Le mot dṛṣṭi signifie littéralement la vision, l’attitude, le point de vue, mais aussi la sagesse et l’intelligence. Beaucoup d’entre nous connaissent ce mot de leur pratique posturale où le regard est dirigé sur certaines parties du corps.
Plus largement dṛṣṭi signifie l’intention concentrée, ce vers quoi nous nous orientons. Quelle est la vision que je poursuis et l’attitude que j’adopte ? André nous parle de l’apprentissage de la détermination pour garder le cap dans notre pratique et dans nos vies.
Il est d’une importance primordiale de définir clairement notre intention ou saṃkalpa. C’est une boussole qui doit pouvoir traverser une durée non limitée, un temps non mesurable, sans changer.
Cette motivation profonde est un ressenti plutôt qu’une idée, ce n’est pas lié à quelqu’un ou quelque chose, c’est non conditionné. Ce n’est pas non plus un objectif ou un but… La détermination nourrit notre saṃkalpa et cette résolution va se traduire dans nos paroles, notre pensée et nos actes.
Nous connaissons ce mot dṛṣṭi également des yoga-sūtra. La racine √dṛś - voir, donne le mot draṣṭṛ - ce qui voit, qui observe.
YS. I.3 tadā draṣṭuḥ svarūpe avastānam
Alors « l’être profond » s’établit dans sa réalité. (traduction B. Bouanchaud)
Donc, dès le premier chapitre des yoga-sūtra, la direction est donnée. Le yoga est cette union avec la Conscience. Cela ne peut survenir que dans un état du mental à la fois concentré et détendu. C’est ce qu’André appelle l’attention, en s’inspirant notamment des enseignements de Jiddu Krishnamurti.
Vous pouvez trouver d’autres ressources dans le livre « La flamme de l’attention » de Jiddu Krishnamurti, Edition Seuil, Collection Points - Sagesses, 1987
Je suis Eveline, exploratrice du yoga et de la philosophie et je me réjouis de vous retrouver dans ce podcast où André Riehl nous parle des valeurs essentielles dans la Jabala Darshana Upanishad
Karuṇā qui se traduit communément avec compassion peut être comprise en s’interrogeant sur les différentes intensités de l’affection.
L’amitié qui nous fait oublier que nous sommes seuls, l’amour, voire la passion qui nous habitent dans la relation avec autrui, la dévotion qui se tourne vers une divinité, etc.
En français, le mot com-passion - « avec - passion » - peut s’expliquer par l’étymologie latine qui pointe vers l’état de passion avec tout ou pour le Tout.
Karuṇā est une qualité qui évoque un état d’affection qui ne dépend plus de quelque chose d’extérieur. C’est un lien avec le Vivant, le Tout qui est présent sans condition. D’ailleurs le terme karuṇākara est le nom de Brahman ou de l’Absolu.
Karuṇā fait parti des 4 qualités incommensurables (apramāṇa) qui sont très importantes dans le bouddhisme tibétain. La compassion doit se compléter avec la bienveillance (kśamā), l’équanimité (upekśā) et la joie (ānanda). Avalokiteśvara est la représentation de karuṇā - le Seigneur qui nous observe. Il nous indique l’importance de la qualité d’attention lorsque nous prétendons pratiquer la compassion.
Rappelons que les Yoga Sūtra dans le verset 1.33 mentionnent également cette valeur en relation avec l’état du mental: « L’amitié, la compassion, la joie clarifient et apaisent le mental; ce comportement doit s’exercer indifféremment dans le bonheur et le malheur, vis-à-vis de ce qui nous fait du bien comme vis-à-vis de ce qui nous fait mal. » (traduction de Françoise Mazet).
Je suis Eveline, exploratrice du yoga et de la philosophie et je me réjouis de vous retrouver dans ce podcast où André Riehl nous parle des valeurs essentielles dans la Jabala Darshana Upanishad.
