Écrire un roman à la troisième personne est l’option qui s’impose par défaut quand vient
le choix du point de vue. Pour autant, ce n’est pas un choix qui se fait à l’aveugle.
Certes, il est plus courant, plus connu et donc plus « facile » que celui d’une
narration à la première personne. Mais il a également ses contraintes, ses limites et ses subtilités. Vais-je vous conseiller d’écrire un roman à la troisième personne sans les connaître ? De vous lancer comme ça ? À l’aveugle, en vous disant « Mais oui ! Ça va le faire ! »
Ce serait mal me connaître 😉
Dans cet article, je vous propose :
– une description complète des deux types de points de vue à la troisième personne,
– les avantages et inconvénients de chacun d’eux,
– les situations dans lesquelles vous devez choisir tel ou tel point de vue,
– la subtilité qui donne du rythme et de la profondeur à vos personnages quand vous écrivez à la troisième personne.
Le tout illustré par des extraits faits maison.
Partant ? Si vous me répondez non avec un programme pareil, je vous conseille de laisser tomber l’écriture et de vous mettre au macramé.
Point de vue omniscient ou limité ?
Le choix d’écrire un roman à la troisième personne du singulier n’est que le premier d’une série de trois options que vous devrez prendre avant et pendant l’écriture de votre livre.
La deuxième de ces options à prendre avant le début de la phase d’écriture est celle du point de vue omniscient ou limité.
Pourquoi avant ? Parce que ce choix est final et ne devra pas être changé une fois fait. Que vous choisissiez l’un ou l’autre, vous serez uni pour toute la durée de votre travail pour le meilleur et pour le pire. Alors oui, il est toujours possible de divorcer et de revenir en arrière, mais cela signifie également reprendre tout ce que vous avez déjà écrit pour que ce soit cohérent.
Les divorces coûtent cher (on est nombreux à pouvoir en témoigner), alors réfléchissez bien avant de dire « oui ».
Le point de vue omniscient
L’auteur est omnipotent quelque soit sont point de vue, mais il n’est omniscient qu’avec la troisième personne.
Omniscient est à prendre au sens littéral : vous savez tout, sur tout et tout le monde. Cela signifie que votre connaissance de votre histoire ne connaît pas de frontière géographique, temporelle et émotionnelle.
Vous pouvez vous déplacer dans votre récit comme bon vous semble d’un endroit à un autre, d’une époque à une autre et d’un personnage à un autre. Personnages dont vous connaissez par cœur les pensées, rêves, souvenirs et désirs.
Exemple :
« Paul dansait presque devant la porte du bureau de Julie tant il passait rapidement d’un pied sur l’autre. Il voulait simplement l’inviter à dîner, mais il avait l’impression de se présenter à un examen. Il avait tout mûrement réfléchi : le choix du restaurant, les vêtements qu’il allait porter, le programme de la soirée, pour être sûr de correspondre à ce qu’il pensait être son genre d’homme idéal. Si seulement il avait su que Julie mourrait d’envie de se trouver un compagnon qui lui proposerait des soirées pizza à regarder le foot à la télé. Il se serait sûrement détendu un peu. »
Voilà typiquement ce que peut faire un point de vue à la 3eme personne omnisciente. C’est efficace, court et direct, car le narrateur est en mesure d’expliquer le malentendu qui oppose Paul et Julie de but en blanc.
Le point de vue limité
Avec un point de vue limité, le narrateur est contraint à un seul angle. Il ne peut avoir accès qu’à la version de l’histoire de Paul ou celle de Julie à la fois.