Écrire un roman à la première personne est l’un des choix que vous avez à faire avant de commencer à écrire. C’est l’une des
étapes essentielles à ne pas sous-estimer dans la préparation de votre roman. C’est le choix du narrateur, celui qui va prendre le lecteur par la main et l’emmener tout au long de votre récit.
Grammaticalement, vous avez le choix entre la troisième personne (la plus commune), la deuxième (très rare) et la première personne. Avec un large panel de possibilités qui lui sont propres, l’écriture d’un roman à la première personne est un exercice difficile, mais qui peut en valoir la chandelle si on la choisit pour les bonnes raisons et en prenant garde aux pièges qu’elle nous tend.
Dans cet article, je vous propose une liste de points, astuces et conseils pour écrire un roman à la première personne tout en m’appuyant sur des références littéraires et des exemples de mon cru.
(Lisez l’article : «
Comment éviter les clichés« )
Pourquoi écrire un roman à la première personne ?
Mais alors, si c’est si difficile d’écrire un roman à la première personne, pourquoi s’embêter avec cela ? Pourquoi ne pas se contenter du point de vue à la troisième personne ?
Parce qu’utiliser la voix du narrateur est un outil puissant pour impliquer le lecteur émotionnellement et le rapprocher de votre personnage, mais cet outil a ses exigences : si votre personnage est ennuyeux, votre histoire sera ennuyeuse. S’il raconte ses exploits, il aura l’air vaniteux, etc.
En écrivant à la première personne, vous donnez un télescope au lecteur et vous le lui pointez directement sur le cerveau de votre personnage. Autant dire que ce qui s’y trouve a intérêt à valoir le coup d’œil.
Un exemple :
« Si vous êtes marié comme moi, vous savez comment sont les femmes : impatientes, exigeantes. Elles sont comme des papillons de nuit. Elles se réchauffent, s’éblouissent aux lumières d’un homme, mais elles s’envolent à la première panne de secteur.
Alors il faut rester au top. Leur montrer que vous êtes toujours là pour prendre les décisions. Les bonnes décisions. Je sais bien que la plupart des femmes vous diront qu’elles veulent un homme tendre et attentionné, mais c’est des conneries. Elles ne veulent pas de tendresse, elles veulent savoir quoi faire, qui écouter et à qui obéir. Ça les rassure. Ça fixe des limites. Tout le monde a besoin de savoir où sont les limites. N’importe quel psychologue vous le dira. Les limites posent un cadre. Elles fixent les règles pour une vie saine et sereine. Et c’était exactement ce que j’avais fait hier soir. Elle avait dépassé les limites et je lui avais rappelé où elles se trouvaient. »
Bien sûr, nous n’aimerons jamais ce personnage, mais en écrivant son histoire à la première personne nous le connaîtrons mieux que personne. Ce passage révèle son mode de pensée, sa vision biaisée de la réalité. En choisissant ce narrateur, je vous montre son point de vue.
Dans le même temps, en le faisant se justifier (« N’importe quel psychologue vous le dira ») et en montrant sa vanité phallocrate (« Elles se réchauffent, s’éblouissent aux lumières d’un homme »), je vous montre également mon désaccord avec ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Il n’y a donc pas de risque pour qu’un lecteur éclairé confonde mon point de vue avec celui de mon personnage.
Si c’est le résultat que vous voulez, alors la première personne est le point de vue qu’il vous faut.
Créer une voix originale
Si vous décidez d’écrire un roman à la première personne, vous faites le choix de dire votre histoire avec la voix d’un autre, celle du personnage qui raconte.
En tant qu’acteur de théâtre (amateur),