Le mot sanskrit ārjava peut se traduire avec rectitude. La droiture ne concerne pas l’extérieur, mais la règle qu'on se donne à soi-même. Je me tiens droite, alignée avec mon intériorité. Ārjava est comme une boussole qui nous guide pour rester dans l’intégrité et la sincérité.
Cette valeur nous invite à vivre dans l'authenticité en relation avec le Soi, la nature de l’Être. La cohérence entre la pensée, la parole et l’action est guidée par ārjava qui se concrétise dans notre intention.
La Jabala Darshana Upanishad parle d’équité à propos de ce que l’on donne à cette intériorité et à autrui. Que signifie ce respect absolu de ce qui est dû à chacun - y compris à la Conscience - dans nos vies quotidiennes ?
Qu’est-ce qui me permet de sentir cet alignement intérieur et extérieur ? Comment éviter les compromis qui m’éloignent du droit chemin ?
Je suis Eveline, exploratrice du yoga et de la philosophie et je me réjouis de vous retrouver dans ce podcast où André Riehl nous parle des valeurs essentielles dans la Jabala Darshana Upanishad.
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La bienveillance est parfois devenu un mot un peu galvaudé. Cela ne signifie pas de laisser passer et d’être gentil, mais veiller au bien d’autrui, donner à l’autre ce dont il a besoin dans la relation.
KSHAMA signifier aussi pardonner ou l’abstention de nuire. Comment est-il possible de vivre sans jamais devoir s’excuser?
Etre indulgent et tolérant vis-à-vis des autres, signifie être exigeant avec soi. C’est un grand effort de mettre en œuvre la bienveillance dans les actes, la parole et les pensées.
Nous sommes invités par KSHAMA à entraîner notre mental à devenir patient et en fin de compte de nous mettre au service de l’humanité.
En ces temps où la préoccupation pour l’environnement devient de plus en plus importante, il est intéressant de réaliser que Kshamapati est le nom donné au Seigneur de la Terre.
La terre est celle qui accueille tout, elle a une grande capacité à tolérer nos offenses, elle nous supporte et pourtant nous soutient…
A notre tour de veiller au bien de la planète et de tous les êtres vivants.
Je suis Eveline, exploratrice du yoga et de philosophie et je me réjouis de vous retrouver dans ce podcast où André Riehl nous parle des valeurs essentielles dans la Jabala Darshana Upanishad
Le mot brahmacarya - ब्रह्मचर्य (« c » est prononcé tch) est constitué de deux composants :
Ce terme brahmacarya pointe vers une vie dédiée aux principes les plus profonds de réalisation du Soi; on peut donc le traduire par « marcher vers l’Absolu ».
Dans les yoga classiques, notamment chez Patañjali, ce terme signifie la continence sexuelle, inspirée par l’âge de la vie où l’étudiant de la religion, non-marié, fait vœux de chasteté.
Encore aujourd’hui, en Inde, on désigne l’enseignant de yoga comme yogācārya - celui qui est en marche vers l’état de yoga.
La démarche spirituelle nous invite à ne pas marchander avec l’Absolu, de ne pas « tourner en rond » et ne pas tenter de se l’approprier. Ne plus marcher dans le combines, signifie de se concentrer sur l’essentiel.
Le véritable maître spirituel ou gūru est celui qui a du poids - il sait de quoi il parle. Celui qui est autorisé parce qu’il est fidèle disciple du sacré. Il ne cherchera jamais à nous conditionner, mais pointera toujours vers la direction de l’état unifié.
Et nous, pratiquantes/pratiquants ou enseignantes/enseignants de yoga, allons-nous vers la non-dualité? Sommes-nous disciples du sacré, fidèles au Soi ?
Je suis Eveline, exploratrice du yoga et de la philosophie et je me réjouis de vous retrouver dans ce podcast avec André Riehl.
Bienvenue dans ce 3e épisode des principes éthiques des yama et niyama, tel que présentés dans la Jabala Darshana Upanishad.
