enchaîner et mentalement entraver. Il est dès lors asservi à vie. Il pourra peut-être se défaire de ses liens physiques par un soulèvement contre le dominateur, mais de ses liens mentales, seul le recouvrement de sa mémoire et de son identité le libérera.

Les hébreux, par exemple, avaient bau se défaire des liens physiques pour sortir de l’Égypte, ils ne restaient pas moins esclave des égyptiens dans leur esprit, parce que les entraves mentales construit durant les 400 ans d’asservissement, les rendaient mentalement et spirituellement esclave et soumis à l’Égypte ( Exode 14 :11,12 ). Selon qu’il est écrit « Et pharaon approchait. Les fils d’Israël levèrent leurs yeux, et voici, les Égyptiens marchaient après eux. Et les fils d’Israël eurent une grande frayeur et crièrent à YHWH. Ils dirent à Moshé : Est-ce parce qu’il n’y a pas de sépulcre en Égypte que tu nous as pris pour mourir dans le désert ? Que nous as-tu fait en nous faisant sortir de l’Égypte ? N’est-ce pas la parole que nous te déclarions en Égypte, en disant : Retire-toi de nous afin que nous servions les Égyptiens ? Oui, nous aimons mieux les servir que de mourir dans le désert ». C’est pourquoi il leur a fallu, en plus de la libération physique acquise au bout de 4 siècle, 40 autres années de souffrance dans le désert pour se défaire des entraves mentales laissé par les siècles d’esclavage ( Exode 16 :1,3 Deut 8 :2,3). Selon qu’il est écrit « Toute l’assemblée des fils d’Israël étant partie d’Élim, vint dans le désert de Sin, qui est entre Élim et Sinaï, le quinzième jour du second mois après qu’ils furent sortis de la terre d’Égypte. Toute l’assemblée des fils d’Israël murmura dans ce désert contre Moshé et Aaron. Les fils d’Israël leur dirent : Pourquoi ne nous a-t-il pas été permis de mourir par la main de YHWH en terre d’Égypte, assis près des pots de viande et mangeant du pain à satiété ? Oui, vous nous avez fait sortir vers ce désert pour faire mourir de faim toute cette assemblée ». Or on constate qu’après leur sortie de l’Égypte, Moïse fait un travail de mémoire, il retrace l’origine du peuple hébreux, le faisant remonté jusqu’à l’Éden antique, et désigne le peuple hébreux comme descendant de la lignée pure et béni d’Adam, passant par Seth, Enoch, Metuselah, Noé, Sem, Abraham, Isaac, et Israël (Gen 4 :25,26/Gen 5/Gen 11 :10,32 / Gen 17 :16 /Gen 21 :12/ Gen 27 :18,38). En outre, Moïse met à leur disposition des lois écrites comme venant de Dieu, lesquelles, lois, traitaient de tous les systèmes du monde dans son évolution et sa directionnalité, et insiste par ailleurs que, et l’histoire et les lois devront être l’objet d’études et d’enseignements à la fois quotidiens et générationnels. (Deut 5 :1 Josué 1 :8). Et qu’à défaut d’obéir à cet impératif les hébreux seraient à nouveau esclave, passant d’un maitre à un autre (Deut 8 :11-19,20).