Cette fois-ci, André Riehl va nous éclairer sur asteya qui signifie littéralement non-appropriation ou non-vol.
Ce principe nous invite à examiner le rôle et utilisation de l’ego.
Les courants philosophiques du yoga donnent parfois des indications diverses quant à sa conception.
Le Samkhya parle du ahamkāra (अहंकार) qui signifie littéralement, celui qui fait le « je » ou celui qui fait le « moi ».
Il est construit par le mental et les fonctions des sens et d’action.
Dans le tantrisme du Shivaïsme du Cachemire, l’ego n’est pas un ennemi, mais peut devenir un outil dans la démarche spirituelle.
Asteya n’est pas uniquement le fait de ne pas s’approprier ce qui appartient à autrui.
La proposition du nidrā est d’apprendre à lâcher-prise, à chaque fois que nous prenons conscience de ce mécanisme d’appropriation.
Nous sommes surtout invités à ne plus entretenir l’identité d’un propriétaire. L’ego est considéré comme un ensemble de crispations superflues qui font obstacle au Soi, à la Conscience.
Je suis Eveline, exploratrice du yoga et de la philosophie et je me réjouis de vous retrouver dans ce podcast.
Ce deuxième épisode de la Jabala Darhsana Upanishad décrypte les obstacles que nous rencontrons pour intégrer l’enseignement aux trois niveaux: dans le corps, la parole et l’action.
Les résistances qui sont comme des nœuds - granthi - et nous empêchent de retrouver en nous cette trace d’apaisement - ahimsa.
La pratique du yoga nous invite de créer une ouverture vers la Conscience. Les silences du corps et de l’esprit permettent d’enquêter sur notre Être profond - ātman. Ils sont la trace de cet état impersonnel universel nommé Brahman dans les textes.
Pour beaucoup d’entre nous, il est difficile d’établir une harmonie sans conflits entre les domaines du corps, de la parole et de l’action. Reconnaître que ces conflits existent et accepter cette réalité, c’est d’être dans le vrai.
La vérité - satya est le deuxième principe présenté dans cette upanishad. Il parle fondamentalement de véracité, intégrité et sincérité.
Dattatreya nous dit que « la ferme détermination d’aller vers cette vérité est la meilleure des sincérités ».
Se pose donc la question de la motivation pour notre démarche de yoga. Quelle est ma motivation profonde dans la vie tout court, la motivation qui ne dépend de rien ni de personne ?
Comme dans les Yoga Sūtra, le premier principe éthique présenté dans la Jabala Darshana Upanishad est celui de ahimsa qui signifie littéralement non-violence.
Nous sommes invités à ne pas heurter ni blesser autrui en acte, pensées ou parole. Ahimsa est une qualité de l’unité dont nous portons tous une trace en nous.
Je suis Eveline, exploratrice du yoga et de la philosophie et me réjouis de vous retrouver dans ce podcast.
Ici, nous ne parlerons pas de cobra et autres salutations du soleil, mais du Nidrā, le yoga du sommeil et des rêves conscients et de la philosophie du Shivaïsme du Cachemire.
Je vous présente l’enseignement traditionnel d’André Riehl qui chemine depuis plus de 50 ans sur les voies du yoga.
Initié très jeune, Yogi Bashkar Nath partage la vie de maîtres et des ascètes dans l’Himalaya où il étudie et pratique les textes fondateurs.
André y explore les états profonds de la méditation. L’être individuel s’unit à l’Être cosmique, l’Absolu; comme lors que nous sommes absorbés dans la contemplation du ciel étoilé infini.
De retour en Europe, formateur infatigable, il incarne une sagesse vivante, enracinée dans l’expérience et dédié à la transmission orale.
Imaginez Shiva qui arbore dans sa chevelure la lune du nectar d’immortalité.
Découvrez les secrets des textes et des pratiques traditionnels.
Crédit texte: Eveline Waas Bidaux
Crédit arrangement musique et son: Fred Chapeau
Crédit visuel: Canva, Wkimedia Commons